Ven. Mar 29th, 2024

Afin de lutter contre la pandémie de COVID-19 qui secoue le monde entier depuis plusieurs semaines, de nombreux pays ont adopté des mesures de confinement très strictes. Nous en sommes d’ailleurs témoins ici, au Québec, où la population est fortement encouragée à rester chez elle. Les commerces, les écoles, les restaurants, les bars, les musées, les cinémas ; tout est fermé. Sauf pour ce qui est des services essentiels, la vie ici est pratiquement sur pause. En revanche, deux pays européens, soit la Suède et les Pays-Bas, ont décidé d’adopter une autre stratégie. En Suède particulièrement, le gouvernement a opté pour un confinement « basé sur la confiance ». Une méthode controversée, mais efficace ? 

Par Alexia LeBlanc 

 

La Suède et les Pays-Bas ont adopté des stratégies qui font débat au sein de l’Union européenne et de la communauté scientifique. Le gouvernement néerlandais compte sur une stratégie nommée « l’immunité collective ». Lorsque le premier ministre, Mark Rutte, a annoncé la nouvelle, plusieurs pays du monde ont fait part de leurs inquiétudes quant aux conséquences qu’une telle décision pourrait avoir sur le taux de mortalité liée au coronavirus. Surtout chez les personnes âgées ou celles qui ont un système immunitaire plus faible. Par contre, de semaine en semaine, le gouvernement adopte des mesures de plus en plus sévères. Tous les lieux de rassemblement sont désormais fermés, comme les écoles ou les restaurants, mais les habitants sont autorisés à sortir. Si les gens avaient beaucoup plus de liberté il y a à peine quelques jours, les consignes se durcissent. 

 

Par contre, en Suède, la situation est différente. D’abord, le gouvernement refuse d’utiliser l’expression « immunité collective ». Il présente sa stratégie comme étant un gage de confiance envers la population. En effet, selon les autorités suédoises, le pays peut compter sur la responsabilité individuelle. Les gens sont censés protéger les plus à risque et les aînés. Pourtant, le 1er avril dernier, les mesures se sont resserrées un peu. Dorénavant, les visites dans les résidences pour personnes âgées sont interdites et les personnes de 70 ans et plus sont fortement encouragées à rester chez elles. D’ailleurs, le tiers des résidences pour aînés sont contaminées. Les rassemblements de plus de 50 personnes sont également interdits. Tout de même, les écoles, les restaurants, les bars, les commerces, etc. sont encore ouverts et il n’y a pas de restrictions imposées dans les déplacements. Le télétravail est « encouragé » et les voyages sont « déconseillés », mais c’est tout. 

 

Pourquoi adopter une telle stratégie ? 

D’abord, il est important de mentionner que la Suède est un pays qui valorise grandement une bonne qualité de vie, donc des mesures de confinement comme celles imposées en France ne sont pas une option, pour l’instant. Le gouvernement suédois a décidé de prioriser une certaine qualité de vie ainsi que le maintien de l’économie. On recommande aux Suédois de respecter une distance entre eux, mais, selon les autorités, ils le font naturellement dans l’idée de protéger les plus à risque. De plus, selon l’historien suédois Lars Tragadh, « il existe une forte confiance réciproque entre les citoyens et l’État. » Cette relation de confiance permettrait aux autorités de la Suède de faire appel à la responsabilité individuelle et collective, au lieu d’imposer des mesures contraignantes. 

 

Nancy-Anne Delaney, qui habite en Suède depuis 19 ans, s’est confiée au journal Le Soleil afin d’expliquer plus précisément comment est la vie au pays. Elle a souligné le fait que « les gens sont à l’écoute de ce que le gouvernement demande » et que « [au parc samedi dernier] les gens laissaient une plus grande distance entre eux que d’habitude. » À l’épicerie, il n’y a pas de consignes particulières non plus. Il n’y a pas de désinfectant à main et les paniers ne sont pas nettoyés. Elle explique que les gens font preuve de prudence, mais la situation est effectivement bien différente de celle ici ! 

 

Et si l’immunité collective fonctionnait ? 

Le principe de l’immunité collective est de laisser une grande partie de la population être infectée par le virus pour que celle-ci soit immunisée si une deuxième vague se présente. Les personnes atteintes développeront des anticorps et elles seront, en d’autres termes, « autovaccinées ». Par contre, il s’agit d’une stratégie très controversée. D’abord, l’Organisation mondiale de la santé a affirmé qu’on ne connaissait pas assez la COVID-19 pour savoir si cette stratégie fonctionne ou non. Selon plusieurs experts, il s’agit d’une pratique irresponsable puisqu’on limite les impacts sociaux et économiques de la crise en sacrifiant une partie de la population qui est plus vulnérable. Pour le moment, les experts de la santé ne peuvent même pas confirmer que les personnes qui auront été infectées seront toujours immunisées si une deuxième vague survient dans quelques mois. Aussi, selon le Docteur Thierry Wouters dans les pages de La Libre Belgique, « si l’épidémie de coronavirus n’est pas suivie par d’autres épidémies du même virus, on aura sacrifié des vies pour rien. »

 

Pour l’instant, il est difficile de voir les effets à long terme d’une telle stratégie, mais les chiffres ne font pas bon augure si on les compare à ceux des autres pays scandinaves. En date du 13 avril, il y avait 10 948 cas confirmés en Suède et 920 décès. La Norvège, pays voisin, compte 6 603 cas confirmés et 134 décès. La Finlande, quant à elle, compte 3 064 cas confirmés et seulement 59 décès. Seul l’avenir nous dira donc si les mesures qu’a adoptées le gouvernement suédois auront été efficaces. Certains pensent que le pays est assis sur une réelle bombe. D’autres croient plutôt que les mesures très strictes adoptées par plusieurs États auront des conséquences sociales et économiques désastreuses. À suivre ! 

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