Jarryd Hayne est l’un des plus grands rugbymen au monde. Récipiendaire du titre du meilleur joueur australien en 2009 et en 2014, l’athlète de 27 ans s’est lancé le pari risqué de se tailler une place dans la National Football League (NFL). Le défi sera relevé : la NFL est un écosystème où il faut résister pour survivre.
Par Jean-Philippe Ouellette
L’entente entre Hayne et les 49ers de San Francisco a été annoncée début mars. Quelques jours plus tard, Kevin Reed, qui a fait le transfert inverse, a averti l’Australien qu’il s’engageait dans l’un des plus rudes environnements sportifs.
Reed sait de quoi il parle : l’ancien des 49ers avait été retranché lors d’un camp d’entrainement et avait été forcé de quitter le stade en vitesse, sans même saluer ses coéquipiers.
Contrairement à la plupart des autres sports majeurs, les contrats dans la NFL ne sont pas garantis. Les équipes peuvent donc relâcher un joueur au moment où ils le souhaitent sans risque d’être accusées de rupture de contrat.
À cause de cette absence de garantie, les joueurs de soutien subissent une injustice lorsqu’ils se blessent. Rares sont ceux qui sont rappelés après une blessure.
Toutefois, les joueurs peuvent se faire offrir des bonus à la signature qui font office de salaire garanti. Hayne recevra 100 000 dollars américains, qu’il réussisse ou non à percer l’alignement des 49ers.
Autre témoignage de l’absence de sécurité d’emploi dans la NFL, plus de 140 joueurs ont été recrutés, relâchés ou échangés lors des trois premiers jours des joueurs autonomes au début mars. C’est plus ou moins le dixième des footballeurs qui ont changé de domicile lors de cette courte période.
N’allez pas croire que les salaires compensent les risques et l’instabilité présents dans la NFL. La moyenne de 1,9 million de dollars américains par saison est la plus basse des quatre principaux sports professionnels. La médiane est, quant à elle, plus d’un million en deçà de la moyenne, à 770 000 dollars américains. Dans la Ligue nationale de hockey (LNH), elle est de 1,4 million. Les disparités salariales s’expliquent en partie par la taille plus imposante des alignements : un alignement de football compte 53 joueurs contre 21 dans la LNH.
Une retraite difficile
Si les salaires semblent importants, il faut prendre en compte que la moitié des footballeurs sont retraités à 24 ans et jouent environ trois saisons, comparativement à cinq dans la LNH. La somme totale amassée au cours d’une carrière par un joueur type est donc assez dérisoire si on pense aux risques du football.
Selon Sports Illustrated, 80 % des joueurs de la NFL se retrouvent en situation financière précaire dans les trois ans suivant la fin de leur carrière. Plusieurs raisons causent ce problème : mauvaise connaissance des finances, divorce, carrière écourtée par des blessures, commotions cérébrales graves, manque de préparation à une deuxième carrière, etc.
Une adaptation difficile en perspective
Jarryd Hayne a le potentiel de réussir son entrée sur les parterres de la NFL. À six pieds, deux pouces et 226 livres, il franchit 40 verges en 4,53 secondes lors de la journée d’évaluation de la NFL. S’il s’adapte rapidement, il a les aptitudes pour devenir un porteur de ballon ou un bon retourneur de bottés.
Il ne reste qu’à voir s’il a l’endurance et la détermination nécessaires pour encaisser les contacts de ceux qui se serviront de lui pour prouver leur utilité et garder leur poste un peu plus longtemps.