Par Rémi Brosseau-Fortier
Dans le contexte de la guerre en Ukraine ainsi que du conflit opposant le Hamas et l’État d’Israël, les États-Unis fournissent des armes et des prêts financiers à ses alliés. Au même moment, à l’abri des projecteurs, l’île de Taïwan s’est également vu octroyer une nouvelle aide de 80 millions USD par l’Oncle Sam.
Au début du mois de novembre, le président Joe Biden a signé cette aide financière octroyant des armes à Taïwan. Celle-ci s’additionne au montant total de plus de 14 milliards USD déjà offert ces dernières années au gouvernement de l’île, comme le rapportait BBC. Toutefois, ce nouveau montant provient directement des poches des contribuables américains et est attribué à un État que les États-Unis ne reconnaissent pas officiellement : une première en plus de 40 ans. En effet, Washington maintient officiellement la posture de l’« ambiguïté stratégique » depuis le Taiwan Relations Act de 1979, mais l’intensification de l’aide militaire au gouvernement taïwanais vient rebrasser les cartes.
Des fonds pour renforcer l’armée taïwanaise
En réponse à la rivalité sino-américaine et aux pressions chinoises contre le gouvernement taïwanais, ces fonds seront utilisés pour moderniser l’équipement militaire vieillissant. En effet, selon Wang Ting-yu, un législateur taïwanais membre du parti au pouvoir, l’intensification de l’aide militaire des États-Unis souligne l’urgence pour Taïwan d’améliorer ses capacités militaires terrestres. Si Taïwan cherche à maximiser sa défense maritime et aérienne, plusieurs analystes interviewés par BBC soulignent toutefois les lacunes de son armée de terre : le manque de formation de son infanterie, l’équipement obsolète et le sous-financement chronique.
Le gouvernement de Taipei espère donc que l’aide financière américaine se poursuive dans les prochaines années pour dissuader une possible invasion chinoise. Toutefois, la position du gouvernement de la présidente sortante Tsai Ing-wen ne fait pas consensus au sein de la société taïwanaise.
Un enjeu sensible en contexte de campagne électorale
À deux mois des élections présidentielles devant se tenir le 13 janvier 2024 à Taïwan, la campagne électorale est marquée par la question des relations avec la Chine, des droits fondamentaux et de la démocratie. Le vice-président sortant et candidat présidentiel pour le Parti démocratique progressiste (PDP), Lai Ching-te, se positionne en défenseur de la paix dans le détroit de Taïwan par le maintien de la démocratie et des droits de la personne grâce à la collaboration avec ses partenaires démocratiques. Du côté du Kuomintang (KMT), le parti d’opposition historiquement conciliant avec la Chine, son candidat présidentiel, Hou Yu-ih, promeut le dialogue avec Pékin pour la « paix dans le détroit de Taïwan » comme le rapportait Radio-Canada.
Ciblés quotidiennement par plus de cinq millions d’attaques informatiques principalement d’origine chinoise, la société civile et le gouvernement de Taipei s’inquiètent des risques d’ingérence de la Chine dans les prochaines élections. Cette méfiance collective envers le gouvernement de Xi Jinping ne risque pas de favoriser la campagne du KMT, qui récolte dans les derniers sondages entre 20 et 22 % des appuis contre environ 32 % pour le candidat du PDP.
Source: Wikimedia Commons
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