Ven. Mar 29th, 2024

Par Vanessa Exama

Le 11 mai 2020, la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne, Dominique Anglade, devient la chef du Parti libéral du Québec (PLQ). Suite au désistement de Monsieur Cusson à la course à la direction du PLQ, Madame Anglade devient dès lors l’actuelle chef de l’opposition. Elle représente donc la première femme à diriger le parti ayant 151 ans d’existence et la première femme noire à la tête d’un parti politique dans la province. Le premier ministre François Legault a notamment félicité son ancienne collègue sur Twitter en mentionnant qu’il avait bien hâte de débattre avec elle.

Bref portrait

Née à Montréal de parents haïtiens, Dominique Anglade est titulaire d’un baccalauréat en génie industriel de l’École Polytechnique de Montréal et d’une maîtrise en administration des affaires (MBA) de HEC Montréal. Elle commence son parcours professionnel en 1996 chez Procter & Gamble en tant qu’ingénieure. Âgée de 24 ans, soit deux ans plus tard, elle devient chef d’un département d’opérations, dirigeant ainsi plus de cent employés. Elle continue de se démarquer tout au long de sa carrière auprès des diverses entreprises où elle travaille, pour finalement faire partie des braves femmes qui se lancent dans le monde de la politique. De 2012 à 2013, elle rejoint les rangs de la Coalition avenir Québec (CAQ), puis se rallie au Parti libéral du Québec en 2015. C’est ainsi qu’elle est élue députée de la circonscription Saint-Henri–Sainte-Anne, puis nommée vice-première ministre et ministre de l’Économie. Cheffe de l’opposition, Madame Anglade a reçu plus de 25 distinctions, prix et bourses. En 2017, le Prix de la diversité culturelle lui a ainsi été remis par Actions interculturelles, un organisme sherbrookois visant le vivre-ensemble et favorisant les échanges interculturels.

Plus de femmes en politique au Québec

Alors que les Québécoises ont obtenu leur droit de vote et de candidature plus tard que celles des autres provinces canadiennes, aujourd’hui le Québec est un exemple en matière de parité parmi le Canada, détenant le plus haut taux de femmes élues, soit 44 % aujourd’hui. C’est le 25 avril 1940 que les femmes possèdent le droit de vote ainsi que le droit de se porter candidates aux élections. Ce n’est que 21 années plus tard, en 1961, que l’Assemblée nationale accueille sa première députée. Malgré l’augmentation du taux des femmes en politique, la représentation de ces dernières nécessite encore une nette amélioration. Le Conseil du statut de la femme explique les obstacles à l’implication des femmes sur la scène politique « par la socialisation qui diffère dès le plus jeune âge entre filles et garçons, par le partage inégal du travail domestique et familial, par le manque de ressources financières des femmes ou encore par la culture des partis et des institutions politiques qui ne mettent pas toujours en place les mesures nécessaires pour augmenter le nombre de femmes dans leurs rangs ».

Certaines personnes dans la province ont laissé savoir leur appui à l’adoption d’une loi qui obligerait les partis politiques au Québec à présenter au moins 50 % de femmes aux élections.

Esther Lapointe, la directrice générale du Groupe Femmes, Politique et Démocratie, un organisme à but non lucratif qui milite pour une plus grande participation des femmes à la vie politique, estime que ce type de loi est nécessaire, d’autant plus que les formations politiques québécoises sont financées par les fonds publics.

Minorités visibles, moins visibles

Certes, nier l’évolution de l’implication politique des minorités ethnoculturelles au Québec ne donnerait pas un portrait juste de la situation dans la province. D’un point de vue historique, la belle province a fait plusieurs avancées. En 1976, le premier député noir de l’histoire du Québec a été élu. Jean Alfred, candidat péquiste d’origine haïtienne, représentait la circonscription de Papineau, en Outaouais. En 2007, le Québec est témoin de la première personne noire ayant accédé à la position de ministre, Yolande James, ministre de l’Immigration. Puis, s’ajoute Maka Kotto, ministre de la Culture en 2012, suivi de Dominique Anglade en 2016.

Malgré les événements témoignant d’un Québec progressiste, les chiffres actuels semblent révéler une réalité autre. Lors de la dernière élection provinciale, le 14 août 2018, bien que la proportion de la population des minorités visibles au Québec soit de 13 %, la moyenne pour les quatre partis représentés à l’Assemblée nationale est de 7 %. Les deux partis politiques dénombrant le plus de candidats issus de minorités visibles sont Québec solidaire, avec 10 %, et la Coalition Avenir Québec, avec 9 %. Le Parti québécois et le Parti libéral du Québec, qui se sont partagé le pouvoir depuis 50 ans, affichent un taux respectif de 6 % et 5 %.

Le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) souligne que les obstacles culturels, historiques et structurels et institutionnels peuvent expliquer la sous-représentation des minorités ethnoculturelles en politique. Quoique le Québec ait évolué sur plusieurs aspects, certains préjugés demeurent un frein à une plus grande participation des membres des communautés culturelles.

Ainsi, il pourrait être bénéfique de s’inspirer des mesures pour atteindre l’égalité homme-femme, que cela soit par le biais de la sensibilisation et de création de politiques. En appliquant ces solutions, rêver d’un Québec leader sur la scène nationale en ce qui concerne la parité, mais également la représentation des personnes issues des communautés culturelles sur le plan politique, ne serait pas fou.


Crédit Photo @ Dominique Anglade

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