Jeu. Avr 18th, 2024

Par Pierre-Nicolas Bastida-Tousignant

La Silicon Valley Bank (SVB) a récemment fait banqueroute à la suite d’une perte de confiance de sa clientèle. Depuis, les marchés financiers semblent mettre la pression sur une institution canadienne, la banque Toronto Dominion (TD). Des fonds spéculatifs effectuent de nombreuses ventes à découvert du titre boursier de la TD, semble-t-il, pour diminuer l’ampleur du choc bancaire aux États-Unis.

La vente à découvert consiste à emprunter un titre financier d’un prêteur à un prix fixe pour ensuite le vendre sur les marchés financiers à ce même prix. L’objectif est de le racheter plus tard à plus faible prix avant de la retourner au prêteur. La différence entre les deux prix constitue le bénéfice du spéculateur.

Le pari risqué de la SVB

Le manque de législation aux États-Unis a mené les dirigeants de la SVB à négliger la crise financière en 2008. La concentration du portfolio de l’institution dans un secteur spécifique l’a surexposé aux variations négatives du marché. Mais en contrepartie, cette banque, comme plusieurs autres, a vu les dépôts de sa clientèle augmenter durant la pandémie. Pour augmenter ses marges, elle a donc pris un pari : utiliser son passif de court terme (dépôts clients) afin d’acquérir des actifs de long terme (bons d’épargne à 30 ans).

L’augmentation des taux d’intérêt a toutefois réduit la valeur de ses actifs. En cas d’une importante hausse des retraits, la SVB devrait éponger une perte qui ne lui permettrait pas de couvrir la totalité des dépôts de sa clientèle. C’est ce qui s’est produit à la suite d’un communiqué d’un important client, publié sur Twitter : les demandes de retrait ont totalisé 42 milliards de dollars américains en date du jeudi 9 mars, soit environ 78 millions par minutes. La SVB s’est retrouvée insolvable en moins de 48 heures.

Pour maintenir la confiance de la population envers leur système bancaire, l’assurance-dépôts, le gouvernement américain et les autorités monétaires ont assuré la totalité des dépôts des épargnants, soit une première dans l’histoire. Au lieu de nationaliser la dette ou d’assurer un plafond de seulement 250 000 $, comme prescrit par la loi, les pertes ont été assurées totalement. Une boîte de Pandore a alors été ouverte dans le domaine bancaire, créant un précédent dans la communauté internationale.

Quel impact pour la Banque TD?

Depuis que la TD a annoncé son rachat de la banque régionale américaine First Horizon, le taux de vente à découvert de son actif s’est largement accru. Ce phénomène semble être un artifice afin de diminuer l’instabilité bancaire américaine en causant un tumulte au Canada. Le taux d’endettement, la sensibilité de l’économie au taux d’intérêt et la rigidité du marché immobilier canadien pourraient entrainer un éclat de la bulle immobilière.

Cela dit, le système bancaire canadien étant l’un des plus résilients au monde, il serait mal avisé d’aller retirer ses économies de son compte-chèques, même pour les clients TD. Bien que l’économie canadienne ne soit pas immunisée aux chocs étrangers, les juristes ont une belle expression pour faire la différence entre possible et probable : il est possible que la lune frappe la terre, mais c’est peu probable.


Crédit image @Flickr Focal Foto

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