Mer. Avr 24th, 2024

Par Estelle Lamotte

La réforme du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR), promise pour la rentrée 2022, se voit à présent reportée d’un an. Le ministère de l’Éducation prévoit des projets pilotes répartis sur deux ans avant d’implanter la version définitive du programme à l’aube de l’automne 2023.

De ce fait, une prémisse du projet sera mise à l’essai à partir de l’automne prochain dans huit écoles secondaires ainsi qu’au sein de douze écoles primaires.

Une réforme comme réponse à trois enjeux principaux

Face à une sordide constatation concernant les résultats de l’anxiété chez les jeunes (en particulier au secondaire), le ministre de l’Éducation, Jean François Roberge, parie sur une réforme du cours d’éthique et culture religieuse (ECR). Selon ce dernier, le fait d’outiller les jeunes en matière de développement de soi et de relations interpersonnelles au début de leur parcours scolaire va permettre de « prévenir des problèmes qui sont plus graves », comme il l’a expliqué au journal Le Devoir à la fin octobre.

Ainsi, le nouveau programme s’oriente en trois volets principaux. Un volet culturel à l’image de l’histoire du Québec, relevant du « devoir de chaque nation de protéger et de promouvoir sa culture, son héritage et ses particularités propres », comme le mentionne ministère de l’Éducation. Un volet citoyenneté, permettant à l’élève de comprendre les fondements de la citoyenneté québécoise et de ses valeurs, à l’instar de la liberté et du respect. Puis, un dernier volet concernant le développement de la pensée critique par la pratique du dialogue.

Une refonte du programme, vers une transition réussie?

Parce que les contenus académiques se révèlent caducs lorsqu’ils n’évoluent pas en diapason avec la société à laquelle ils appartiennent, Jean François Roberge affirme une volonté de « réforme en profondeur ». Il estime que cette révision s’impose, 12 ans après la mise en place du cours d’ECR par le gouvernement libéral de Jean Charest.

Alors, l’intégration du cours d’éducation sexuelle est placée en ligne des mires des projets. De plus, un volet environnemental est envisagé, afin d’amener les jeunes à développer un jugement critique, notamment sur « l’utilisation responsable des ressources naturelles ». En outre, le programme visera l’abord des enjeux liés au numérique, à l’image d’un cours portant sur la protection des données personnelles et de l’éthique.

Une mise en exergue des tensions inhérentes à l’école

Le Québec possède, par son histoire, un riche patrimoine religieux dont subsistent nombre de commémorations visibles au travers de son architecture, de ses institutions, et de ses mœurs. Il s’agit d’entrevoir l’enseignement de la culture religieuse comme une ouverture. Néanmoins, de nombreux parents contestent le fait que leurs enfants soient exposés à d’autres religions, considérant la religion dominante comme un reliquat obsolète. L’enjeu illustre les tensions inhérentes aux finalités éducatives, entre instruction et socialisation, l’une davantage axée envers le curriculum et l’autre, plus élargie, comprenant des dimensions plus tacites, relevant des combats sociétaux actuels.


Crédit photo @ Tristan Nitot

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