Le petit guerrier du Phoenix

Par Matthieu Vachon

Dans la réalité d’aujourd’hui, les hockeyeurs au gabarit imposant, capables de marquer des buts et de jouer physique ont la côte. Cependant, certains patineurs explosifs au gabarit plus frêle, un peu comme un certain Kevin Gilbert du Phoenix de Sherbrooke, réussissent aussi à se frayer un chemin parmi les meilleurs de leur discipline.

Depuis qu’il joue au hockey, Kevin Gilbert connaît les défis. Le Sherbrookois d’origine, du haut de ses 5’ 9’’ et pesant 160 lb, a dû travailler fort afin de parvenir à jouer dans la LHJMQ. En effet, malgré un talent avéré, le jeune homme de 17 ans devait toujours travailler plus fort que les autres en raison des préjugés à l’égard de sa petite stature pour faire sa place. Malgré tout, ce désavantage ne l’a pas empêché d’être repêché en sixième ronde du repêchage 2014 de la LHJMQ par le Phoenix de Sherbrooke. Par la suite, il se présente gonflé à bloc au camp d’entraînement de la formation sherbrookoise. Malheureusement pour lui, cela tourne au cauchemar puisqu’il est victime d’une sévère commotion cérébrale lors d’une rencontre préparatoire face aux Tigres de Victoriaville. Cette blessure le tiendra à l’écart du jeu pour la totalité de la saison.

Désireux de revenir plus fort de cette difficile épreuve, le no 10 du Phoenix s’est présenté à son deuxième camp junior complètement rétabli. Livrant la marchandise, il parvient à assez impressionner la direction pour demeurer avec le grand club. Non sans peine, Gilbert a réussi à se tailler un poste au sein du circuit Courteau. « C’est certain que le fait de ne pas avoir joué à 16 ans en raison d’une commotion n’a pas été facile. Cependant, j’ai décidé de ne pas abandonner et de continuer à travailler fort dans mes entraînements. Donc si j’amène tous les efforts que je suis capable de mettre, je pourrai faire un bon bout de chemin dans la ligue. »

Avec une récolte de 14 points en 36 parties, Gilbert prouve qu’il est en mesure de tenir son bout dans le junior majeur québécois. Cependant, pour s’y maintenir, le joueur de centre doit utiliser tous les avantages qu’il a en main dans le but de tirer son épingle du jeu. Et il apparaît évident que son acharnement au travail lui permettra d’ouvrir plusieurs portes. « Dans la vie, il faut avoir un but qu’on désire atteindre. Il faut donc tout faire pour y arriver et ça commence par le travail et la détermination. »

De plus, l’ancien porte-couleurs des Cantonniers de Magog dans le midget AAA n’a pas besoin de chercher bien loin pour trouver son inspiration pour se prouver que le travail et la détermination peuvent rapporter beaucoup. En effet, lorsqu’il ouvre le téléviseur, il peut s’inspirer d’un certain no 11 de la Sainte-Flanelle. « C’est certain que j’aime beaucoup l’éthique de travail de Brendan Gallagher des Canadiens de Montréal. Par contre, j’aime aussi beaucoup Jonathan Toews des Blackhawks de Chicago puisqu’il est capable de bien jouer dans les deux sens de la patinoire. »

Le gabarit, une caractéristique surévaluée? 

Au fil des dernières années, de nombreux petits hockeyeurs sont parvenus à joindre les rangs de la LNH et à y briller. Il suffit de penser à Martin St-Louis (5’ 8’’ et 181 lb), Brendan Gallagher (5’ 9’’ et 183 lb) ou encore Johnny Gaudreau (5’ 9’’ et 157 lb) pour ne nommer qu’eux. Ainsi, lorsqu’on questionne l’attaquant du Phoenix à savoir si le gabarit est un aspect auquel on attache trop d’importance, il répond sans détour : « Pour ma part, je crois que oui. Par exemple, si nous sommes dans la zone offensive et que nous protégeons la rondelle, si nous y allons rapidement, les joueurs adverses ne seront pas capables de nous toucher. Par contre, dès que l’on prend ça plus relax et qu’on se fait enfermer, c’est évident que c’est plus difficile sur le plan physique. Donc, en continuant de travailler, de bien bouger les pieds, nous sommes capables de nous en sortir. »

Par contre, la glace n’est pas le seul endroit où le gabarit peut jouer un rôle. À de nombreuses reprises, certaines personnes avancent que plus un joueur est petit, plus il sera exposé aux blessures. Cependant, l’explosif patineur assure que cela n’a aucune influence sur la fréquence des blessures. Tout cela est plutôt relié aux capacités et à la résistance de chaque personne.

Désireux d’encourager les plus petits patineurs qui veulent se tailler un poste dans leur équipe respective, Gilbert a un message pour eux : « Continuez de travailler fort, soyez rapides et soyez bien préparés. » Ce sont selon lui les trois clés qui lui ont permis de se tailler un poste dans la LHJMQ et ainsi d’inverser l’ordre établi qui favorise les patineurs imposants dans le monde du hockey.


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