Par Stéphane Martire
À la suite de la décision du gouvernement de recourir à la Loi sur les mesures d’urgence en réponse à la crise des camionneurs à Ottawa, il est raisonnable de penser que cette dernière devrait toucher à sa fin. Toutefois, quelles seront les conséquences sur le plan politique au Canada?
Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette situation. Cette crise a en effet dévoilé différentes failles à travers le pays et celles-ci pourraient bien avoir des conséquences dans un avenir proche.
L’inquiétude liée à une probable ingérence étrangère
La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly déclarait le 18 février être « préoccupée » par l’ingérence étrangère en lien avec le mouvement qui paralyse Ottawa depuis plusieurs semaines. Et pour cause! Près de la moitié du financement du mouvement semble provenir des États-Unis, comme le soulignait le professeur David Morin, cotitulaire de la Chaire UNESCO en prévision de la radicalisation et de l’extrémisme violents, sur les ondes de TVA le 15 février dernier.
Plusieurs responsables politiques, notamment chez les conservateurs, émettent aussi des doutes sur les possibles financements en provenance de la Russie ou de la Chine, des pays ayant déjà eu recours à ce genre de pratiques vis-à-vis les États-Unis et le Canada. De quoi compliquer un peu plus les relations internationales, si les suspicions venaient à être confirmées, dans un contexte déjà extrêmement tendu. (Crise en Ukraine, boycottage diplomatique des Jeux olympiques et rapports conflictuels avec la Chine, etc.)
Un coût politique pour Justin Trudeau
La gestion du mouvement des camionneurs peut-elle être considérée comme un échec pour le premier ministre canadien? Selon un sondage Léger publié dans le Journal de Québec le 8 février dernier, 32 % des répondants étaient « favorables » au mouvement des camionneurs. Cette part regroupait les réponses « totalement en faveur » et « assez en faveur ». Si l’on étend ce sondage à la grandeur du pays, cela représente une proportion non négligeable de citoyens en appui au mouvement, de quoi représenter un problème considérable pour le premier ministre.
L’opposition à la Chambre des communes, représentée en premier lieu par le Parti conservateur du Canada, reproche notamment au gouvernement de refuser le dialogue et de ne pas s’aligner sur la position de nombreux pays qui ont délaissé les mesures sanitaires. Par exemple, l’Irlande, l’Angleterre, la Suède, etc. ont comme nouvelle philosophie la volonté de « vivre avec le virus ».
Autre reproche fait au chef du gouvernement : son incapacité à analyser la nature de la révolte du mouvement, son inaction pendant plusieurs semaines et la soudaine décision en faveur de la loi sur les mesures d’urgence. L’opposition critique ainsi le premier ministre de diviser les Canadiens au lieu de les unir.
Étant une nouvelle fois minoritaire à la Chambre des communes, ces événements ne risquent-ils pas de pénaliser le Parti libéral dans l’éventualité d’une nouvelle élection d’ici un an et demi à deux ans?
Crédit image @ Naomi Mckinney
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