Mar. Juil 23rd, 2024

Par Philippe Carrière 

Le gala des prix JUNO souligne tout le talent derrière l’enregistrement de la musique au Canada et constitue la plus grande remise de prix au pays. L’auteure-compositrice-interprète et réalisatrice inuk, Elisapie Isaac, y a reçu les grands honneurs. Non seulement a-t-elle interprété avec brio et émotion la chanson Heart of Glass de Blondie dans sa langue maternelle, mais c’est elle qui a remporté le trophée remis à l’Artiste ou le groupe autochtone contemporain de l’année grâce à la douce mélodie de son dernier album Inuktitut. 

Le projet Inuktitut, comme elle l’appelle, est bien plus qu’une reprise de classiques traduits et interprétés dans sa langue maternelle. Il s’agit d’une véritable liste de lecture d’une autobiographie émotive. Chaque titre de cet album réalisé par Joe Grass est adressé à un proche ou lié à un récit intime qui a façonné la personne qu’elle est aujourd’hui. Par cet acte de réappropriation culturelle, Elisapie raconte son histoire, offre ces chansons en cadeau à sa communauté, et fait résonner sa langue et sa culture au-delà des frontières du territoire des Inuit.  

Elisapie est bien plus qu’une simple artiste. Originaire de Salluit, un village dissimulé dans les paysages majestueux du Nunavik, l’âme de sa musique est enracinée dans la culture inuite, dans laquelle, selon elle, « tout le monde y est des créateurs et des âmes libres ». Ayant grandi dans un univers où le temps se mesure aux saisons et où les histoires se transmettent de génération en génération, elle parle l’inuktitut, sa langue maternelle. Celle-ci est son souffle, son inspiration et son cri de liberté qui lui ont permis de « raconter de vraies histoires » et ainsi, de remporter le prix, qu’elle dédie à ses oncles, à Salluit. 

À l’image de sa victoire, elle semble être bien plus qu’une chanteuse ; elle est une porte-parole, une activiste qui lutte pour la préservation de sa culture et pour la protection de sa terre natale. À en entendre son discours de remerciement, ses mots sont de véritables armes de résistance, et sa musique, qui a retenti plusieurs fois au Scotiabank Center d’Halifax pendant la cérémonie, se veut être une ode à la beauté brute du Grand Nord. Gardienne de traditions, Elisapie profite de sa tribune pour rappeler que sa communauté était jadis nomade et qu’elle a dû devenir sédentaire : chanter dans sa langue maternelle est pour elle une manière de faire comprendre au reste du monde ce qu’elle est.  

Son parcours artistique a déjà été marqué par de nombreux succès, dont un prix Juno en 2005 avec son groupe Taima. Son album The Ballad of the Runaway Girl, sorti en 2018, a été salué par la critique, figurant sur la liste du prix Polaris, et recevant plusieurs prix Félix ainsi qu’une nomination aux Juno. Elle a partagé son talent sur scène avec l’Orchestre Métropolitain de Montréal, a joué au SummerStage Festival à Central Park, a participé à une session Tiny Desk de NPR et s’est produite dans de nombreux événements internationaux.  


Source: lee or wild

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