Mar. Juil 23rd, 2024

Par Émilie Oliver 

En excluant la saison 2019-2020, en grande partie écourtée en raison de la pandémie, le nombre de blessures dans le sport professionnel a considérablement augmenté, tous sports majeurs confondus. Alors qu’il était commun de voir plusieurs stars de la NBA jouer tous les matchs de la saison régulière il y a 30 ans, seulement 10 joueurs sur les 390 athlètes actifs ont, pendant la saison 2024, joué lors de chacune des rencontres. 

Les théories  

Plusieurs pointent du doigt l’accumulation de stress sur les corps des joueurs tout au long de leur carrière. La spécialisation hâtive des jeunes athlètes étant un phénomène gagnant en popularité, certains tirent rapidement un parallèle entre les étoiles montantes qui débutent leur carrière « professionnelle » de plus en plus tôt, en mettant de côté la pratique sportive d’autres disciplines. Cet excès d’un seul et même sport cause un usage trop concentré sur certains groupes musculaires et articulations dès leur jeune âge.  

D’autres mettent de l’avant l’évolution des ligues, qui sont généralement centrées sur un mouvement de plus en plus accéléré du ballon. Pour reprendre exemple du basketball, ou les stratégies étaient autrefois axées sur le jeu intérieur et les mouvements simples, le sport s’est métamorphosé en concours d’agilité et de vitesse sur le terrain, ce qui pousse les joueurs à effectuer des coupes raides et des changements de direction brutaux. L’occurrence plus fréquente de ce type de mouvements violents semble mettre une pression énorme sur le corps, augmentant ainsi le risque de blessures graves.  

Une autre piste de solution proviendrait de l’industrie du sport. Alors qu’elle représente actuellement des centaines de milliards de dollars, on prévoit une croissance allant jusqu’à 680 milliards de dollars d’ici 2028, selon Statista. Avec de telles sommes, il est clair que les ligues tentent de dynamiser au maximum leurs activités et de faire en sorte que chaque match soit un retour sur investissement, notamment par un calendrier de matchs plus volumineux, créant ainsi davantage de revenus. Bien que les joueurs profitent également de cette croissance, par l’augmentation de leur salaire et de leurs avantages, leur corps écope du gonflement du calendrier de la saison.  

Pour compenser cette hausse de volume, les équipes de la NBA ont mis sur pied une stratégie de repos pour leurs joueurs étoiles. Ces derniers restaient donc sur le banc lors des affrontements hors de portée, ou qui avaient de fortes chances de se terminer par une victoire convaincante.  

À cette stratégie, la NBA a rétorqué en instaurant une nouvelle règle qui dicte que les joueurs doivent participer à au moins 65 des 82 matchs de la saison régulière de la ligue pour pouvoir prétendre à des récompenses telles que le Joueur par excellence (Most Valuable Player, MVP) ou les équipes All-NBA. Bien qu’elle ait mis de l’avant à plusieurs reprises que la santé de ses joueurs était une priorité, tout semble être une question d’équilibre entre l’aspect monétaire et l’aspect de sécurité.  

Les coupables semblent être multiples 

Dans une ère où le repos et la récupération sont prioritaires, certains craignent que les joueurs ne perdent leur résilience physique et deviennent plus vulnérables aux blessures. Évidemment, aucune cause ne peut être complètement écartée et tout porte à croire qu’une multitude de facteurs combinés pourraient être à l’origine des blessures qui ne semblaient pas aussi fréquentes au début du siècle.  

Et pour les athlètes amateurs? Pour les jeunes? 

Si les athlètes professionnels semblent de plus en plus enclins aux blessures, peut-on en conclure que les sportifs récréatifs le sont également? Encore une fois, les résultats semblent mitigés. Évidemment, une pause forcée du sport organisé, tel que nous l’avons vécue lors du confinement, contribue à ce qu’on appelle le déconditionnement. Défini comme « l’ensemble des conséquences physiques, mentales et sociales liées à l’inactivité, à une période de sédentarité ou à la sous-stimulation intellectuelle et sociale » par le gouvernement québécois, ce phénomène s’est installé massivement chez tous les athlètes, peu importe leur niveau, pendant le confinement. Alors que les sportifs du dimanche ont vu leur volume réduit, les corps de ces derniers sont passés de plusieurs dizaines d’heures d’entraînement par semaine, à 0. Maintes hypothèses expliquant l’augmentation de blessures post-confinement soulèvent l’importance de la hausse graduelle des charges et du volume d’entraînement. Alors que le commun des mortels a pu prendre plusieurs semaines pour réinstaurer le cours de leur activité physique habituelle, l’industrie sportive a tenté de se remettre en place le plus rapidement possible, forçant une accélération du rythme de retour des athlètes.  

Bien qu’une situation telle que le confinement soit relativement isolée et qu’un déconditionnement massif ne risque pas de se reproduire annuellement, des phénomènes à moindre échelle sont observables tous les jours. Pour les enfants, la sédentarité et la diminution générale de l’activité physique peuvent contribuer à la diminution de la croissance motrice, mettant les jeunes à risque de blessures lors de l’âge adulte ou même dès leur enfance. Comme tout type de développement lors de l’enfance, le développement moteur joue un rôle crucial auprès des capacités physiques de l’adulte et influe également sur la résilience face aux blessures.  

Au contraire, chez les aînés, le déconditionnement est relativement fréquent et cause dans plusieurs cas une entrée hâtive à l’hôpital pour des blessures qui auraient pu être évitées.  

Évidemment, une longévité accrue est associée aux habitudes de repos, de musculation, de proprioception (perception de la position des différentes parties du corps sans avoir recours à la vision), d’équilibre, de prévention et de réhabilitation. Une étude sur l’équilibre, par exemple, portant sur 26 000 personnes ayant subi 3 500 blessures, témoigne sans équivoque qu’un bon équilibre réduisait les risques de blessure de 35%, alors qu’une musculature développée contribuait à une réduction de 70% des blessures.  


Source: Getty images

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Cheffe de pupitre SPORTS ET BIEN-ÊTRE pour le Journal Le Collectif | Site web

Sportive depuis son plus jeune âge, Émilie a à coeur la santé, le sport et le bien-être. Elle a obtenu son baccalauréat en communications appliquées en 2021 tout en étant étudiante-athlète auprès du V&O Rugby. Elle poursuit ses études au certificat en langues modernes. 

Fervente des sports émergents, elle s’efforce de porter l’attention de la communauté étudiante vers les nouvelles disciplines, tout en mettant en lumière les sports établis et populaires. Elle est fière de pouvoir mettre son grain de sel à la section Sport et Bien-être depuis déjà quelques années.