Ven. Mar 29th, 2024

Par Yedidya Ebosiri  

Ô Canada, terre de Lincoln Alexander, terre de Michaëlle Jean! Reconnaître l’apport social des citoyens qui la compose : c’est le devoir de toute nation. Pour la 25e année consécutive, le premier ministre Trudeau en fait le rappel à l’aube du Mois de l’histoire des Noirs. Jeune, croissante, mais surtout affirmée, la communauté noire canadienne vibre au rythme de son histoire.  

Aujourd’hui, c’est plus d’un million de personnes qui en font partie. Certes, les vagues d’immigration récentes y sont pour quelque chose. Originaires de la Jamaïque, d’Haïti ou encore de la République démocratique du Congo, les Afro-Canadiens forment bientôt 4 % de la population canadienne. En termes de densité de population, les régions du grand du Montréal et d’Ottawa obtiennent respectivement les deuxième et troisième places; Toronto est championne.  

Il était une fois  

Si l’immigration explique la présence la diaspora afrodescendante sur le sol canadien, elle ne date certainement pas d’hier. En 1689, Louis XIV autorise l’esclavage en Nouvelle-France, colonie qui deviendra l’unique province francophone du pays. Un peu plus tôt, Mathieu Da Costa débarque au Canada en tant que traducteur auprès du célèbre explorateur Samuel de Champlain. En Nouvelle-Écosse, l’arrivée des loyalistes noirs, mouvement migratoire notable, façonne le peuplement des environs.  

Au cours du 20e siècle, la présence des Noirs au Canada se fait particulièrement remarquable : Montréal, capitale du jazz pendant les années folles, doit alors sa réputation à l’émergence de la classe ouvrière noire anglophone du quartier de La-Petite-Bourgogne. Dans la province ontarienne, la toute première loi interdisant la discrimination raciale est votée durant les années 1940. Pendant ce temps, le village d’Africville est toujours privé de services essentiels avant d’être rasé par le gouvernement écossais.  

Marquer l’histoire un individu à la fois 

À travers les années, les Noirs canadiens ont façonné le paysage politique et social, notamment en réponse au racisme systémique. Sur le billet de 10 $, le visage de Viola Desmond rappelle la résilience d’un peuple longtemps opprimé. Figure emblématique de l’égalité des droits, Desmond suit la trace de ses prédécesseurs : Mary Ann Shad Cary cofondait The Provincial Freeman en 1853, un hebdomadaire dédié à l’antiesclavagisme.   

À l’époque où l’inclusion était exclue des mœurs, le Coloured Woman’s Club de Montréal voit le jour pour répondre aux besoins de la communauté noire. De l’African United Baptist Association of Nova Scotia (AUBA) à la Ligue des Noirs du Québec, c’est dans cette même optique que plusieurs initiatives philanthropiques sont créées. 

D’ailleurs, le flux d’immigrants haïtiens des années 1970 a entraîné la première greffe osseuse au Québec : cette avancée médicale est l’œuvre de Dr Yvette Bonny. En décembre dernier, l’image d’un fœtus noir devenue virale anime les conversations sur la diversité, et ce, grâce au Nigérien Chidiebere Ibe.  

Février et pour toujours 

Ce n’est pas fini : les Afro-Canadiens contribuent quotidiennement à la renommée du pays. C’est ce que souligne le thème actuel « Février et pour toujours », qui honore le passé pour construire l’avenir. 


Crédit image @ Emmanuel-Ikwuegbu

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