Lun. Sep 25th, 2023

Par Laurie Jeanne Beaudoin 

Dans le cadre des grandes conférences de l’UdeS présentées par la Faculté d’éducation, le Centre Culturel a accueilli, le 22 novembre dernier, David Saint-Jacques. Un moment digne d’un paradoxe qui nous a littéralement propulsés en orbite. Reflet du parcours d’un médecin devenu astronaute.   

Décoré d’un baccalauréat en génie physique, d’un doctorat en astrophysique et d’un doctorat en médecine, David est ce qu’on peut qualifier de grand érudit. Son savoir unique l’a hissé vers un objectif qu’il ne pensait jamais atteindre. Depuis enfant, la tête dans les livres, il rêve simplement de comprendre le monde qui l’entoure. En 2009, il est sélectionné par l’agence spatiale canadienne pour prendre part à un camp d’entrainementPrécédemment, Saint-Jacques travaillait à Puvirnituq, au Nunavik, comme médecin de famille.  

« L’importance d’un rêve, c’est de fournir une direction, pas nécessairement une destination. »  David Saint-Jacques 

Sept mois au cœur de nulle part 

David Saint-Jacques s’est envolé vers la Station spatiale internationale le 3 décembre 2018 à 400 km de la terre. Une mission de 7 mois dans la station internationale, qu’il décrit de « miracle de technologie et diplomatie ». Il s’agit de la plus longue mission spatiale pour un astronaute canadien à ce jour (204 jours).   

Saint-Jacques a aussi eu la chance d’expérimenter une sortie extravéhiculaire, une sortie dans l’espace. Il a accompli une série de tâches à l’extérieur de la station pendant six heures et demie avec l’astronaute de la NASA Anne McClain. « C’est déstabilisant de se trouver dans le vide spatial, un endroit extrêmement non propice à la vie, même dans la station, un environnement complètement artificiel entièrement conçu par l’imagination humaine », explique l’astronaute durant sa conférence. Il est revenu sur Terre le 24 juin 2019 dans la capsule Soyouz. À son retour, la gravité a durement frappé, plusieurs mois de réhabilitation ont suivi pour l’astronaute.  

Mars, la prochaine étape? 

Pour David, la station spatiale internationale qui a été bâtie de concert entre nations est la représentation même de la collaboration en orbite, malgré les tensions sur terre. « Ça donne espoir, on est capable de travailler ensemble », ajoute-t-il en parlant de solutions aux changements climatiques. Notamment, prochainement, une station sera envoyée non pas sur la lune, mais en orbite autour de la lune, la base Gateway, sur laquelle le Canada fournira un bras robotique.  

Aussi, la planète Mars est sujette à de grandes recherches présentement. Les scientifiques tentent de comprendre comment nous pourrions habiter un endroit aussi pauvre en ressource et aussi exposé au soleil, ces réponses pourraient aider à résoudre les problèmes ici sur terre. Cependant, il y a encore du chemin à faire. David Saint-Jacques mentionne que : « Ce qu’il nous faut pour aller sur mars, c’est l’autonomie, c’est maitriser complètement la technologie de recyclage des ressources, la gestion et production de l’énergie, etc. », il ajoute avec une pointe d’humour « on ne peut pas juste partir avec des bouteilles d’eau et des barres Clif ».  

L’espace, un environnement idéal pour la recherche   

Dans la station, les astronautes passent une grande partie de leur temps à faire de la recherche scientifique en sciences de la vie. Sans le facteur gravité, le corps humain réagit très différemment. Le système nerveux et circulatoire, les os, les muscles, tout est affecté, « c’est comme un vieillissement accéléré », confie David.  

La recherche médicale se fait donc sur eux-mêmes. Saint-Jacques décrit l’équipage comme « des parfaits animaux de laboratoire », afin de trouver comment un humain pourrait rester dans l’espace et revenir sur terre en pleine santé, sans tous les effets néfastes. Ainsi, ces recherches permettront d’adopter une meilleure approche dans un contexte de télémédecine où la médecine va vers la population et non l’inverse.  

\"\"Voir la vie sous un autre angle 

Inspiré par la tradition de l’Agence spatiale européenne de nommer les missions de ses astronautes, David a choisi comme nom « Perspective », qui renvoie à cette expérience unique de voir la Terre à partir de l’espace. « C’est surtout cette perspective qu’on a en regardant notre planète qui est vraiment puissante, et qui permet de te remettre en question », affirme l’astronaute, qui n’a pas encore réellement absorbé ce moment.   

La présentation de David Saint-Jacques était parsemée d’images et de vidéos qui nous ont emportés dans son voyage. C’est en voyant un tel spectacle en direct que David a réalisé qu’il n’était plus envisageable de se permettre de détruire notre Terre comme ça.  

Apprendre et enseigner  

La conférence a été suivie par une période de questions animée par Dominic Tardif, journaliste pour Le Devoir et créateur du balado « Deviens-tu ce que tu as voulu? » La discussion s’est dirigée vers l’importance de l’éducation. Saint-Jacques a alors évoqué le concept d’une bibliothèque qui représente pour lui le savoir collectif, en ajoutant que : « l’éducation, c’est comme un raccourci vers tout ça ». David aimerait continuer de partager ses expériences à travers des conférences et des ateliers pour les plus jeunes, car les futures générations sont à ses yeux le fruit de l’innovation. En effet, selon l’astrophysicien, il lui est impossible de garder tout ce qu’il a vécu à lui seul. « Faut que je fasse quelque chose avec ce trésor que je porte maintenant, pour lui donner un sens ».  

Reconnaissance honorifique 

L’Université de Sherbrooke a remis un doctorat honorifique à l’astronaute de l’Agence spatiale canadienne David Saint-Jacques à la suite de la conférence. Cet honneur lui a été décerné pour souligner son apport exceptionnel au développement de la société. Voilà l’objectif des grandes conférences de l’UdeS : inviter des figures qui font réfléchir afin de faire émerger de grandes idées et inspirer la communauté universitaire à vouloir rêver grand. 


Crédit photos @ Michel Caron

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