Par Meg-Anne Lachance
Selon un récent sondage de la firme Léger, 20 % des jeunes de 18 à 34 ans du Québec estiment que « le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société ». Le chiffre ne s’élevait qu’à 6 % pour les individus âgés de 55 ans et plus.
Le sondage mandaté par le Centre québécois d’éducation aux médias et à l’information et répondu par 1 009 personnes avait pour but de mesurer « à quel point, notamment par le biais des réseaux sociaux, les individus sont plus ou moins perméables à toutes sortes de théories non vérifiées ». Différents thèmes y étaient abordés, tels que les changements climatiques, la confiance des médias, le féminisme ou encore les extraterrestres.
Pour l’affirmation « le féminisme est une stratégie pour permettre aux femmes de contrôler la société », 12 % des répondants, peu importe leur âge ou genre, ont répondu que l’affirmation était vraie. 16 % des personnes s’identifiant comme homme et 6 % s’identifiant comme femme étaient du même avis. Pour ce qui est des jeunes, le chiffre s’élevait à 20 %.
Francine Descarries, professeure émérite de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), affirme qu’il peut être inquiétant de voir que le féminisme a moins bonne réputation chez les jeunes. « C’est sur eux que l’on compte pour finaliser les changements vers l’égalité et, là, on observe qu’il y a une réticence », explique-t-elle.
Cependant, la professeure de sociologie de l’Université du Québec en Outaouais, Mélissa Blais, est d’un autre avis. « Quand on est jeune, on a une impression d’égalité […] Celle-ci prend plus le bord lorsque vient le temps d’être confronté à du sexisme », indique la professeure Blais. Selon elle, il est donc normal que certaines personnes s’affilient au mouvement féministe plus tard dans leur vie, particulièrement lorsqu’il y a eu présence de discrimination au travail.
L’antiféminisme en ligne
Pour Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’UQAM, ces résultats ne sont pas surprenants et suivraient une tendance mondiale. « On sait qu’une plus grande proportion de femmes se dit féministe aujourd’hui avec le web et les réseaux sociaux », souligne-t-il. « C’est la même chose pour les jeunes hommes, qui ont beaucoup plus de facilité à suivre des influenceurs antiféministes, comme Andrew Tate, qui est devenu l’idole de beaucoup d’entre eux. »
Selon un sondage de YouGov mené en mai dernier, un adolescent sur quatre aurait une opinion positive d’Andrew Tate, influenceur « autoproclamé de la misogynie et de la masculinité toxique ».
« On sait que les jeunes hommes sont en contact avec de l’antiféminisme en ligne, beaucoup plus que ceux plus âgés », continue le professeur Dupuis-Déri. À son avis, le facteur influant ne serait donc pas nécessairement l’âge, mais plutôt l’exposition aux opinions antiféminismes des réseaux sociaux.
Toutefois, Melissa Blais et Francine Descarries sont du même avis : il y a plus d’ouverture au Québec par rapport au féminisme aujourd’hui qu’avant. « Vous m’auriez présenté ce sondage-là il y a une vingtaine d’années, on parlerait de chiffres tout à fait différents », indique Mme Descarries.
Source: Wikimedia Commons
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