Sam. Juil 20th, 2024

Par Victor Dionne 

Il y a bientôt trois ans, l’Assemblée nationale adoptait le controversé projet de loi 21, soit la Loi sur la laïcité de l’État. Au début du mois de janvier, la firme Léger dévoilait les résultats d’un sondage en ligne concernant son appui. Loin de faire l’unanimité, 55 % des répondants se disaient en faveur de l’interdiction du port de symbole religieux par les enseignants. Pour diffuser davantage d’information sur le sujet à la population, le gouvernement caquiste a lancé le Programme d’appui à la laïcité en décembre 2021.  

Laissant perplexe la communauté scientifique, ce Programme a pour but de subventionner la recherche scientifique sur la laïcité de l’État et sa vulgarisation. Avec un budget annuel de 100 000 dollars, les spécialistes s’interrogent sur sa neutralité politique. 

Les faits 

Les conseils fournis au gouvernement en matière de laïcité proviennent du Secrétariat à la réforme des institutions démocratiques, à l’accès à l’information et à la laïcité. Le Programme d’appui à la laïcité fournit donc au Secrétariat des connaissances qui alimenteront ses réflexions, lui permettant de mieux orienter les hautes instances provinciales.  

D’après le site du gouvernement, il vise premièrement à développer des partenariats avec des chercheurs et chercheuses qui ont un intérêt pour la laïcité québécoise. Deuxièmement, il prétend au soutien de la diffusion et de la vulgarisation des résultats au grand public, tant au Québec qu’ailleurs. Puis, il aspire à encourager la recherche concernant la laïcité de l’État. 

Ce projet repose sur deux objectifs. Il va tenter d’« appuyer le déploiement des connaissances sur la laïcité de l’État » en plus de « promouvoir le modèle québécois défini par la Loi sur la laïcité de l’État ». 

Légitimité scientifique? 

Plusieurs spécialistes de la recherche se sont exprimés à l’égard du Programme d’appui à la laïcité. Dans un article de La Presse du 21 janvier dernier, trois professeurs d’universités différentes soulevaient des interrogations face à la neutralité scientifique des projets de recherche. Le deuxième objectif, faisant la promotion de la loi québécoise sur la laïcité, est particulièrement problématique selon les experts. 

L’un de ceux-ci, l’historien des sciences Yves Gingras de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), mentionnait l’importance de la neutralité politique dans la recherche : « On peut comprendre que [promouvoir le modèle québécois défini par la Loi sur la laïcité de l’État] soit l’objectif du Secrétariat, mais pas l’objectif d’un programme de subvention. La recherche doit être libre, sinon ce n’est pas de la recherche, c’est de l’idéologie. » 

Si le gouvernement oriente idéologiquement les résultats des recherches du Programme, l’apolitisme est contestable. À quelques mois des élections provinciales, la Coalition Avenir Québec (CAQ) ne peut se permettre des ambiguïtés comme celle-ci. La laïcité est encore un sujet sensible, et chaque décision la regardant pourrait être fatale.  


Crédit image @ Renart Leveillé

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