Mar. Juil 23rd, 2024

Par Émilie Oliver 

Les changements climatiques entraînent des répercussions significatives sur les pratiques hivernales au Québec, en particulier dans le domaine du ski alpin. Alors que les chutes de neige semblent relativement stables en Estrie, selon les chiffres du mont Orford, l’enjeu réside dans l’imprévisibilité des conditions.  

L’alternance neige-pluie, le réel problème 

Au cours des dix dernières années, le mont Orford enregistre généralement un niveau d’enneigement stable, à l’exception des saisons 2012-2013 et 2018-2019 où 105 et 53 cm de neige ont respectivement été recensés. Cela dit, en excluant ces deux années exceptionnelles, la moyenne demeure à 338 cm d’enneigement par année.  

Toutefois, alors que les précipitations annuelles devraient atteindre une augmentation de 68 mm d’ici 2050, l’augmentation de la température générale constante depuis 1996 au pays transforme ce qui était autrement de la neige, en pluie. Selon environnement et changement climatique Canada, « la tendance linéaire indique que la moyenne des températures hivernales de l’ensemble du pays a augmenté de 3,4 °C au cours des 76 dernières années. » L’augmentation des précipitations combinée à la hausse des températures crée donc un climat très variable et imprévisible, avec tendance à la réduction des conditions favorables aux sports de glisse. 

D’ailleurs, les études menées par Ouranos, un consortium spécialisé dans la climatologie, soulignent que d’ici 2050, les stations de ski au Québec pourraient ouvrir leurs pistes de 7 à 10 jours plus tard en raison de la fonte hâtive des neiges au printemps. Cette réduction de la saison hivernale pourrait entraîner une diminution de 10 à 20 jours en moyenne, avec une perte de 20 à 30 % de la superficie skiable. 

Quel impact, pour les adeptes de sports de glisse?  

Bien que les stations de ski soient les premières instances concernées par la diminution de la période d’enneigement, les adeptes de sports de glisse en paient également le prix. En effet, on remarque un cycle de hausse des frais d’entretien, puisque les stations doivent déployer davantage des ressources pour rendre leur montagne favorable à la glisse. Il est d’ailleurs estimé que la production de neige devra augmenter de 33 à 109 % d’ici 2050, pour continuer de permettre aux adeptes de sports d’hiver de profiter de la saison. Cette augmentation des ressources nécessaires engendre à son tour une hausse des prix d’abonnement, qui, au mont Orford, dépassent actuellement le millier de dollars en prix régulier pour un adulte. Les tarifs journaliers, quant à eux, peuvent atteindre jusqu’à 88 $ hors taxes par personnes pour une seule journée de ski.  

L’enjeu pousse donc les stations de ski à repenser leurs modèles d’affaires face à des conditions météorologiques de plus en plus imprévisibles. Des investissements dans des technologies telles que la production accrue de neige artificielle et la diversification des activités tout au long de l’année sont envisagés pour atténuer les effets de la réduction de la saison hivernale. L’Association des stations de ski du Québec souligne la résilience de ses membres tout en reconnaissant la nécessité de s’adapter aux nouvelles réalités. 

Leurs compétiteurs outre-mer, tels que Métabief, dans le massif du Jura en France, doivent même anticiper une fermeture progressive en raison de la diminution de l’enneigement. Dans certaines stations d’Europe, on a déjà mis la clé sous la porte en raison d’un manque de rentabilité. 

Outre les conséquences économiques, il est également à noter que les risques liés à la pratique de sports d’hiver sont accrus en raison des conditions météorologiques moins prévisibles. Évidemment, la réduction de la période d’enneigement est l’affaire de tous, mais les adeptes de plein air hivernal en seront les premiers concernés.  

Et… on fait quoi, en attendant?  

Heureusement, il existe plusieurs alternatives qui ont impact minime sur l’environnement et qui nécessitent très peu d’entretien de la part des stations. Le partage des sentiers pour la pratique de disciplines variées, par exemple, est une excellente manière de limiter l’impact environnemental des utilisateurs. Fatbikes, marcheurs, adeptes de raquettes en sentier et de ski de fond, par exemple, peuvent emprunter les mêmes trajets en montagne et partager de manière harmonieuse leur environnement. Les skieurs peuvent se tourner vers des disciplines telles que le ski de randonnée, afin de limiter leur utilisation des infrastructures de remontée de la montagne.  

Comme dans toutes les disciplines en plein air, il est clair qu’un respect de la faune et de la flore en plus d’un respect des consignes imposées par les organismes de protection de l’environnement est de mise afin de s’assurer que la pratique des sports d’hiver puisse perdurer. 

La population au cœur de la solution 

Évidemment, tout comme pour une multitude d’enjeux environnementaux, une partie de la solution réside dans la volonté collective à s’affairer au changement. Les pratiques de sports en plein air plus durables sont primordiales afin de freiner ou même de renverser la tendance des changements climatiques.  

Parallèlement, les stations de ski, en collaboration avec les organismes environnementaux, devront déployer des efforts de sensibilisation et de conscientisation sur face à l’importance de préserver les environnements fragiles. Malgré les défis induits par les changements climatiques, l’Association des Stations de Ski du Québec (ASSQ) souligne que ses membres se montrent résilients. Josée Cusson, directrice des communications et du marketing à l’ASSQ, affirme qu’ils sont prêts à s’adapter et propose des initiatives novatrices pour faire face à ces enjeux. Toutefois, il est clair que tous devront contribuer afin de s’assurer de la durabilité à long terme de nos petits plaisirs hivernaux. 


Source: Getty Images

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Cheffe de pupitre SPORTS ET BIEN-ÊTRE pour le Journal Le Collectif | Site web

Sportive depuis son plus jeune âge, Émilie a à coeur la santé, le sport et le bien-être. Elle a obtenu son baccalauréat en communications appliquées en 2021 tout en étant étudiante-athlète auprès du V&O Rugby. Elle poursuit ses études au certificat en langues modernes. 

Fervente des sports émergents, elle s’efforce de porter l’attention de la communauté étudiante vers les nouvelles disciplines, tout en mettant en lumière les sports établis et populaires. Elle est fière de pouvoir mettre son grain de sel à la section Sport et Bien-être depuis déjà quelques années.