Ven. Avr 19th, 2024

Par Alexandre Leclerc

La Ligue de Hockey junior majeur du Québec (LHJMQ) subit actuellement des changements majeurs avec le départ du commissaire Gilles Courteau après plus de 35 ans de services, l’arrivée de son successeur Mario Cecchini, des commissions parlementaires sur les initiations douteuses au hockey… Mais la décision la plus houleuse pour les amateurs de sports, c’est probablement la récente décision d’interdire les bagarres. Une proposition particulièrement polarisante, tant chez les amateurs que chez les experts.

Des pressions politiques

C’est l’assemblée des propriétaires des équipes membres de la LHJMQ qui s’est finalement prononcée le 7 mars dernier en faveur de l’abolition des bagarres. Des discussions avaient lieu depuis un petit moment déjà, et, récemment, la ministre déléguée au Sport, au Loisir et au Plein air, Isabelle Charest, a fortement milité en ce sens, sous l’impulsion de l’ancien dur à cuire et député libéral Enrico Ciccone.

Rappelons que la LHJMQ regroupe des joueurs ayant entre 16 et 20 ans, et que les principaux arguments en faveur de cette abolition sont la disparité physique entre les joueurs et, évidemment, les conséquences sérieuses causées par les commotions cérébrales. On parle ici de perte de mémoire menant à l’Alzheimer, des problèmes de motricité, et une plus grande propension aux idées suicidaires. Pour certains, c’était un processus inévitable, dans la lignée d’autres règlements visant à protéger davantage les joueurs. Pourtant, c’est une décision qui est loin de faire l’unanimité.

Interdire ou pénaliser?

Certes, le hockey moderne est rendu bien loin de celui dépeint dans Slap Shot ou Les Boys. Les amateurs sont moins friands qu’auparavant de la violence et des combats. Mais pas tous. Certains s’inquiètent sur les réseaux sociaux que cette interdiction ait des conséquences dans la Ligue nationale de hockey (LNH), où la disparité physique n’est pas aussi importante. Les combats, pour eux, ont une certaine importance morale, et rares sont ceux qui mènent à des conséquences graves.

Le point de vue le plus intéressant provient toutefois de certains experts, notamment Guy Boucher, sur le fait qu’interdire les bagarres ne signifie pas qu’elles disparaîtront totalement. Dans des propos tenus dans l’émission « On jase » sur les ondes de RDS, les rendre illégales risque certes de diminuer leur nombre, mais pourrait également en augmenter la violence. Il croit que, si les arbitres ne parviennent pas à rendre justice lors de mises en échec dangereuses, les joueurs se feront justice eux-mêmes, ce qui mènera à des débordements incontrôlables. Pour lui, il vaut mieux légiférer davantage et encadrer les combats plutôt que de les rendre illégaux.

Cette décision n’a pas fini de faire jaser et, si, pour l’instant, cela ne touche que la LHJMQ, il n’est pas impossible que la décision fasse son chemin auprès de l’association des joueurs de la LNH. Le hockey est le seul sport qui autorise les bagarres dans ses pratiques (à l’exclusion évidemment des sports de combat), et la pratique moderne du sport, plus rapide et dynamique, laisse de moins en moins de place aux bagarres qu’avant. Quoi qu’il en soit, ce type de changements majeurs fait toujours l’objet de débats lors de leur implantation, et, souvent, le temps leur donne raison. Est-ce qu’on reviendrait à l’époque où les joueurs pouvaient jouer sans casque ? Je ne le crois pas.


Crédit image @Getty Images

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