Sam. Juil 27th, 2024

Par Rémi Brosseau-Fortier 

Touchée par la famine depuis plusieurs mois, la population gazaouie se voit résigner à célébrer le mois du ramadan sous les bombardements. Malgré l’impasse actuelle des négociations entre les différentes parties, la mise en place d’un corridor maritime pour acheminer l’aide humanitaire dans la bande de Gaza offre une lueur d’espoir aux civils. Toutefois, la situation demeure critique, particulièrement dans le nord du territoire palestinien où plus de 300000 personnes vivent dans des conditions difficiles.    

Après le largage de vivres et de repas par la voie des airs, c’est au tour des navires de décharger leur cargaison. Le bateau de l’ONG espagnole Open Arms transportant 200 tonnes de repas est arrivé à destination le 15 mars après avoir quitté l’île de Chypre. Un deuxième navire de l’organisation est prêt à partir à tout moment. L’Union européenne, les États-Unis, les Émirats arabes unis et le Canada ont résolument appuyé la création et le maintien d’un corridor maritime humanitaire pour améliorer la circulation de l’aide en direction de Gaza.  

Le corridor maritime est-il réellement efficace?  

De nombreux politiciens, analystes et universitaires remettent en question la portée réelle de l’aide humanitaire occidentale devant les besoins criants des Gazaouis. Dans une lettre ouverte publiée le 12 mars dans La Presse, François Audet, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire canadien sur les crises et l’action humanitaires, remet en question la faisabilité logistique de ce type d’opération.  

En effet, selon lui, le corridor maritime humanitaire est « une manière de gagner du temps pour l’Occident, incapable d’exiger d’Israël de cesser de massacrer des personnes civiles au nom de l’autodéfense ». La complexité de la chaîne logistique, les délais occasionnés par l’organisation et le déploiement à grande échelle de l’aide humanitaire ainsi que l’enjeu de la distribution des vivres peu ou pas encadrée sur les plages de la bande de Gaza sont autant d’obstacles qui semblent démontrer la nature lacunaire de la solution proposée par la coalition d’États occidentaux.  

La voie diplomatique toujours dans l’impasse  

En tournée au Moyen-Orient depuis le 20 mars, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a rencontré le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, ainsi que le ministre des Affaires étrangères du pays, Fayçal ben Farhane. Les deux pays ont discuté de la nécessité d’établir « une coordination étroite entre partenaires régionaux et internationaux […] pour préparer la phase d’après le conflit ». Le chef de la diplomatie américaine doit se rendre en Égypte le 21 mars pour échanger avec le président Abdel Fattah al-Sissi.  

Par la suite, il se rendra en Israël le vendredi 22 mars malgré le contexte de vives tensions diplomatiques entre le gouvernement de Benjamin Netanyahou et l’administration de Joe Biden. À l’heure de son sixième déplacement dans la région depuis le 7 octobre, le secrétaire d’État a dénoncé la situation actuelle où la population tout entière de la bande de Gaza souffre d’une « insécurité alimentaire grave ». Malgré le durcissement du discours, les États-Unis persistent à soutenir financièrement le gouvernement israélien à coup de milliards de dollars d’aide militaire.   


Source: Wikimedia Commons

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