Jeu. Mar 28th, 2024

Par Christophe Lachance-Tardif

Il y a plus de deux mois déjà, Donald John Trump prenait place pour la toute première fois dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche. Avec seulement quelques semaines d’expérience sous la cravate, le 45e président des États-Unis d’Amérique a déjà imposé sa philosophie autant dans la sphère politique que sociale. À travers sa doctrine hautement médiatisée, on pourrait penser que l’industrie sportive est à l’abri des nombreux ébats politiques de l’américain de 70 ans. Malheureusement, un marché sportif international relativement en santé pourrait être également menacé suite aux idéologies de Trump; des répercussions qui peuvent sembler banales actuellement, mais qui pourraient s’avérer néfastes prochainement sur la plateforme sportive.

Une franchise de la MLB au Mexique? On oublie ça!

À l’aube de sa troisième saison à titre de commissaire de la Ligue majeure de baseball, Rob Manfred a démontré au reste du peuple nord-américain qu’il est beaucoup plus ouvert que l’était son prédécesseur, Bud Selig, à l’idée de relocaliser une équipe en déficit budgétaire vers un marché plus lucratif. Les paris sont ouverts à savoir si les Québécois auront l’occasion de faire des retrouvailles avec les Expos sur l’île de Montréal d’ici quelques années. Excluant la métropole québécoise, Manfred n’a pas caché son intérêt de lancer un processus d’expansion ou de relocalisation pour une équipe au cours des prochaines années. Manfred a également spécifié que le Mexique pourrait être un territoire intéressant dans l’optique d’étendre les activités de la ligue ailleurs qu’en Amérique du Nord.

Par contre, avec tout ce qui se passe présentement dans ce pays, notamment la relation tendue entre les États-Unis et le Mexique suite à l’élection de Trump, est-ce vraiment une bonne idée d’implanter une franchise de cette envergure en sol mexicain? La situation économique et civile n’est pas profitable et la MLB agirait contre son propre intérêt. De plus, comment réagiront les Mexicains si un club, principalement composé de joueurs américains, vient s’installer dans leur contrée? La sécurité des joueurs pourrait être menacée, sans parler d’un boycottage possible des Mexicains envers l’une des plus grosses business modernes des États-Unis.

Une continuité de la prééminence des sports féminins                          

Au cours du régime de Barack Obama, les athlètes féminines ont connu une grande vague de triomphe grâce à lui. Il est devenu un des premiers présidents américains à valoriser et à encourager les femmes dans leurs disciplines sportives respectives. Au cours de sa dernière conférence de presse officielle à titre de président, Obama a soigneusement pris le temps de mentionner et de remercier le travail des athlètes féminines qui ont bien performé au cours de son règne.

Obama avait également investi de nombreux milliers de dollars dans des organisations et des fondations qui promouvaient le sport chez les femmes. Sans parler de son désir d’épandre, de manière agressive, la loi Title IX (une loi créée en 1972 qui garantit l’égalité des sexes dans les sphères scolaires et sportives de l’éducation). Est-ce que l’émergence de Trump (reconnu pour avoir prononcé des propos misogynes) à la barre des États-Unis aura un impact négatif quant au progrès réalisé par Obama, qui a donné le goût de bouger à des milliers de femmes lors des huit dernières années?

Un bannissement à répercussions 

Si l’avenir d’une franchise de baseball professionnel au Mexique et la prospérité des sports féminins demeurent embrouillés pour la communauté sportive, la position de Donald Trump face à la « protection de la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux États Unis » aura certainement un impact négatif sur le marché sportif international. Tout d’abord, le bannissement de l’entrée aux États-Unis de touristes ou d’immigrants appartenant à sept pays de la nation musulmane va menacer la candidature des États-Unis quant à l’obtention des Jeux olympiques de 2024 à Los Angeles, ainsi que l’édition 2026 de la Coupe du monde de football. On n’a qu’à penser à ce qu’a vécu Yassine Aber, cet étudiant-athlète de l’Université de Sherbrooke (dont ses deux parents sont d’origine marocaine) qui s’est fait refuser l’entrée aux États-Unis, le 9 février dernier, pour prendre part à une compétition d’athlétisme à Boston. Assisterons-nous à la fin d’événements sportifs d’envergure internationale en sol américain? Malheureusement, d’autres cas comme celui d’Aber ont été répertoriés et les répercussions pourraient être énormes si le Comité international olympique boude les É.-U….

Une tradition qui se meurt?

Le 19 avril prochain, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre visiteront la Maison-Blanche afin de célébrer leur conquête du dernier Super Bowl avec le nouveau président américain. Il s’agit d’une vieille tradition américaine qui a débuté au cours des années 80. Une équipe championne et ses joueurs apprécient et ont généralement bien hâte de rencontrer le président, mais cette année, plusieurs joueurs clés des Patriots ont décidé de ne pas se déplacer à la Maison-Blanche. Pour en énumérer quelques-uns de la longue liste, Martellus Bennett, Devin McCourty, Dont’a Hightower et LeGarrette Blount ont tous décliné l’offre de visite en raison de leur opposition face aux idéologies de Trump. Il sera pertinent de constater si d’autres athlètes de disciplines sportives distinctes vont également rejeter la possibilité de rencontrer le 45e président américain. Les Tar Heels de l’Université de la Caroline du Nord, fraîchement victorieux du tournoi March Madness (le plus gros tournoi de basketball collégial aux États-Unis) sont la prochaine équipe à visiter Trump ce printemps. Il sera intéressant de voir comment de jeunes adultes, dont la plupart sont afro-américains, approcheront ce fameux rendez-vous à la Maison-Blanche. Les futurs champions du trophée Larry O’Brien dans la NBA seront également surveillés de près en vertu de leur décision cet été.

On pourrait continuer encore longtemps à discuter des conséquences que Donald Trump pourrait faire subir à l’industrie sportive, autant sur la scène américaine que mondiale. Même si des figures sportives cultes telles que Mike Tyson, Dennis Rodman, Johnny Damon et Tom Brady ont publiquement démontré leur appui et leur support face à l’américain de 70 ans, les sports internationaux risquent d’être affectés, de près ou de loin, par la doctrine de Trump. Seul le temps nous dira quel sera l’avenir du marché sportif international. Cependant, préparez-vous, le printemps est à nos portes et l’industrie sportive n’a jamais été en aussi bonne santé, du moins, pour l’instant!


Crédit photo © Mike Stobe de Getty ImagesSport

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