Par Maxime Larcher
Julien Pinsonneault a remporté la troisième place au Championnat du monde de course en raquettes, catégorie 20-29 ans, qui s’est déroulé en Italie cette année, le 5 janvier, à Val di Non (Fondo).
« Julien est un très bon compétiteur », mais aussi « un bon assembleur : c’est lui qui a formé l’équipe de cinq pour aller en Italie », a confié au Collectif Samuel Beauvais, membre de l’équipe représentant le Canada. « On a fini troisième au classement par équipe, c’était une belle expérience, » ajoute-t-il.
Julien Pinsonneault, âgé de 25 ans, est ambassadeur de l’association canadienne de course en raquettes. Il étudie à l’Université de Sherbrooke en physiothérapie. Le collectif l’a interrogé pour découvrir ce sport.
Le Collectif : Quelle est l’origine de ce sport?
Julien Pinsonneault : La raquette était au début un moyen de transport pour les Amérindiens. Le sport a été créé [au milieu du 19e siècle pour] combler le besoin de s’entraîner l’hiver. En gros, il n’y avait pas de centres intérieurs pour faire de l’athlétisme. Les gens ont juste transposé les activités scolaires estivales à la raquette. Il y avait des sprints, des courses à la haie, des courses de demi-fond. Moi je fais de la course de fond.
Quand le ski de fond est arrivé au Canada, il a pris la place de la course en raquette. La raquette gagnerait à être plus connue. Tout le monde connaît la raquette, mais on sait peu qu’il existe des courses.
Je pense que les gens cherchent de plus en plus une expérience avec la nature. Quand on fait de la course à pied, l’hiver on va dans les gyms. Ce n’est parfois pas évident de courir dans les rues enneigées quand il y a de la glace. Au lieu de faire une heure de course à pied, quarante minutes de raquette est physiquement plus intense que de courir une heure et quart.
Quel type de raquettes utilises-tu?
Pour la course, on a adapté de petites raquettes, un peu plus grandes que nos souliers, qui nous permettent de courir. [En championnat du monde] il y a des standards à respecter. Une raquette de course pèse environ deux cents grammes pour les raquettes de haute performance.
Il y a différents types de raquettes de course, celles où ton pied est dans un harnais, il est fixé au complet ; celles avec des pivots, où le pied peut se lever. On les choisit suivant les conditions de neiges que l’on va rencontrer : la neige folle ou la neige damée.
On n’est pas obligé d’être un athlète professionnel pour faire de la raquette. Ceux qui veulent débuter peuvent prendre des raquettes normales, la seule chose qui va changer c’est la vitesse. Avec des raquettes normales, la fréquence cardiaque va augmenter plus vite qu’avec des raquettes plus légères. On peut essayer le sport, autant avec les anciennes raquettes en babiche qu’avec des raquettes plus high-tech.
Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce sport?
Je suis originaire de Saint-Hyacinthe, où il avait un athlète renommé, Gérard Côté. Il a remporté plusieurs fois le marathon de Boston. C’était un des meilleurs raquetteurs d’Amérique. Quand j’ai connu son parcours, j’ai voulu faire ce sport. De fil en aiguille, je suis tombé en amour avec ce sport, car c’est cardio mais aussi très musculaire. Puis à chaque fois qu’on prend les raquettes, ce n’est jamais la même expérience. L’hiver, les paysages changent, la neige n’a pas la même dureté, c’est vraiment le fun.
Y a-t-il un club à l’université ou à Sherbrooke?
Non, il n’y a pas de club pour la course en raquettes. Je m’entraîne avec les amis Vert et Or du Cross country d’athlétisme, car ce n’est pas évident de faire les entraînements tout seul. Quand j’étais à Ottawa, il y avait un club où on s’entraînait, mais à Sherbrooke je cours souvent seul.
Parle-nous de la course
Dans un circuit, normalement il y a deux parties, une avec la neige damée et une avec des sentiers de trappeurs (single track). Les coureurs sont à la queue leu leu, la neige n’a pas encore été tapée. Quand tu arrives sur ces bouts dans la course, si tu es en avant, c’est toi qui ouvre le chemin. Alors il faut essayer de ménager son énergie, de ne pas trop utiliser de cartouches, sinon à la fin on le paye.
Il vaut mieux laisser partir quelqu’un devant et s’économiser…
C’est vraiment une partie d’échecs, si on laisse partir les autres trop rapidement devant alors on n’est plus capable de les rejoindre. Il est difficile de dépasser dans la neige folle et non tapée. C’est une autre paire de manches. Il faut savoir prendre sa place.
Comment gères-tu la pression d’un championnat du monde?
À chaque fois qu’on y va, c’est une nouvelle aventure. On ne sait pas à quoi s’attendre comme parcours, on s’entraîne beaucoup. Chaque pays à ses standards en termes d’athlètes ou de performance. Les Européens sont très bons en montée. Les Nord-Américains sont réputés être rapides sur le plat. J’essaye d’être un hybride entre les deux, pour être capable de m’adapter à tous les parcours. Cela amène un certain stress [de ne pas savoir le type de parcours]. Surtout cette année, c’était tôt dans la saison (début janvier). D’habitude, c’est aux alentours de mars.
Donc tu as eu peu de temps pour t’entraîner?
On a été chanceux au Québec, car la neige est arrivée mi-novembre. Mais elle a disparu fin décembre, on cherchait la neige pour s’entraîner.
La course en raquettes en bref
- Types de courses :
Relais | Course de haies | Sprints | 5 km – 42,2 km | Pointage par équipe
- Règlement :
- Rester dans les sentiers marqués.
- Commencer et terminer le parcours avec des raquettes aux pieds.
- Avoir des raquettes à neige respectant les standards requis (aucun prototype accepté).
- Céder le sentier lors d’une demande de dépassement.
- Pour les Championnats du monde : 1 600 m de dénivelé maximum.
Crédit Photo @ Julien Pinsonneault