Mar. Juil 23rd, 2024

Par Pierre-Nicolas Bastida Tousignant 

Le Gouverneur de la Banque du Canada (BdC), Tiff Macklem, répète que l’institution mettra tout en œuvre pour ramener l’inflation à 2 %. Pourtant, en août dernier, le niveau d’inflation au Canada s’élevait à 4 %, un taux s’écartant délicatement de la fourchette cible de la BdC, située entre 1 et 3 %. Mais jusqu’où ira la Banque du Canada pour atteindre son objectif 

Des indicateurs macroéconomiques clés peuvent nous apporter une bonne idée des futures prises de décisions de la BdC. Cela dit, ces prévisions comportent toutes leur lot d’incertitudes. Voyons comment ces indicateurs se comportent afin d’émettre une prévision cohérente de la décision que la BdC prendra le 25 octobre prochain. 

La vision des entreprises 

En date du mois d’août, le taux de chômage canadien s’établissait à 5,5 %, la proportion de postes vacants au pays poursuivant sa tendance baissière. En valeur absolue, cela signifie que l’emploi se maintient et croît de façon plus rapide que le niveau de chômage. Le marché de l’emploi tarde donc son ajustement.  

De surcroit, selon l’enquête sur les perspectives des entreprises, les compagnies canadiennes s’attendent à une augmentation globale des salaires de l’ordre des 4,5 % sur un an. De plus, les entreprises s’attendent à un ralentissement de leurs volumes de vente (-6 %). Pourtant elles s’attendent à un ralentissement de la fréquence de changement des prix, ainsi qu’une possibilité de réduction des coûts de production. En somme, les entreprises s’attendent à une inflation modérée de 3,8 %, avec une tendance à la baisse pour l’année 2024. 

L’impact sur les consommateurs 

Pourtant, l’enquête sur les attentes des consommateurs indique que les personnes canadiennes s’attendent à ce que l’inflation se maintienne à un niveau de 5,1 % sur un horizon d’une année. Il faut garder en tête que l’inflation sur les denrées alimentaires s’élevait à 6,9 % en août dernier. L’alimentation représenterait 11 % des dépenses d’un citoyen canadien moyen, mais cette proportion tend à dépasser 20 % pour les personnes à faible revenu ou les personnes étudiantes.  

Outre ces perceptions, il faut considérer qu’actuellement, les Canadiens et les Canadiennes se préoccupent majoritairement de la hausse des loyers et des paiements hypothécaires. Les attentes relatives à ceux-ci atteignent 4,3 % d’augmentation. Au même moment, les attentes d’augmentation des salaires restent relativement élevées. 

Quel bilan? 

À la lumière de ces chiffres, il est logique que la BdC ait annoncé un maintien de son taux à 5 % en date du 6 septembre. La décision de maintenir son taux stable lui permettra d’évaluer comment l’économie se comportera d’ici la prochaine annonce. Toutefois, il se pourrait, en présence d’une tempête parfaite, que la BdC décide de relever son taux directeur le 25 octobre prochain.  

Pour que cela arrive, il faudrait que le chômage diminue sous les 5 %, les salaires augmentent au-dessus des 4,5 %, que les dépenses gouvernementales maintiennent leurs croissances et que les prix du marché immobilier restent élevés. L’augmentation de l’inflation pour le mois d’août étant principalement due à une augmentation des prix de l’énergie, la situation pourrait s’avérer différente lors du prochain recalcul. Mais fort est à parier que le taux directeur se maintiendra à 5 % en date du 25 octobre 2023. 


Source: Wikimedia

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