Prenant racine chez les esclaves afro-brésiliens, l’héritage de la capoeira en est un de clandestinité et d’affranchissement. Pleins feux sur un art martial qui se distingue par sa philosophie ludique et expressive.
Par Jean-Philippe Ouellette
Joyau de la culture brésilienne, la capoeira est un art martial datant de l’arrivée des esclaves africains au XVIe siècle. Ceux-ci utilisaient le prétexte de la danse festive pour masquer l’aspect plus belliqueux de leurs rassemblements. La capoeira a ainsi été longtemps mal vue par les autorités, au point où les capoeiristes pris en flagrant délit étaient emprisonnés.
Un univers en expansion
Avec le temps, la capoeira a fini par gagner ses lettres de noblesse. C’est ainsi qu’à partir du XXe siècle, l’art martial s’est incrusté dans les villes et a attiré un nouveau public plus bourgeois. C’est à ce moment qu’a germé la possibilité de la consacrer en tant que manifestation culturelle importante et fédératrice. Les années 70 ont sonné l’exportation de la discipline hors du Brésil.
Conformément à la genèse éclatée de l’art martial, les regroupements pratiquant la capoeira à travers le monde ont chacun leur personnalité propre. Les aspects musicaux, communautaires, martiaux et ludiques sont tous représentés dans les académies et les écoles de capoeira, mais chacun les ajuste afin de correspondre à ses besoins. La capoeira devient d’ailleurs souvent pour ces groupes un pôle communautaire s’inscrivant dans une communauté plus large.
Un art chorégraphique
Observer des mestres (maitres) capoeiristes est fascinant. Les coups de pieds rapides, les acrobaties au sol et la fluidité des déplacements s’additionnent pour former une danse aussi belle que menaçante. Vous avez d’ailleurs probablement tous déjà vu sans le savoir un capoeiriste dans un film d’action, où ils servent d’adversaires spectaculaires.
Bruyante, la roda est en quelque sorte le paroxysme de la capoeira. La roda, c’est les capoeiristes qui créent un cercle dans lequel les participants vont jouer à tour de rôle. Les joueurs communiquent alors non verbalement lors d’un combat chorégraphié improvisé. Les autres capoeiristes insufflent de l’énergie aux athlètes par l’entremise de chants et de rythmes brésiliens.
La capoeira à Sherbrooke
Afin de voir concrètement comment se déroule un cours typique, j’ai participé à l’un de ceux dispensés au Centre sportif de l’Université de Sherbrooke. La première chose qui m’a frappé est le plaisir contagieux des capoeiristes. Provenant d’horizons variés, les participants, enthousiastes, formaient un groupe soudé où chacun s’exprimait à travers son jeu.
En pratique, un cours de capoeira est à mi-chemin entre un cours de danse et un cours d’art martial. La fluidité des mouvements est aussi importante que le fait d’avoir un bon cardiovasculaire, puisque le capoeiriste est presque toujours en déplacement. L’exercice est excellent pour se mettre en forme : ma sédentarité des derniers mois s’est concrétisée par la révolte de toutes les fibres de mon corps le lendemain matin!
Rassembleuse, la capoeira est une activité sportive accessible dotée d’une culture étoffée et passionnante. Pour tous ceux qui souhaitent en apprendre plus, je vous invite à visiter le site de Sherbrooke Capoeira sur lequel sont répertoriées les activités proposées sur le territoire sherbrookois.