Mar. Avr 9th, 2024

Par Carolanne Boileau

La semaine dernière, la première ministre de la Finlande, Sanna Marin, s’est retrouvée dans l’eau chaude. À la suite de la publication de vidéos d’une soirée où on la voyait danser, celle-ci a dû rendre des comptes. Au vu de cet événement, il est possible de s’interroger sur le double standard et le traitement des femmes en politique.

Depuis son arrivée au poste de première ministre du pays nordique en décembre 2019, Mme Marin s’est retrouvée à quelques reprises dans la controverse. Cependant, les critiques l’entourant n’ont jamais été en lien avec son travail. À titre de femme d’État, la première ministre s’est fait pointer du doigt pour son décolleté jugé trop plongeant pour une soirée entre amis quelque peu arrosée.

Une fête qui a mal tourné

Tout a commencé lorsqu’une vidéo où l’on pouvait voir la première ministre fêter avec des amis et des célébrités a fuité. Elle a rapidement fait le tour des médias et a suscité plusieurs réactions. Certains se sont empressés de la récupérer pour en faire du capital politique. Des opposants s’en sont notamment servi pour ridiculiser les compétences de Mme Marin. Selon eux, faire la fête en privé n’est pas compatible avec faire de la politique.

La situation ne s’est toutefois pas arrêtée là. Des personnes ayant vu la vidéo ont accusé Sanna Marin d’avoir consommé de la drogue. Cette accusation était fondée seulement sur des commentaires entendus dans la vidéo. Pour se défendre et prouver à ses détracteurs qu’ils avaient tort, la femme d’État s’est soumise à un test de dépistage. Le résultat du test de dépistage a finalement été rendu public. Il était négatif. La première ministre a donc prouvé que danser avec des amis lors d’une fête peut se faire sans consommer de drogue. Il est assez incroyable de devoir se rendre là. Aucun homme politique n’a jamais eu à se soumettre à de tels tests pour se blanchir d’accusations portées contre eux.

La principale concernée s’est prononcée sur l’incident lors d’un événement organisé par son parti. « Je suis un être humain. J’aspire parfois aussi à la joie, à la lumière et au plaisir au milieu de ces nuages sombres » mentionne Mme Marin, d’après les informations de l’Agence France-Presse. Elle a également mis l’accent sur le fait qu’elle n’avait jamais manqué une seule journée de travail et que sa vie privée ne devrait pas être rendue publique. Il est clair que peu importe le travail exercé, une personne ne devrait jamais voir ses compétences être mises en doute à cause d’un événement qui s’est produit dans la sphère privée.

Un traitement réservé aux femmes?

Lorsqu’on observe la gestion de cet événement à travers les médias et même à travers le monde, on peut se demander de quoi est teinté celui-ci. Est-ce que le même sort a été réservé à Boris Johnson lorsqu’il a organisé des fêtes privées en plein confinement ? Pourquoi Trudeau a droit à des réactions si positives lorsqu’il est nommé plus bel homme politique au monde, mais il y a un jugement contre une femme d’État pour son décolleté ? Il existe sans aucun doute une différence claire dans notre jugement envers nos dirigeants politiques selon leur sexe.

Cette double standardisation est présente depuis toujours. Cependant, ne serait-il pas temps de la faire disparaitre en 2022 ? Une femme et un homme, quel que soit leur poste, ne devraient jamais se voir réserver des traitements différents. L’expérience de la première ministre Sanna Marin démontre qu’une femme n’a pas droit à l’erreur dans la sphère politique. Les polémiques qui l’ont entourée depuis le début de son mandat laissent croire que la majorité des gens attendent le moindre faux pas de sa part pour pouvoir l’attaquer et remettre en question son travail.

Certaines personnes ayant vu la vidéo qui a fait polémique ont mentionné que la femme d’État ne se comportait pas comme telle ; que sa manière de danser était inappropriée et que son comportement ne reflétait pas son statut. La jeune femme de 36 ans a fait la fête, dansé et profité de la vie avec des amis en dehors de ses heures de fonction. En quoi cela affecte-t-il son travail à titre de première ministre ? L’exemple de Sanna Marin en est un parmi tant d’autres. Il est temps que les femmes en politique aient le droit de prendre leur place sans devoir craindre de se faire réprimander à tout moment. Si Mme Marin était un homme, aurait-on qualifié ses gestes d’indécents ou d’inappropriés ?

Un sujet sur toutes les lèvres

Sans grande surprise, la controverse derrière la première ministre finlandaise a rapidement fait le tour du monde. De nombreuses journalistes et politiciennes se sont notamment prononcées sur la question. Parmi celles-ci, Catherine Fournier, mairesse de Longueuil et Isabelle Lessard, mairesse de Chapais, ont donné leur opinion. Du côté de madame Fournier, celle-ci affirme qu’il n’y a rien de choquant dans cette vidéo. Bien au contraire, elle « trouve ça plutôt rassurant de voir que c’est une vraie personne et pas juste une politicienne », rapportait le média québécois 24 heures.

Chose certaine, malgré la situation fâcheuse dans laquelle elle s’est retrouvée, la première ministre Sanna Marin aura ouvert une discussion fondamentale. Il est temps de revoir la place des femmes en politique et surtout, les standards qu’on applique à ces hommes et à ces femmes d’État.


Crédit image @We Forum

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