Lun. Mar 25th, 2024

Par Jérémy Plamondon

Le 8 mai 2023, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a fait l’annonce que l’unifolié allait expulser le diplomate chinois Zhao Wei de son territoire. Cette décision survient une semaine jour pour jour après le reportage compromettant du journal national Globe and Mail, qui alléguait que ce diplomate avait menacé la sécurité d’un député canadien et de sa famille.

Le reportage en question, paru le 1er mai, faisait état que le député conservateur Michael Chong avait été la cible d’une tentative d’intimidation de la part de Pékin, due au fait qu’il avait parrainé une motion en 2021 condamnant le traitement des Ouïghours par la Chine. Le quotidien avait cité une évaluation top secrète du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) menée en juillet 2021.

Le Régime chinois n’a d’ailleurs pas tardé à réagir à la décision d’Ottawa, notamment par l’entremise de son ambassade à Ottawa qui a écrit, la journée même sur son site web, que le Canada agissait « arbitrairement » dans ce dossier, et que ses agissements contrevenaient au « droit international ». Des contre-mesures n’ont d’ailleurs pas tardé à apparaitre, la Chine expulsant la diplomate Jennifer Lynn Lalonde de son territoire dans les 24 heures suivant la décision initiale du gouvernement Trudeau.

Une relation diplomatique trouble

Cet épisode s’inscrit dans un contexte diplomatique déjà trouble entre les deux États. Rappelons notamment la saga des deux Michaels (Kovrig et Spavour), qui avaient été arrêtés en Chine le 10 décembre 2018. Leur arrestation était survenue dix jours après celle de Meng Wanzhou à Vancouver à la demande des États-Unis, une haute placée de la compagnie chinoise Huawei.

Leur libération en septembre 2021, presque simultanée à celle de Wanzhou quelques jours plus tôt, donnait du poids à la thèse qu’ils auraient servi d’otage. Cette saga a également été accompagnée par des mesures commerciales, par exemple l’interdiction sur les importations de canola et de porc canadien par la Chine, des mesures qui ont généralement pris fin en 2022. Il s’agit d’informations qui ont pesé dans la prise de décision du 8 mai, selon les décideurs.  

Des répercussions dans l’arène politique canadienne

Le mécontentement de plusieurs formations politiques s’est également fait entendre à la Chambre des communes. Les conservateurs ont réussi à faire adopter une motion, le jour même de la décision du gouvernement Trudeau, afin de réclamer l’expulsion de M. Wei et de toutes les autres personnes étant impliquées dans les menaces.

Tous les partis d’opposition s’entendent d’ailleurs pour dire que la décision du Canada a été tardive et réclament une enquête publique et indépendante sur la question. Yves-François Blanchet, chef du Bloc Québécois, a d’ailleurs émis des doutes sur le fait que le gouvernement Trudeau n’était pas au courant de ces informations. « Pendant présumément deux ans, il le savait. Même s’il nous rechantera la chanson de “ Je ne le savais pas ”, il le savait. (…) Il n’a rien fait avant que ça ne sorte publiquement », a-t-il affirmé.


Crédit image @Jérémy Plamondon

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