Mer. Juin 7th, 2023

 Par Véronik Lamoureux 

Si à une époque pas si lointaine les familles québécoises pouvaient recevoir la visite impromptue du curé de leur paroisse, celui-ci leur dictant des pratiques en termes de sexualité et de famille, en 2020, on reçoit plutôt l’État dans nos salons via TVA nouvelles pour nous dire comment consommer l’amour en temps de pandémieCette année, faudra-t-il finalement troquer sexe et alcool contre masturbation et jus de fruits? À suivre…

Après «Les belles histoires des pays d’en haut», voici «Les belles histoires des parties d’en bas» 

Le clou rouillé du contrôle gouvernemental s’est enfoncé vers l’infini et plus loin encore quand la Dre Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, a émis ses recommandations en lien avec les activités sexuelles en temps de pandémie. Si les Québécois ne peuvent mettre leur bouche sur un micro de karaoké, ils doivent aussi faire attention aux endroits sensuels où celle-ci pourrait traîner en zone jaune-orange. Le 2septembre dernier, dans un article qui aurait semblé improbable il y a encore quelques mois, La Presse résumait les recommandations émises lors d’un point de presse fédéral : «Au moment de passer à l’acte, évitez de vous donner des baisers et faites en sorte que vos visages ne se touchent pas ou ne soient pas près l’un de l’autre. Pour faciliter la tâche, les partenaires pourraient envisager de porter un masque couvrant le nez et la bouche.»  

Des jeux de rôles de fin du monde 

Les plus optimistes verront en ces recommandations une occasion d’être créatifs : pourquoi ne pas découvrir avec excitation de nouveaux jeux de rôles? Si Sandra Bullock a su susciter une recrudescence des yeux bandés grâce à sa prestation dans le film «Bird box», Dre Tam pourrait à son tour générer un tout nouvel engouement autour d’un nouveau type de sexe, soit le sexe de fin du monde. Toutefois, comme il a été spécifié dans les recommandations, il ne faudrait pas que la frénésie de «la dernière baise avant que l’humanité ne soit décimée» entraîne des comportements irresponsables. Dans cette optique, Dre Tam souligne qu’il est également recommandé «de limiter la consommation d’alcool et de toutes autres substances qui pourraient altérer le jugement des partenaires afin que ceux-ci puissent prendre de sages décisions». 

Un moment d’intimité commandité par «Lysol» 

Ce qui restait de spontanéité à 2020 a été éradiqué par une étude réalisée par des chercheurs de l’Université Harvard qui suggère que les surfaces touchées lors de l’acte soient désinfectées avant et après l’instant de passion. Évidemment, quoi de plus naturel que de passer l’appartement au Lysol avant de se laisser aller à une passion brûlanteEn outreterminées, les discussions inconfortables après l’acte. Le sexe moderne occupe : pas de temps à perdre, il faut laver et désinfecter de toute urgence chaque surface touchée et brûler les draps!   

Chose certaine, les recommandations de la Dre Tam, contrairement à une bonne partie de jambes en l’air, n’ont rien de bien excitant. La réflexion à se faire dans le cadre de ce sujet en est une de limites. Où se situe la limite de l’acceptable en termes d’urgence sanitaire? Est-ce que nos relations intimes peuvent (devraient) être régentées par le gouvernementSans aucun doute, il sera de la responsabilité du peuple canadien de tracer la limite en ce qui a trait à cette zone hautement intime.  

 

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