Mar. Juil 23rd, 2024

Par Ismaël Lamoureux 

Sa voix profonde, son élégance et son charisme continueront de raisonner d’un océan à l’autre. Brian Mulroney, premier ministre du Canada de 1984 à 1993, est décédé paisiblement à l’âge de 84 ans, le 29 février dernier. Depuis, les éloges fusent de toute part. La classe politique entière rend hommage à un grand politicien qui écrit déjà les livres d’histoires.  

Du « p’tit gars de Baie-Comeau » à premier ministre  

Brian Mulroney, né d’une famille ouvrière aux origines irlandaises, savait dès son jeune âge qu’il voulait faire de la politique. Déjà un orateur hors pair, celui qui a notamment étudié en droit à l’Université Laval devient chef du parti progressiste-conservateur en 1983 après avoir été défait dans la course à l’obtention de ce poste en 1976 contre Joe Clark. En 1984, il devient le 18e premier ministre du pays, élu avec la plus forte majorité de l’histoire, dont plusieurs sièges au Québec.  

Le « beau risque »  

M. Mulroney croyait fortement à la place du Québec dans le Canada. La non-inclusion de la province francophone lors du rapatriement de la constitution en 1982 par son prédécesseur libéral Pierre Elliot Trudeau est à la base de l’une de ses quêtes politiques les plus importantes. Selon lui, le Canada devait faire une place au Québec dans la fédération canadienne pour qu’il puisse y être accueilli « dans l’honneur et dans l’enthousiasme ». Le premier ministre avait réussi à convaincre plusieurs souverainistes du Québec, dont René Lévesque. L’échec du lac Meech en 1990, en raison du refus des provinces de Terre-Neuve et du Manitoba de ratifier l’accord, a profondément affecté le politicien, qualifiant l’événement du plus « difficile » de sa carrière.  

Cet événement houleux a été suivi de la démission de son ministre de l’Environnement et ami de l’université, Lucien Bouchard. Celui qui deviendra plus tard premier ministre du Québec a claqué la porte du parti progressiste-conservateur pour fonder le Bloc Québécois, un parti indépendantiste sur la scène fédérale. Les deux hommes auraient renoué d’amitié seulement il y a quelques mois.  

Le référendum de Charlottetown, qui représentait une seconde tentative de modification de la constitution, a été rejeté par les Canadiens en 1992, faisant rejaillir la cause souverainiste au Québec.  

Une diplomatie canadienne influente  

Outre les tentatives constitutionnelles, on reconnaît au gouvernement Mulroney ses ambitions environnementales, particulièrement l’entente qu’il a signée avec le président américain George H. W. Bush pour lutter contre les pluies acides. Également, c’est au cours de son mandat que le gouvernement a négocié l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) alors fortement critiqué par les partis d’opposition, lesquels craignaient que le Canada devienne à la solde des États-Unis. Trente ans après cette entente, force est de constater que l’économie canadienne en a profité considérablement.  

Il ne faudrait pas oublier son opposition contre le régime de l’apartheid en Afrique du Sud et son soutien à la libération de Nelson Mandela, qui ont mis en relief son intérêt prépondérant pour la justice sociale et la démocratie dans le monde. 


Source: Government of Alberta Flickr

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