Par Roxanne Blais
Après 15 ans, Le mystère d’Irma Vep retourne sur les planches des théâtres partout au Québec. La pièce permet à Serge Postigo et Éric Bernier d’incarner l’entièreté des personnages avec une agilité déroutante. L’œuvre présente une grande variété d’humour à plusieurs degrés qui provoquait l’hilarité au Centre culturel de Sherbrooke le 9 janvier dernier.
Un pâté chinois anglais
Une histoire versant dans l’absurde et ayant des apparences parfois décousues, Le mystère d’Irma Vep réussit à sortir le spectateur de sa zone de confort pour l’emmener vers un monde qui le sort des conventions. Par l’intervention de plusieurs personnages aux couleurs flamboyantes et distinctives, plusieurs blagues adaptées à plusieurs degrés d’humour fusent et déclenchent rapidement les rires de façon parfois inattendue. Malgré le contexte anglais des années 1840, ces clins d’œil se révèlent souvent adaptés aux Québécois des temps modernes et brisent de temps à autre le quatrième mur pour s’adresser directement au spectateur.
Le récit se tisse autour de Lord Hillcrest, le maître des lieux, de sa nouvelles épouse, Lady Enid, et de Jane et Nichodemus, leurs domestiques. L’arrivée nouvelle de Lady Enid au manoir de Madacrest remue le quotidien de tous les personnages, encore hantés par le souvenir de Lady Irma Vep, l’ancienne maîtresse des lieux, décédée trois ans auparavant. Entre loups-garous, momies et vampires, le public est rapidement plongé dans le fantastique et dans une ambiance mystérieuse.
Une danse sans queue ni tête
C’est sans ménagement que Serge Postigo incarne le domestique Nicodemus, puis Lady Enid, puis encore Nicodemus alors que Éric Bernier devient la domestique Jane, puis Lord Hillcrest, puis encore Jane dans un enchâssement de pas parfait. C’est une danse rapide se situant entre 60 et 70 changements de costumes qui ne laisse place à aucune erreur et à aucun faux pas. Plusieurs autres personnages se mêlent à cette belle folie qui prend progressivement une forme irrégulière.
Les comédiens arrivent aisément à changer de vêtements comme de visages. Ils arrivent à faire oublier au public les limites des effectifs et incarnent les deux sexes dans un jeu qui laisse parfois place à l’interprétation. Tous les personnages aspirent expressément au bonheur sans être en mesure de l’atteindre puisqu’ils refoulent tous une partie d’eux-mêmes.
Dans les démêlés actuels que vit Juste pour rire, la pièce se révèle parfois audacieuse au sujet des femmes, interprétées par des hommes. Dans cette quête de la découverte et de l’acceptation de soi que vivent les personnages, il semble curieux que celles-ci – qui correspondent à des rôles de victimes et qui composent la majorité – soient dépeintes sans plus d’implication féminine. Les personnages masculins quant à eux correspondent davantage à des rôles de héros et s’avèrent peu nombreux. Leurs rôles s’avèrent appropriés d’une certaine manière par des hommes comme c’était le cas dans le passé lorsqu’un seul sexe pouvait performer au théâtre.
Somme toute, Le mystère d’Irma Vep se révèle un spectacle ou le jeu des deux comédiens permet au spectateur de voyager dans un délicieux univers de folie au travers de sublimes décors. Ils repoussent les frontières du coutumier et versent dans un burlesque et un humour qui nous permettent d’admirer une prestation rafraîchissante et intrigante.
Crédit Photo @ Centre Culturel de l’UdeS
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