Mer. Avr 17th, 2024

Par Marie Vachon-Fillion

Il y a de ces artistes qui sont hors normes, qui ne font pas comme les autres. Des artistes qui ne se lanceront jamais dans la grosse musique commerciale. Philippe Brach est un de ceux-là. Bien qu’assez marginal, le Saguenéen d’origine reçoit nombre d’éloges depuis quelques années. Entretien avec un être sauvage, mais sympathique, qui sera au Théâtre Granada le 11 mai prochain.

Philippe Brach (Bouchard de son vrai nom), c’est le genre de gars qui fait un pari avec ses amis en 2009 de participer à Star Académie et qui finalement, se rend jusqu’aux auditions télévisées (mais refuse le contrat qu’on lui demande de signer). N’en faire qu’à sa tête, c’est le créneau de cet auteur-compositeur-interprète. Après deux bons albums, La foire et l’ordre et puis Portraits de famine, respectivement sortis en 2014 et 2015, Brach sort Le silence des troupeaux en 2017. Ce dernier est acclamé autant par la critique que par le public, et est couronné de nombreux prix.

Pas comme les autres

L’entrevue débute et Phil est dans les vapes : la veille, il présentait son spectacle en collaboration avec l’OSM, nommé Boum Dang Sangsue! Une expérience magistrale, mais qui l’a littéralement épuisé. On ne fait qu’une seule représentation de ce spectacle, pas deux! « On se met dans le trou accoté, donc je n’ai pas pu en faire deux en fait. » De voir et d’entendre les chansons de son dernier album interprétées par un orchestre, ça doit ébranler légèrement! « C’était sold-out, c’était fucked up ben raide. C’était un bon buzz, je suis content de l’avoir fait! » De plus, Philippe revenait d’un voyage au Maroc de dix jours. Pourquoi? Pour tourner quelques capsules d’à peine quelques minutes afin d’annoncer un festival qu’il chapeaute, La Noce, présenté à la zone portuaire de Chicoutimi en juillet. « Le genre de vacances dont je suis revenu deux fois plus brûlé et où je n’ai vraiment pas pris le temps de m’écraser sur une plage! »

Bouger sans arrêt

Philippe Brach, ce n’est pas le genre de personne à s’asseoir et à regarder le temps passer : il faut que ça bouge, et ce, sans arrêt! La tournée pour son dernier album tire à sa fin et je me questionnais à savoir s’il commençait à se lasser des spectacles : « Non, parce qu’on a pris une pause. La tournée d’avant c’était 125 shows en un an et c’était beaucoup trop. » En septembre, une fois la tournée finie, que fera Philippe s’il n’a rien à son horaire? « Je pars en voyage à chaque fin de tournée! Je m’en vais deux-trois mois pour pogner des nouvelles affaires, m’en aller ailleurs. » Sa prochaine destination, probablement l’Afrique – Éthiopie, Nigeria, Kenya – des destinations vraiment pas touristiques, en fait. Ces voyages sont pour lui une source d’inspiration. En revenant au Québec, c’est là qu’il commencera l’écriture de nouvelles chansons.

Il travaille même présentement sur une émission pour enfants, un projet de longue date. Il avait aussi mis sur pied deux tomes de livres à colorier. « Il y a une couple de projets on the side que je vais pousser un petit peu plus quand ma tournée va finir ». Toujours plein de surprises et de projets, ce Philippe Brach!

La Noce de cuir

C’est la troisième édition du festival La Noce cette année au début juillet. L’appellation du festival vient en fait du nom qu’on donne aux différents anniversaires de mariage (l’an dernier était la noce de coton). On peut d’ailleurs réellement se marier à ce festival si on en fait la demande!  Mais Phil n’est pas le créateur de celui-ci, il a décidé de s’y impliquer, car la promotion de la relève lui tenait à cœur, et que la région du Saguenay avait besoin d’un événement du genre : « Il y a ce problème-là beaucoup en région, c’est dégueu, mais je vais le dire pareil, il n’y a pas grand-chose pour la classe moyenne. Il y a plein de beaux petits spots cool, ou sinon c’est des grosses salles de 3000 places avec de l’humour. Il n’y a pas d’entre-deux. » Les gens vont à La Noce pour découvrir des artistes de la relève et passer du bon temps. Cette année, il se tiendra du 4 au 6 juillet.

Une popularité grandissante

Le troisième album de Philippe Brach en était un plutôt grandiose : orchestre et arrangements prenaient toute la place, ou presque. Est-ce que c’est un trip ou l’artiste a trouvé sa ligne de conduite? « J’ai l’impression que ça va tout le temps dans des directions différentes. Il n’y a jamais de décisions qui sont prises en rapport avec l’argent. » Et il ne fait pas partie de ces artistes qui se mettent de la pression. « Pantoute! J’ai surtout le goût d’aller là où on ne m’attend pas. La genèse de ma création reste assez égoïste à la base. » Donc, la prochaine étape est floue, on ne sait pas où Philippe Brach va nous amener. Ce qu’on sait, c’est qu’il le fera pour son propre plaisir, et non nécessairement pour plaire à son public. Ce qu’il faut savoir, c’est que monsieur Bouchard ne se donne pas vraiment de limite, et il n’a pas des gens autour de lui qui le freine : « Ma maison de disques sait qu’elle ne mettra pas d’argent dans mon album, alors elle est là go, go, go! Je n’ai pas de barrières. »

Difficile de dire alors vers quel chemin Philippe Brach s’enligne dans les prochaines années. Une chose est sûre, il ne tentera pas de vous plaire, et n’en fera qu’à sa tête, assurément!


Crédit Photo @ Marco Campanozzi

FORMER ET INFORMER / Le Collectif a pour mission de rapporter objectivement les actualités à la population et d’offrir une tribune à la communauté étudiante de Sherbrooke et ses associations. Toutes les déclarations et/ou opinions exprimées dans les articles ou dans le choix d’un sujet sont uniquement les opinions et la responsabilité de la personne ou de l’entité rédactrice du contenu. Toute entrevue ou annonce est effectuée et livrée dans un but informatif et ne sert en aucun cas à représenter ou à faire la promotion des allégeances politiques ou des valeurs éthiques du journal Le Collectif et de son équipe.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *