Ven. Mar 29th, 2024

Par Andréanne Beaudry

Les derniers Championnats du monde d’athlétisme, présentés au stade olympique de Londres, ont suscité une vague d’étonnement auprès des amateurs du sport. En effet, du 4 au 13 août, les résultats se sont révélés assez inattendus. Cet évènement démontre bien la réalité que peuvent vivre les athlètes lors de certaines compétitions. Il est difficile d’être toujours à la hauteur, puis cela s’applique à l’ensemble des participants à une épreuve sportive. C’est pourquoi le journal Le Collectif s’est penché sur la question, à savoir quels sont les enjeux affectant la performance de nos étudiants-athlètes.

Ce n’était pas le temps de faire des paris

Même si nous ne parions pas sur un athlète dans les compétitions d’envergure en athlétisme, le moment n’aurait été guère adéquat. Qui pensait que la légende Usain Bolt se ferait détrôner, lors de sa dernière course en carrière, par deux Américains? Lui qui détient huit médailles d’or olympiques et onze victoires des Championnats du monde… Ce moment a prouvé à la communauté sportive que personne n’est imbattable, car plusieurs enjeux peuvent entrer en ligne de compte. Les athlètes d’élite sont souvent considérés comme des individus invincibles, mais nous oublions qu’eux aussi sont susceptibles de vivre des échecs, même Bolt.

Des modes de vie semblables entre athlètes d’élite et étudiants-athlètes

Il est possible de faire un parallèle semblable entre le quotidien des athlètes d’élite et celui des étudiants-athlètes. Leurs engagements ne sont pas nécessairement les mêmes, mais ceux-ci doivent tout de même concilier le sport avec le reste. Que ce soit les études, la vie sociale ou toutes autres activités, plusieurs facteurs peuvent engendrer ou causer une mauvaise performance chez les athlètes. Dans le cas des étudiants, la conciliation avec le sport et les études amène des enjeux influant leurs exploits, et ce, même avec une bonne organisation de leur horaire.

Ce que pensent les étudiants-athlètes du Vert & Or

Afin d’avoir un portrait se rapprochant de la réalité des étudiants-athlètes, certains membres de l’équipe du Vert & Or de l’Université de Sherbrooke, tous sports confondus, ont accepté de nous dévoiler quelques facteurs pouvant être problématiques. La réponse qui revient le plus est le stress occasionné par la compétition. Plusieurs raisons surviennent : la pression que l’on se donne ou celle que les autres provoquent en nous, la peur de l’échec qui se manifeste surtout si ceux-ci ruminent les expériences antérieures, etc.

Pour certains, ce sont des facteurs qui n’ont pas rapport avec la compétition, mais qui ont tout de même un impact direct sur la réalisation de leur objectif. Excluant le stress en lien avec l’évènement, les athlètes éprouvent une certaine angoisse à cause des examens ou des travaux d’équipe, des horaires chargés qui entrainent un sentiment de ne pas s’être assez préparé, des conflits (de couple, principalement) ou d’une instabilité financière qui les préoccupent.

Qu’en pensent les experts du milieu?

Le journal Le Collectif a approché trois entraineurs d’excellence pour nous mentionner ce qui, selon eux, affecte généralement les performances sportives des athlètes. Selon M. Yves Roy, entraineur de sprints et de sauts horizontaux au sein de l’équipe d’athlétisme du Vert & Or, on devrait considérer deux catégories de facteurs affectant la performance. Le premier serait principalement le niveau de fatigue de l’athlète. Elle peut être physique (celle-ci peut être occasionnée par un volume trop élevé de séances), nerveuse (qui s’applique à certains types d’entrainements, comme les épreuves de puissance) et psychologique (stress accumulé en raison des examens, des études ou du travail). De plus, il ne faut pas négliger un manque de sommeil de qualité. Le deuxième volet impliquerait l’ensemble des évènements que l’entraineur ne peut contrôler dans la vie d’un athlète, comme les problèmes familiaux, la rupture, la mortalité, les blessures ou une vie sociale mouvementée.

Entraineur-chef de football au Vert & Or, M. Mathieu Lecompte souligne des éléments semblables à ceux mentionnés précédemment. Il y a le stress provoqué par les études, la situation financière de l’athlète, les diverses situations familiales ou personnelles, puis la pression quand l’athlète s’en met trop sur les épaules. Il souligne également les mauvaises habitudes de vie en ce qui concerne le sommeil, l’alimentation ou l’hydratation.

Le livre Persévérez, la réussite est proche! de M. Alain Lapointe, que l’on surnomme aussi Coach Lapointe, pourrait vous éclairer. L’auteur du livre est présentement coordonnateur pour le programme de football du Vert & Or. Ancien entraineur, il raconte son expérience sur le sujet, et il ajoute aussi des astuces pour comprendre ou corriger du mieux que l’on peut ces aspects problématiques. Selon M. Lapointe, la pensée négative affecte grandement les athlètes, car elle influence les prises de décision ainsi que les gestes techniques, et par conséquent elle instaure un doute dans l’esprit, surtout lors d’un moment bien crucial. Si la compétition s’est mal déroulée, il ne faut surtout pas se morfondre trop longtemps. Un échec n’est jamais définitif dans une carrière, alors il faut oublier et déjà s’activer pour la prochaine fois, puisqu’au fond, « le passé n’a pas d’avenir ».

Difficile d’ignorer les enjeux

Il n’est pas évident de concilier la performance avec les enjeux extérieurs survolant le quotidien. Bref, on ne peut pas faire abstraction de certaines choses, même pendant une course de 100 m, qui se limite uniquement à 10 secondes de performance. Les enjeux que nous retrouvons chez les étudiants-athlètes existent également chez les athlètes de haut niveau. Peut-être que les participants des derniers Championnats du monde d’athlétisme, de même que Usain Bolt, Genzebe Dibaba ou Mo Farah, ont été victimes d’un de ces nombreux facteurs?

Coach Lapointe dit souvent une phrase à ses athlètes (même aux journalistes) pour relativiser l’importance de la compétition. Sa phrase a pour but de diminuer les effets pervers du stress :

« Il y a un milliard de Chinois qui ne savent même pas que nous existons. »

Alain Lapointe


Crédit Photo © Bernard Breault

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