Par Charles Ferron
La saison du Vert et Or s’est terminée plus tôt que prévu avec une défaite de 35-10 devant leurs partisans, face à Laval. Malgré la déception d’avoir raté les éliminatoires, l’entraineur-chef, Mathieu Lecompte, pourra retirer du positif de 2019.
La campagne de football du RSEQ maintenant officiellement conclue avec le début du tournoi pour la Coupe Vanier, Sherbrooke peut désormais effectuer son bilan de la troisième saison de Mathieu Lecompte à la barre de la formation. À première vue, on aurait raison d’être pessimiste. Trois fiches consécutives de 2-6, deux quatrièmes places suivies d’une sortie expéditive contre le Rouge et Or et, enfin, pour la première fois depuis l’arrivée de Lecompte, Sherbrooke n’a pas participé aux séries en terminant en cinquième et dernière place cette année. On pourrait croire que l’équipe ne va pas dans la bonne direction, mais au contraire, la progression du Vert et Or vis-à-vis aux deux premières années de Lecompte permet à Sherbrooke d’être optimiste pour 2020.
Pour commencer, il faut noter la différence radicale entre l’offensive présentée en 2018 comparée à celle qu’on a pu constater cette année. L’an dernier, Sherbrooke a récolté une moyenne de 206 verges totales par match en attaque et seulement 10.5 points. On se basait presque entièrement sur les courses du porteur étoile Gabriel Polan, qui devait camoufler un jeu aérien presque inexistant. On pouvait s’imaginer le pire quand la nouvelle est tombée que Polan allait manquer l’intégralité de la campagne.
Pourtant, en 2019, avec l’aide de deux quarts-arrière inexpérimentés et sans la présence de son porteur vedette, le nouveau coordonnateur Justin Chapdelaine a été en mesure de créer presque 280 verges offensives et de doubler la production par la passe. Pas des chiffres qui briseront tous les records, mais, considérant les circonstances, Chapdelaine a fait un travail impeccable. Il faut également mentionner que, pour la première fois en trois ans, le même coordonnateur offensif devrait rester à son poste pour la prochaine saison, et cette continuité pourrait bénéficier grandement l’unité ainsi que ses deux jeunes quarts, qui ont montré du potentiel.
Une équipe menée par sa défensive
Lorsque Mathieu Lecompte a succédé à David Lessard, Sherbrooke l’avait engagé principalement pour son expérience en défensive, et l’on peut déjà constater la progression de l’équipe à ce niveau chaque année. Depuis sa première saison, l’unité encore jeune est passée de 479 verges accordées par match à 342 cette année. Avec son amélioration, le différentiel de Sherbrooke est passé de -144 en 2018 à -72 cette année, et ce, malgré le fait que la moitié des parties de Sherbrooke doit être disputée face à deux des puissances au pays, Montréal et Laval.
Même si l’on a eu peu de choses à lui reprocher cette année et qu’il a souvent gardé Sherbrooke dans la rencontre, le bilan de la défensive est toutefois loin d’être parfait. Mis à part les matchs face au Rouge et Or, les affrontements où l’équipe a accordé le plus de points ont également été les duels les plus importants de la saison : les deux contre les Stingers. D’abord, la défaite sur la route a fait extrêmement mal, puisque l’offensive avait réussi à prendre les devants 35-34 avec 33 secondes à jouer à la suite d’un retour de 19 points sans réplique. L’unité pouvait ainsi se racheter de sa mauvaise performance en arrêtant sur cette dernière séquence, mais Concordia est tout de même parvenu à aller chercher le placement victorieux sur 36 verges.
Ensuite, quelques semaines plus tard, la défensive pouvait se rattraper à nouveau face à la même équipe et, pendant trois quarts, c’est ce qu’ils ont fait. Sherbrooke menait 16-3 au début du quatrième quart et semblait se diriger vers une qualification en séries. L’unité a subséquemment accordé 17 points de suite pour perdre le match. L’interception de Anthony Robichaud au milieu du quart après le premier touché n’a pas aidé, mais, avec une avance de deux majeurs, la défensive aurait dû tenir le coup.
Un dernier match pour plusieurs
Comme chaque année, le Vert et Or perdra plusieurs membres importants de son équipe pour l’année prochaine. En offensive, le porteur étoile Gabriel Polan, les receveurs Phillippe Blackburn et Christian Sénéchal, les centres-arrière David Savard et Maxime Fortier et les joueurs de ligne offensive Vincent Roy et Mathieu Michaud-Bombardier ont tous fait leurs adieux aux partisans. Sherbrooke a déjà dû se débrouiller sans Polan cette année, mais la perte de Roy va faire très mal. Notons que Roy avait été repêché l’an dernier par les Roughriders de la Saskatchewan en sixième ronde et pourrait essayer comme Polan avec Ottawa de faire sa place dans la Ligue canadienne de football.
C’est cependant en défensive que les départs vont se faire le plus sentir. Les demis défensifs Samuel Polan, Alexandre Gravel-Vermet et Jeffly Julien, le secondeur Olivier Dionne et les joueurs de ligne défensive Mickael Badra et Samuel Piché-Luneau quitteront tous l’équipe cette année. Le Vert et Or perdra donc deux partants importants dans leur tertiaire et leur ligne respectivement en Polan, Gravel-Vermet, Badra et Piché-Luneau. L’émergence de Emeric Hamelin et Jérémie Verreault pourrait compenser en avant en 2020. Toutefois, il sera difficile de trouver un autre demi de coin numéro 1 comme Polan, surtout qu’il était aussi un élément essentiel sur les retours de botté, une unité qui aura d’ailleurs également une perte de taille en leur botteur de dégagement, Pierre-Antoine d’Astous.
Pas d’excuses pour 2020
L’année prochaine sera une année charnière pour Mathieu Lecompte et sa troupe. Non seulement Sherbrooke doit se reprendre face à McGill et Concordia, puisqu’une fiche de 1-3 contre ces programmes équivalents est tout simplement inacceptable deux années de suite, mais ce sera également la première fois qu’on va pouvoir évaluer la qualité du recrutement de Lecompte. Comme les premiers joueurs recrutés par Lecompte seront maintenant en quatrième année, ils devront performer dans un rôle de premier plan si le Vert et Or veut participer aux éliminatoires.
Malgré tout l’optimisme qu’on peut avoir concernant cette formation, on n’a pas le choix de conclure que ça passe ou ça casse l’an prochain pour Lecompte et ses entraineurs. Les excuses de la jeunesse et l’inexpérience ne sont plus acceptables. Dans une ligue à cinq équipes où 80 % du circuit va en éliminatoires, Sherbrooke doit absolument y prendre part ou ce sera, avec raison, considéré comme un échec. La bonne nouvelle pour le Vert et Or est que sa victoire contre les Carabins devrait aider le recrutement pour 2020 et plusieurs pièces importantes devraient être de retour, notamment les deux seuls membres de Sherbrooke sur la formation d’étoiles du RSEQ : le bloqueur à droite Anthony Vandal et le botteur de précision Louis Tardif.