Jeu. Mar 28th, 2024

Par Antoine Dulude

Rhétoriques partisanes, formules creuses et propagande. Ce sont les principaux ennemis de la libre circulation de l’information dans une société démocratique. En revanche, ce sont par la même occasion des obstacles à la recherche et à l’avancement du savoir. Nous savons bien que les deux paliers de gouvernement effectuent actuellement un contrôle serré de leurs dépenses. Par contre, on comprend mal comment des institutions telles que Télé-Québec et Radio-Canada puissent en faire les frais.

Du côté de Québec, il a été annoncé que Télé-Québec subirait des compressions de 2 % de sa masse salariale et 3 % de son budget de fonctionnement. On ne peut que déplorer cette nouvelle quand on sait que ce réseau diffuse une foulée d’émissions éducatives pour le public de jeune âge. Des émissions telles que Génial ou C’est du sport connaissent un grand succès et intéressent les jeunes à l’apport de la science et du sport dans leurs vies. Cela est sans compter les autres émissions d’affaires publiques comme Deux hommes en or ou Bazzo.tv qui, avec leurs invités, permettent de pousser les débats de société un peu plus loin.

Du côté d’Ottawa, la situation est nettement plus grave. Si on consulte les rapports annuels de gestion de Radio-Canada, les compressions ont surtout commencé à affecter le diffuseur public en 2012. Le financement fédéral est passé de 1,167 milliards en 2011 à 1,154 milliards en 2013, mais on attend toujours avec davantage de crainte les chiffres pour l’exercice financier de 2013 à 2014. La coupure cachée est la diminution de près de la moitié des revenus publicitaires de CBC avec la perte de Hockey Night in Canada. Blâmer CBC de n’avoir pu entrer dans la guerre de prix pour l’obtention des droits de diffusion du hockey serait de méprendre le rôle même que le Parlement a confié à Radio-Canada. La Loi sur la radiodiffusion stipule que la « Société Radio-Canada, à titre de radiodiffuseur public national, devrait offrir des services de radio et de télévision qui comportent une très large programmation qui renseigne, éclaire et divertit ». C’est une mission large et fondamentale qui ne peut être remplie autrement que par un financement public constant et suffisant.

On ne saurait compter le nombre d’émissions d’affaires publiques de Radio-Canada qui contribuent à rehausser la qualité de l’information et à accomplir sa mission première. Cependant, les coupures font très mal dans les opérations de la société. Le conseil d’administration désormais conservateur et majoritairement issu du milieu des relations publiques fait des choix inexplicables. En somme, 2100 emplois ont été abolis depuis 2009. Avec le contexte actuel, des émissions comme Enquête et Une heure sur Terre ont dû être retirées des ondes. Les téléjournaux et radiojournaux ont été réduits, des correspondants étrangers ont été rapatriés, les bureaux d’Afrique et d’Amérique du Sud fermés… L’émission Découverte se plaint notamment du manque de ressources pour continuer de produire du contenu original, devenant de plus en plus dépendante des images produites par la British Broadcasting Corporation (BBC). Celle-ci représente un excellent exemple de l’importance d’un diffuseur public fort pour assurer une couverture riche des enjeux de société locaux et internationaux. Cette société joue un rôle de pionnier sur la scène internationale en termes de production de documentaires et de journalisme étranger.

Si on lui en donne les moyens, Radio-Canada pourrait remplir sa mission et donner l’exemple aux autres nations du monde. C’est d’ailleurs ce que demande une motion unanime de l’Assemblée nationale. Un diffuseur public occupe un rôle majeur pour assurer une dynamique d’échange qui rehausse les standards d’information pour informer la société civile des problématiques et des politiques publiques pour y remédier. On ne peut compter sur les médias privés pour justement balancer sensibilisation et divertissement, ou intérêt public et sensationnalisme. L’arbitraire des choix éditoriaux doit être protégé d’une façon qui nous permet de mieux comprendre notre monde.

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