Mar. Juil 23rd, 2024

Par Natasha Guay Marchand 

Alors que la rentrée scolaire est ébranlée par la pénurie de personnel enseignant, les négociations en cours stagnent entre le gouvernement et la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE). Ces derniers revendiquent une amélioration des conditions de travail dans des écoles. 

Cela fait 20 ans que l’on voit venir la problématique et, malgré les mesures prises par le gouvernement telles qu’une hausse du salaire de 15 % en 2022, la pénurie persiste. L’un des principaux facteurs à cette pénurie est le décrochage professionnel. En effet, d’après une étude menée en 2014 par Létourneau, 25 à 30 % des enseignants quittent la profession après un an et jusqu’à 50 % après cinq ans. Selon Josée Scalabrini, présidente de la FSE, cette proportion ne cesse d’augmenter. 

Décrochage professionnel, pourquoi 

Chaque année, les commissions scolaires attribuent les postes en fonction de l’ancienneté, ce qui laisse les jeunes enseignants avec les tâches moins intéressantes et plus exigeantes, souvent dans les écoles plus défavorisées. De surcroit, il faut compter en moyenne cinq à sept ans avant qu’ils obtiennent un poste permanent et à temps plein. 

Une étude publiée dans la revue Formation et profession a démontré que le premier facteur qui pousse les nouveaux membres du corps professoral à démissionner est la charge de travail. Laissés à eux-mêmes, les nouveaux enseignants se retrouvent avec des classes surchargées, dont une proportion plus importante d’élèves a des besoins particuliers ou est en difficulté d’apprentissage. Ainsi, les conditions d’entrée difficile dans les premières années d’enseignement, soit la précarité d’emploi, la lourdeur des tâches et le manque de ressources, poussent autant d’enseignants à quitter la profession après un an. 

Revoir la composition des classes 

C’est l’une des solutions revendiquées par la présidente de la FSE pour répondre au décrochage professionnel du jeune personnel en éducation, notamment dans l’objectif d’alléger la charge de travail associé aux classes dites « régulières ». Dans un article de La Presse, Josée Scalabrini rappelle que ces classes ont une proportion plus élevée d’élèves avec des plans d’intervention. Ce sont généralement les nouveaux enseignants qui sont affectés à ces classes.  

Cette réalité a également été critiquée par le professeur de sociologie Allaire Sévigny dans le Balado Distances sociales, où il emploie le terme « ségrégation scolaire » pour illustrer la séparation qui existe entre les jeunes inscrits dans les parcours particuliers et réguliers. Un système qui, selon lui, a normalisé les inégalités sociales en divisant les bons des moins bons et les riches des moins riches. Le parcours régulier pèse lourdement non seulement sur la réussite et l’estime des jeunes, mais pèse aussi sur la charge de travail des enseignants.  

Une solution qui permettrait à la fois d’alléger la tâche des enseignants et de répondre à cette problématique sociale serait d’abolir le parcours régulier dans les écoles secondaires du Québec. Une solution similaire visant à rendre les projets particuliers plus accessibles et nombreux a d’ailleurs été annoncée par le ministre de l’Éducation dans son plan des priorités présenté en janvier 2023.  


Source: Facebook École Internationale du Phare

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