Par Vincent Giangioppi
En ce début des Jeux Olympiques (JO) de Paris, les partisans de soccer canadien avaient sans aucun doute les yeux rivés sur la sélection nationale féminine, médaillée d’or en titre aux JO de Tokyo en 2021. Mais avant même qu’un ballon n’ait été botté, on a appris que la plus grande joute de cette équipe ne sera pas disputée sur un terrain à onze contre onze.
Le 23 juillet dernier, on a appris qu’un membre du personnel entraîneur de l’équipe féminine était arrêté pour avoir fait voler un drone au-dessus d’une séance d’entraînement de la Nouvelle-Zélande, première opposition du Canada dans ces JO. Cet incident a inévitablement causé un effet boule de neige qui vient de plus en plus ternir la réputation de Soccer Canada, remettant même en question les accomplissements des dernières années.
Cela n’a pris que quelques jours avant que la FIFA intervienne et sanctionne Soccer Canada. Au menu : une amende de 313 000$, une déduction de six points de la phase de groupe des JO ainsi qu’une suspension d’un an pour trois membres du personnel entraîneur de l’équipe féminine. Parmi ces membres, on retrouve l’entraîneuse-cheffe Bev Priestman, qui a été relevée de ses fonctions peu après. En poste depuis 2020, Priestman était l’architecte derrière cette fameuse médaille d’or de l’équipe féminine aux JO de Tokyo.
Le secrétaire général du Comité Olympique Canadien, David Shoemaker, a fait appel de la décision devant le tribunal spécial du Tribunal Arbitral du Sport, mais sans succès.
De mal en pis
Plusieurs autres informations concernant Soccer Canada sont sorties au grand jour depuis, portant à croire que ce scandale n’est pas un incident isolé. En 2022, une plainte avait été déposée contre le Canada au cours du Championnat Féminin de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (CONCACAF), les accusant également d’espionnage d’entraînement à l’aide d’un drone. L’équipe masculine est pour sa part visée par deux allégations similaires, remontant à 2019 face aux États-Unis et à 2021 face au Honduras.
En début d’année, une offre d’emploi chez Soccer Canada pour le poste « d’analyste de performance pour l’équipe nationale féminine » demandait explicitement une « capacité d’opérer un drone » parmi les qualités recherchées. Pour rajouter à l’aspect systémique de la chose, John Herdman, ancien entraîneur de l’équipe féminine de 2011 à 2018, puis masculine de 2018 à 2023, aurait été au courant de cette saga.
Et les Jeux Olympiques?
La controverse et les six points déduits au tableau n’ont toutefois pas empêché l’équipe canadienne de se qualifier pour les quarts de finale. La troupe d’Andy Spence, menée par une superbe Jessie Fleming au milieu et une impériale Vanessa Gilles à la défense, ont remporté leurs joutes de phase de groupe 2-1 contre la Nouvelle-Zélande, à nouveau 2-1 contre la France, puis 1-0 contre la Colombie. Résultat : les Canadiennes terminent au second rang de son groupe avec une récolte de trois points.
Source: Soccer Canada