Par Sébastien Binet
À l’ère du numérique, de la surconsommation et des tamagochis tombés dans l’oubli, certains débats de société prennent énormément plus d’ampleur lorsqu’arrive le temps des fêtes. La grande guignolée, les réfugiés syriens et bien évidemment le type de souper de Noël deviennent sources de discussion. Nous avons donc décidé de demander à deux étudiants de nous dire, selon eux, lequel des repas était le meilleur entre le bon vieux traditionnel ragoût de boulettes ou bien le beaucoup plus récent Noël 2.0. Voici les résultats:
Ma mère cuisine mieux que la tienne
Quoi de mieux que le gros repas de réveillon chaud, réconfortant et surtout engraissant? Engraissant évidemment puisque les vacances des fêtes ne sont jamais les mêmes si on ne prend pas au moins un cinq livres de pur amour pour la nourriture. Que ferions-nous sans le merveilleux ragoût de pattes, la tourtière (et peut-être bien le pâté à la viande, question de ne pas froisser nos amis «les bleuets») qui ont été préparés avec amour et congelés un mois à l’avance en vue des festivités familiales? Du pur réconfort pour l’âme abîmée d’un étudiant se remettant tout juste d’une fin de session. La nourriture traditionnelle est un baume sur le cœur et permet de réchauffer notre intérieur aussi rapidement qu’une bouteille de fort qui réchauffe notre oncle un peu trop sur le party! Le repas des fêtes c’est une occasion de laisser aller ses inhibitions et de savourer la retrouvaille de membres de la famille qu’il est bien rare de pouvoir côtoyer. Du cousin éloigné à la tante gâteau de l’Abitibi, on ne regrette jamais les câlins et les files d’attente de gens qui se resservent pour une quatrième fois. Le repas du réveillon est toutefois à consommer avec prudence.
L’estomac étudiant, négligé durant la fin de session, pourrait subir un choc important en cas de consommation abusive de nourriture de trop bonne qualité après avoir subi un gavage intensif de repas sur le pouce. Fini le Kraft Dinner pour au moins deux semaines et bonjour les repas agréables qu’on pourra laisser nos parents cuisiner. La nourriture traditionnelle, on n’en mange qu’une fois par année et cela fait partie de l’expérience des fêtes. C’est un bagage de saveurs et de souvenirs qui contribue à ajouter à la fébrilité du temps des fêtes qui arrive. Une expérience annuelle qui rend jeunes et moins jeunes fébriles. Pour la grande majorité des étudiants de Sherbrooke, c’est aussi le temps d’aller retrouver nos parents après plusieurs semaines passées éloigné d’eux. Les rigolades au souper, ou les histoires de 4 à 7 qui font douter nos parents que l’université c’est vraiment sérieux, sont les meilleurs moments pour renouer avec les liens familiaux bafoués en fin de session. En gros, rien de mieux qu’un bon repas, ou minimum deux semaines de tousquis quand c’est dans la maison familiale que le réveillon se déroule, pour recentrer notre chakra alimentaire et entretenir une ceinture de douilletitude adipeuse.
Souper de Noël 2.0
Depuis plusieurs années, les soupers traditionnels semblent perdre la cote. Fini les gros repas et les bouchées pour impressionner les invités, bonsoir les repas rapides et bien faits qui nourrissent tout le monde tout en faisant le bonheur de la génération 2.0. Des sushis ultra fancy aux saucisses cocktail en passant par les sandwichs pas de croûtes directement de chez le traiteur, rien n’y échappe et les gens sont bien contents. Pourquoi se casser la bicyclette si on peut tout simplement éviter à maman ou grand-maman de se taper la préparation du réveillon plusieurs semaines à l’avance? Noël n’est donc pas le temps des réunions, des discussions et de tout le rattrapage sur nos relations amoureuses passées qui ont défilé trop vite dans le fil d’actualité de notre grand-mère qui n’a pourtant que 25 amis Facebook?
Pourquoi prendre autant de temps à manger et éviter de parler la bouche pleine si on peut manger un repas efficace jamais trop engraissant, mais jamais trop peu non plus, pour ne pas justifier le retour au gym dans le budget de janvier? Noël en 2015 ce n’est plus seulement manger, c’est aussi renouer avec la présence physique de personnes que l’on voit désormais beaucoup trop souvent à travers le numérique. Une occasion d’oublier nos 500 amis Facebook pour simplement profiter de ceux qui comptent vraiment pour nous, notre famille.
© Cathie Lacasse Pelletier