Par Jacob Desrosiers
Le 18 septembre dernier, il a été dévoilé qu’une enquête est en cours sur un possible lien entre le gouvernement indien et le meurtre d’un dirigeant d’un temple sikh en Colombie-Britannique, l’été dernier. L’événement en soi est survenu dans un contexte de vives tensions entre le gouvernement Narendra Modi et la communauté sikhe en Inde militant activement pour l’instauration d’un État sikh, le Khalistan.
Selon le professeur Serge Granger, une implication indienne dans cet événement survenu en sol canadien peut révéler l’intention suivante de la part du gouvernement Modi : « tuer dans l’œuf toute velléité séparatiste en provenance du mouvement du Khalistan ». Depuis, les relations indo-canadiennes vivent une période difficile caractérisée par l’expulsion de diplomates canadiens et indiens, ainsi que par la suspension du traitement de demandes de visas émises par des citoyens canadiens jusqu’à tout récemment.
Le tout devient encore plus intéressant lorsqu’on prend en compte les récents efforts effectués par Ottawa l’été dernier pour se rapprocher de l’Asie du Sud-Est au niveau commercial; surtout de l’Inde, alors que les relations sino-canadiennes sont tout sauf à leur paroxysme. Est-ce que cette reprise du traitement de visas indiens au Canada pourrait incarner un signe de rapprochement entre les deux États?
Reprise des demandes de visas indiens
Selon Radio-Canada, l’Inde a récemment repris le traitement de demandes de visa effectuées à partir d’Ottawa et des consulats à Toronto et Vancouver. La décision initiale avait été prise après les révélations de M. Trudeau en Chambre concernant l’enquête, mais plus précisément à la suite d’affirmations selon lesquelles la protection des diplomates indiens en sol canadien était inadéquate. La révocation de cette décision aurait été prise en fonction d’un « […] examen réfléchi de la situation en matière de sécurité, qui prend en compte certaines mesures canadiennes récentes à cet égard ».
Il s’agit certainement d’une bonne nouvelle qui pourrait permettre d’alléger des tensions, toutes choses considérées. Cependant, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, car un événement bien particulier rappelant de douloureux souvenirs pourrait potentiellement influencer les chances de rapprochement.
L’élément Air India
Selon des informations du Vancouver Sun reprises par Radio-Canada, une vidéo non authentifiée circule sur les réseaux sociaux dans laquelle Gurpatwant Singh Pannun, représentant du groupe militant américain Sikhs For Justice, appelle à un boycottage généralisé des vols de la compagnie Air India à compter du 19 novembre prochain. Même si Radio-Canada affirme que M. Pannun fait mention de « danger pour la vie » dans la fameuse vidéo, ce dernier a nié catégoriquement avoir émis toutes menaces dans une déclaration subséquente et que ses paroles ont été citées hors contexte.
La raison pour laquelle cet élément d’actualité est si important est parce qu’il éveille le douloureux souvenir de l’attentat le plus meurtrier de l’histoire canadienne commis à bord d’un vol d’Air India, le 29 juin 1985, et officiellement attribué à une conspiration menée par des séparatistes sikhs. Forcément, la GRC enquête activement sur ce que l’on considère des « menaces contre des vols d’Air India » alors que les représentants étatiques indiens demandent que les « menaces » soient prises au sérieux.
Source: Flickr Fitu Ashrafi
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