Mar. Juil 23rd, 2024

Par Jérémy Plamondon 

Le samedi 7 octobre, alors que les Canadiens entamaient leur longue fin de semaine de l’Action de grâce, le Hamas a lancé une offensive militaire surprise en tirant des milliers de roquettes vers Israël (au moins 3000, selon ce que rapportait le New York Time). Ces tirs se sont accompagnés de l’invasion de plusieurs militants du Hamas en Israël, où ils se sont attaqués à des civiles et à des cibles militaires. Ils ont également pris en otage environ 200 Israéliens.  

Le bilan, qui dépassait déjà les 400 morts après la première journée, n’a cessé de monter, franchissant rapidement les 4 000 âmes éteintes. On comptait environ 1 400 morts du côté israélien et 3 000 du côté palestinien selon les bilans officiels de part et d’autre en date du 17 octobre. Le président israélien Benjamin Netanyahou a rapidement mis en garde l’autorité de la bande de Gaza en affirmant que « ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible […], nous allons les vaincre avec de la force, énormément de force ». De leur côté, ces derniers l’ont également mis en garde que « chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement, cela entrainera l’exécution d’un des otages civils […]. L’ennemi ne comprend pas le langage humanitaire et éthique, donc nous allons leur parler un langage qu’ils comprennent ».  

Réponse internationale 

Les nombreux États à travers le monde ont rapidement pris position dans ce conflit armé qui a pris la communauté internationale par surprise. En effet, l’Union européenne a condamné « sans équivoque » les attaques du Hamas contre Israël, réaffirmant le droit du pays de se défendre. Le gouvernement canadien a abondé dans le même sens, Justin Trudeau écrivant sur Facebook que « rien ne peut ébranler notre soutien envers Israël ». Les États-Unis sont de leur côté allés encore plus loin en disant vouloir fournir des munitions à Israël afin de les appuyer dans la réplique.  

Plusieurs autres États se sont toutefois rangés du côté de la Palestine. C’est notamment le cas de l’Iran, dont le président Ebrahim Raïssi a affirmé soutenir « la légitime défense de la nation palestinienne ». C’est un point de vue qui était d’ailleurs partagé par les manifestants qui se sont réunis le dimanche 8 octobre à Montréal afin de démontrer leur soutien au peuple palestinien. « On est là pour montrer notre support au peuple de la Palestine qui est en train de résister à l’occupation. Ça fait 75 ans qu’il est déplacé et il résiste au crime », a décrit Sarah Chamy, une manifestante interrogée par La Presse.  

Un conflit qui ne date pas d’hier 

Ce n’est en effet pas d’hier que le conflit perdure dans cette région du monde. Les tensions entre les peuples israélien et palestinien ont comme essence le fait que ces deux peuples veulent occuper le même territoire. Présentement, le peuple palestinien vie sur des territoires officiellement inclus dans l’État d’Israël, c’est-à-dire la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mais il s’agit d’une réalité relativement récente : en 1947, les Nations unies votent un plan de partage de la Palestine entre les deux peuples. Les Juifs acceptent le plan, mais les le Haut Comité arabe y est réfractaire. Historiquement occupé conjointement par les ancêtres des Juifs et des Arabes, le territoire de la Palestine est vu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale (et de la Shoah) comme le lieu privilégié où établir un foyer pour le peuple juif. Désignée comme projet colonial par plusieurs, la création d’Israël entraine un exode de plus de 700 000 Palestiniens en 1984.  

Depuis la création de l’État, plusieurs conflits armés ont eu lieu entre l’État hébreu et les pays voisins à majorité musulmane. Que ce soit contre l’Iran, l’Irak, la Syrie, la Jordanie, le Liban ou l’Égypte, Israël est vainqueur de façon régulière. Plusieurs de ces victoires militaires entrainent des empiètements sur les territoires palestiniens, provoquant d’importants mouvements de population. La bande de Gaza est d’ailleurs de plus en plus cloisonnée et surveillée, menant notamment à la première Intifada (« soulèvement » en arabe) de 1987, où un mouvement de révolte contre l’occupation israélienne donne naissance au Hamas. La mise en place de cette organisation plurielle, à la fois politique, militaire et terroriste, va que contribuer à l’escalade de la violence entre les deux peuples. Cela met la table pour la seconde Intifada en 2000, pour l’établissement d’un mur sur toute la frontière terrestre entre la bande de Gaza et Israël, en faisant du même coup une prison à ciel ouvert, ainsi que pour un phénomène de colonisation israélienne des territoires palestiniens de Cisjordanie.  

Aujourd’hui, le conflit peut se comprendre à partir de plusieurs enjeux clés. Israël tente en effet d’imposer sa souveraineté dans une région du monde qui lui est hostile depuis sa création. La Palestine, elle, tente d’aspirer à la souveraineté tout en faisant reconnaitre les droits de leurs compatriotes déplacés lors de la création d’Israël, des nombreux conflits et des empiètements israéliens en Cisjordanie. À cela s’ajoute inévitablement la question de la terre sainte de Jérusalem, lieu important pour toutes les religions abrahamiques.  

Une polarisation croissante 

Face à l’écho international qu’ont eu les récents événements et le caractère explosif que peut représenter le conflit israélo-palestinien, des observateurs craignent la polarisation croissante qui pourrait se faire sentir jusqu’ici au Canada. C’est le cas de David Morin, professeur de politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Dans une entrevue accordée à la Tribune le 11 octobre 2023, ce dernier a plaidé qu’il « faut être capable de condamner vigoureusement les actes terroristes commis par le Hamas, […] tout en rappelant qu’une riposte doit considérer la vie des civils ». Ces deux positions ne sont pas irréconciliables selon lui. Toutefois, le cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents reconnait que « C’est toujours comme ça quand vous avez un événement aussi tragique ou terrible que celui-là. On est toujours sommé de prendre une posture radicale, claire, ferme ». David Morin conclut en soulignant que « si on extrémise les positions, on sape les possibilités de commencer à articuler une solution ». 


Source: Wikimedia

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