Mar. Avr 9th, 2024

Par Victor Dionne 

La campagne électorale provinciale approche à grands pas. Les partis politiques commencent à annoncer les candidates et candidats qui feront la course dans les circonscriptions pour un siège au parlement. Pendant les deux dernières semaines, les médias estriens (et nationaux) ont eu les yeux rivés sur la nouvelle candidate de Québec solidaire (QS) dans Saint-François, la médecin et professeure de l’Université de Sherbrooke, Dre Mélissa Généreux. 

Le 14 février dernier, elle annonçait officiellement sa candidature accompagnée du porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, et de la députée de Sherbrooke, Christine Labrie. L’ancienne directrice de la santé publique de l’Estrie a discuté avec Le Collectif des raisons qui l’ont poussée à se lancer en politique, de son choix de parti et des principaux enjeux qu’elle priorisera si elle est élue. 

La santé et la politique, un beau mélange 

« J’ai toujours dit que dans ce que j’aime faire, et ce que je pense bien faire, c’est de sentir que je mène un combat pour défendre les gens et user d’influence stratégique », mentionne Dre Généreux au début de l’entrevue. Elle énonce que les plus grands moments de satisfaction professionnelle qu’elle a eus au cours de sa carrière sont lorsqu’elle pouvait documenter une problématique et être à l’écoute des citoyens. Ainsi, être présente pour la population n’est pas nouveau pour la médecin : « je pense qu’écouter les gens et défendre leurs intérêts dans une logique de bien commun, c’est déjà ce que je faisais ».  

L’aspect stratégique de la politique est également l’une des motivations principales de la professeure. « Écouter les citoyens et remarquer les enjeux problématiques, pour moi, c’est comme une partie d’échecs. Je vais essayer de bien me placer, de faire de la pression politique, d’aller rencontrer les bonnes personnes. Faire les bonnes choses au bon moment », soutient-elle. La spécialiste indique que ce type de stratégie est semblable à ce qu’elle faisait auparavant. D’ailleurs, elle précise qu’elle s’appuiera sur deux angles pour formuler son discours : la science et l’expérience des individus.  

Prendre la peine d’aller voir les gens, de documenter ce qu’ils perçoivent, de déterminer ce qui est prioritaire pour eux, de savoir leur compréhension des difficultés sur le terrain, ça aussi c’est une forme de savoir.

Dre Mélissa Généreux

Dre Généreux souligne que son expérience comme directrice de la santé publique lui a permis d’acquérir des compétences qui lui seront pratiques en politique. Elle a développé une panoplie d’aptitudes qui lui permettront évidemment de mieux comprendre les dynamiques du terrain : « j’ai toujours travaillé avec les organismes communautaires, les écoles, les centres de la petite enfance (CPE), les milieux de travail, et j’ai géré plein de dossiers avec les municipalités. C’est déjà des gens que je connais. »  

De même, ce poste l’a conduit à développer des capacités et en matière de gestion de stress et de temps, notamment lors de l’accident ferroviaire de Lac-Mégantic en 2013. « La vie continuait. Je gérais des coupures en santé publique, je faisais des ressources humaines et du budget, et plus d’une crise de santé publique. Les courriels rentraient tout le temps. Je me suis habituée et je me suis rendu compte que j’étais capable d’en prendre », continue-t-elle. 

Québec solidaire, un choix évident 

L’experte en santé ne voyait aucune autre option intéressante à travers la philosophie de la Coalition avenir Québec (CAQ), du Parti québécois (PQ) et du Parti libéral du Québec (PLQ). « QS, ça fait des années que j’entends Christine (Labrie), Gabriel (Nadeau-Dubois) et Manon (Massé) parler, et puis chaque fois, je trouve qu’ils disent les mêmes choses que moi. On dirait qu’il y a quelqu’un de la santé publique qui leur souffle quoi répondre », s’exclame-t-elle.  

Dre Généreux spécifie qu’elle n’a pas déterminé particulièrement d’aller en politique pour ensuite choisir son parti. Les deux se sont faits momentanément. Il était primordial que ses valeurs s’accordent avec la vision sociétale du parti : « pour moi, c’était super important, parce que si je gagne, je ne veux pas être dans un parti où je suis obligée de suivre une ligne directrice qui ne s’accorde pas avec mes valeurs et mon intégrité. » 

De l’ambition 

À l’échelle provinciale, la nouvelle candidate de QS se concentrera sur deux enjeux principaux. En premier lieu, elle va s’attaquer à la santé mentale, un point d’importance « fondamentale ». Puis, elle aimerait retrouver l’approche de proximité de la santé publique d’avant 2015. « Depuis 2015, on a des CISSS et des CIUSSS, mais avant cette grosse machine très régionale, les CLSC roulaient à fond. Il y avait une approche beaucoup plus locale. Il y avait une famille, une communauté d’employés de la santé qui travaillait ensemble pour le bien-être des citoyens. C’est vraiment quelque chose que j’aimerais mettre de l’avant », énonce-t-elle. 

En ce qui concerne la circonscription de Saint-François, Dre Généreux souhaiterait rencontrer les organismes communautaires, les municipalités et les citoyens pour comprendre mieux les principaux enjeux. L’accès à des soins de première ligne et à un médecin de famille dans les villes de sa circonscription est prioritaire pour la médecin. Elle trouverait aussi un moyen de valoriser la diversité, notamment en incluant davantage de ressources pour les anglophones au niveau des services publics.  

Pour conclure, la professeure de l’UdeS mentionne l’importance de s’occuper des organisations communautaires : « au lieu de mettre de l’énergie dans leurs missions, ils sont obligés de passer une partie de leur temps à chercher de l’argent pour assurer une pérennité. Le financement des organismes communautaires, c’est tellement capital, comme ce qu’ils font. Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas déjà sécurisé le tout. » 


Crédit image @ Fournie par Mélissa Généreux

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