Par Sarah Gendreau Simoneau
Deux ans de pandémie et la guerre en Ukraine ne font pas bon ménage pour les prix. L’alimentation n’est pas en reste et, selon l’économiste en chef chez Desjardins, Jimmy Jean, l’inflation ne fait que commencer.
C’est rendu difficile de bien se nourrir à l’épicerie. Tout coûte plus cher. Les légumes, les fruits, les protéines, quel casse-tête ! Le panier a bondi de près de 10 % en avril dernier, par rapport à la même période l’année passée, selon Statistique Canada.
M. Jean annonce que, malheureusement, le pire est encore à venir pour l’alimentation en lien avec la crise en Ukraine. « Quand on voit les indices de prix à l’importation, il y a de fortes augmentations. Ce sont des contrats qui sont souvent négociés d’avance en ce qui concerne les inventaires. » Ça pourrait donc prendre encore un certain temps avant qu’on ressente l’entièreté des effets de la croissance de l’inflation alimentaire.
La situation actuelle, personne n’aurait pu la prévoir. « On n’a jamais été dans une situation où on revient d’une pandémie, il y a encore des problèmes logistiques, des pays aux prises avec des enjeux pandémiques et il y a une guerre. C’est difficile à prévoir, ce genre d’environnement là », affirme Jimmy Jean.
Plusieurs acteurs du milieu agricole sont unanimes : les producteurs vivent une situation catastrophique parce que presque tous leurs coûts de production ont explosé. Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles, explique à Radio-Canada que « les prix des aliments ne cesseront pas d’augmenter d’ici tôt ».
Un puits sans fond
Avec la hausse des prix des fertilisants pour le sol et des carburants vient la hausse du prix des céréales pour nourrir les animaux. Évidemment, tout ça entraînera de nouvelles hausses du coût de la viande et du lait, englobant les produits laitiers. En février dernier, une hausse de 8,4 % de ces derniers avait créé une onde de désolation autant auprès des consommateurs que des producteurs.
Comme si ce n’était pas assez, la grippe aviaire a frappé plusieurs productions de volailles dans les derniers mois. Ça a coûté très cher aux producteurs. C’est encore une source d’inflation.
Si d’éventuelles hausses leur faisaient perdre leur compétitivité face aux producteurs du sud des États-Unis, du Mexique ou d’autres pays chauds qui cultivent à l’année avec des coûts de main-d’œuvre plus faibles et des réglementations environnementales plus laxistes, c’est toute l’industrie qui pourrait être mise en péril, dit Martin Caron. « On parle de politique bioalimentaire au Québec. Au fédéral, on parle d’agriculture aussi, mais il y a encore un autre pas à faire. Nous, on parle d’autonomie et c’est de la pérennité de l’agriculture dont il est question. »
L’achat local reste un bon moyen d’encourager les producteurs d’ici, malgré la hausse de leurs prix. À la place d’aller acheter des tomates du Mexique ou de la laitue des États-Unis, allez visiter les marchés publics cet été et achetez du frais de nos producteurs d’ici. Il n’y a pas meilleur moyen pour bien manger et faire plaisir à l’économie locale.
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