Par Mathieu Rousseau
Nous apprenions récemment que le commissaire de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ), Gilles Courteau, avait demandé à la ministre du Travail Dominique Vien de modifier la Loi sur les normes du travail, de manière à éviter de devoir verser un salaire minimum aux joueurs de la ligue. Cette demande vise principalement à protéger et assurer la survie des équipes évoluant dans de plus petits marchés. Cette nouvelle nous plonge dans la réalité de ces athlètes et nous force à nous demander à quoi ressemblent les conditions de vie de ces athlètes. Ils sont plus près que jamais de réaliser leur rêve de jouer au niveau professionnel, mais à quel prix?
En ce qui a trait au salaire, Samuel Guilbault, jeune ailier gauche des Cataractes de Shawinigan, qui en est à sa 3e saison dans la ligue, considère la situation actuelle favorable pour les joueurs. « Actuellement, nous n’avons rien à payer. L’équipe paie pour tout et la ligue nous verse de l’argent pour l’école. Avec un salaire minimum, nous devrions assumer nos dépenses comme notre équipement et notre famille d’accueil, ce qui nous laisserait avec un salaire final inférieur à celui que nous avons présentement », dit-il.
Un quotidien difficile à gérer
Là où les choses se compliquent pour un joueur de la LHJMQ, c’est dans la gestion de son quotidien. En effet, la majorité des joueurs doivent quitter leur famille, et ce, à un très jeune âge. Samuel, qui habite à Shawinigan, se retrouve à environ deux heures de route de sa famille qu’il ne peut voir qu’une fois toutes les trois semaines.
Le sport en soi, comme on pourrait s’y attendre, prend également une grande partie de la vie d’un joueur de la LHJMQ. On parle ici des entraînements, des parties et des voyages à l’étranger. Les joueurs ont deux entraînements par jour, un premier tôt le matin et un deuxième en fin d’après-midi. Cet horaire s’applique tous les jours de la semaine à l’exception des jours de match et lorsque l’équipe est sur la route.
Lorsque l’équipe doit se déplacer, c’est par autobus qu’elle doit le faire, ce qui peut rendre l’exercice assez pénible lorsque l’équipe affronte des équipes provenant de régions éloignées comme les Maritimes, Baie-Comeau et Val-D’Or, pour ne nommer que celles-là.
Et l’école dans tout ça?
N’oublions pas que ces athlètes sont également des étudiants. Alors que plusieurs étudiants ont de la difficulté à gérer leur horaire d’études collégiales ou universitaires, ces athlètes doivent le faire tout en poursuivant leurs activités sportives. Pour Samuel, c’est un véritable défi. Les voyages à l’étranger ainsi que les nombreux entraînements le forcent à manquer beaucoup de cours. Toutefois, les joueurs peuvent profiter de programmes de cours à distance et les professeurs sont mis au courant de leur situation. Cependant, il est important pour ces jeunes hommes d’être en mesure de faire preuve d’autonomie.
Où trouver la motivation?
Alors que seulement 14 joueurs de la LHJMQ ont été repêchés par une équipe de la LNH lors du dernier repêchage, nous sommes en droit de nous demander ce qui peut motiver les joueurs à maintenir ce rythme de vie. Selon Samuel, le fait d’évoluer dans la LHJMQ peut aider à se trouver un emploi dans le monde du sport une fois la carrière de joueur terminée.
Malgré tout, l’amour du sport est la réelle raison qui pousse ces athlètes à continuer. Il ne faut pas oublier que ces joueurs travaillent avec acharnement depuis l’âge de 3-4 ans. Pour l’ailier gauche des Cataractes, « le rêve de jouer dans la LNH » est ce qui le motive réellement.
Crédit photo © François Gervais