Par Lucas Bellemare
Depuis l’élection de Donald Trump aux hautes sphères du pouvoir, et plus encore depuis la nomination de Steve Bannon comme conseiller, la frange de la alt right (droite alternative) est soulevée dans les médias. Souvent étiquetée d’extrême-droite, cette affiliation politique est considérée comme une force en devenir sous le président Trump. Sans faire un mémoire, regardons en bref ce que promeut cette droite alternative.
Il faut savoir que ce groupe ne s’implante pas dans la mouvance conservatrice actuelle aux États-Unis. Avec la logique anti-média et anti-establishment, la droite alternative s’oppose au conservatisme traditionnel, caractérisé par le parti républicain de Ronald Reagan. Selon un article de Jamie Weinstein dans The Guardian, la alt right est favorable au protectionnisme, à l’identité blanche caucasienne et au droit à l’avortement, tout en s’opposant à une politique étrangère forte. Le seul point de convergence avec les conservateurs concernerait la volonté de durcir l’immigration. Steve Bannon confirme en partie cela. Breitbart, blogue considéré comme la plateforme de la droite alternative, rapporte un extrait d’entrevue de Bannon au Hollywood reporter; celui-ci affirme qu’il est un nationaliste économique, se positionnant contre la mondialisation.
L’image que nous entretenons est celle d’une droite alternative composée de racistes, de Nazis ou de skinheads. Les tenants de la alt right tentent, dès le début 2016, de démystifier cette image. Dans un article de Breitbart, daté du 29 mars, Allum Bokhari et Milo Yiannopoulos écrivent un long texte pour tenter de définir le mouvement. Ils mentionnent que la alt right regroupe une vaste coalition, composée certes d’isolationnistes ou d’anciens partisans de Ron Paul, mais aussi de néo-réactionnaires, de masculinistes homosexuels, dont Yiannopoulos ou Jack Donovan. Le mouvement sympathise également avec la classe ouvrière blanche.
D’un autre côté, les auteurs tentent d’affirmer que le mouvement n’est pas raciste, mais soulignent qu’une distinction doit être faite entre les individus afin de préserver les diversités culturelles. Ceci explique en partie pourquoi la alt right semble attrayante pour certains suprémacistes. À cela, les auteurs marginalisent leur présence et leur influence.
La figure la plus connue est Richard Spencer, directeur du Think tank National Policy Institute. Il s’est fait connaître récemment pour son discours du 19 novembre, caractérisé par des références au nazisme (heil Trump!) et par des applaudissements suivis de quelques saluts nazis parmi l’auditoire. Le président Trump n’a cependant pas perdu de temps. Le 22 novembre, il affirme se dissocier des suprémacistes. Toutefois, une zone grise persiste, car selon certains reportages, il désavoue complètement le mouvement et selon d’autres, uniquement la frange raciste.
Implantée ou non, influente ou non, la droite alternative n’a pas fini de faire parler d’elle. Tout comme Trump, le mouvement ne se positionne pas comme un courant conventionnel, mais révolutionnaire, selon Weinstein. Bannon affirme qu’il espère imiter le président Andrew Jackson en créant un nouveau système partisan. Sur cette lancée, le principal défi de la alt right est de se définir et de se doter d’une ligne directrice stable. Si elle échoue, d’autres la définiront à sa place et sa hargne contre l’establishment ne finira point de grandir.
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