Par Sandrine Mary
Une trentaine de sportifs russes et biélorusses sont admis à concourir aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sous « barrière neutre ». Cette décision prise par le Comité international olympique (CIO) ne fait pas l’unanimité du côté des athlètes canadiens.
Statut d’ « athlètes individuels neutres »
Après avoir transgressé la trêve olympique des JO d’hiver de Pékin en envahissant l’Ukraine le 24 février 2022, la Russie et son alliée, la Biélorussie, ont été exclus des JO 2024 par le CIO. Pourtant, 15 russes et 17 biélorusses sont bel et bien autorisés à participer aux compétitions qui se tiennent du 26 juillet au 11 août, et ce, sous le statut d’ « athlètes individuels neutres » (AIN). Durant les Jeux paralympiques qui se tiendront du 28 août au 8 septembre, les sportifs concernés auront le statut d’ « athlètes paralympiques neutres ».
Ce statut particulier existe depuis 1992, et dans ce cas précis, il a strictement été attribué à ceux qui ne montraient aucun soutien en faveur de l’invasion et aucun lien avec l’armée ni avec les agences de sécurité nationales. Des contrôles ont aussi été menés par les fédérations internationales et par le CIO.
Interdits de parader
Ces 32 athlètes n’étaient pas autorisés à participer à la cérémonie d’ouverture ce 26 juillet sur les quais de la Seine, et ne représentant pas de nation particulière, ils ne pourront pas concourir aux compétitions par équipe. Ainsi, toute identification (drapeaux, hymnes, couleurs) russe ou biélorusse est interdite et aucun membre de ces gouvernements n’a été convié à l’évènement planétaire.
Toutefois, les AIN bénéficieront de leur propre hymne et de leur propre drapeau. Créés spécialement pour l’évènement, ceux-ci seront utilisés en cas de remise de médailles sur un podium.
L’avis des athlètes canadiens
Alors que des menaces de boycott se sont fait entendre du côté de l’Ukraine qui déplore la mort de plus de 450 sportifs de haut niveau depuis le début de l’agression russe, cette participation camouflée de la Russie aux JO fait également jaser nos athlètes canadiens.
L’haltérophile Maude Charron s’interroge notamment sur les tensions pouvant émerger dans le village olympique entre athlètes ukrainiens et russes. Le coureur de fond Charles Philibert-Thiboutot se met quant à lui à la place d’un athlète ukrainien se retrouvant en compétition avec un Russe, et dit qu’il se sentirait dévasté.
Pas tous nets ?
Pour Dick Pound, avocat montréalais et membre du CIO durant 44 ans, le message du comité olympique reste d’inclure toute personne n’étant pas impliquée dans la guerre.
Cependant, le rapport de la fondation internationale de justice, Global Rights Compliance, affirme que deux tiers de ces athlètes russes seraient impliqués dans l’invasion de l’Ukraine, que ce soit par des marques de soutien ou des liens avec l’armée de leur pays. Le CIO assure que son comité d’examen a réalisé le contrôle des athlètes en conformité avec les principes établis préalablement.
Et les autres conflits ?
Il est légitime de se demander pourquoi les mêmes sanctions ne sont pas appliquées à des athlètes d’autres pays en conflit. Le CIO déclare que toute comparaison entre le conflit israélo-palestinien et la guerre en Ukraine est inappropriée. Les mesures prises contre la Russie résultaient de la violation de la Charte olympique en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine pendant la trêve. En ce qui concerne la Palestine, elle a été officiellement reconnue par le CIO en 1993 à la suite des accords d’Oslo. Les comités nationaux olympiques israélien et palestinien coexistent depuis près de 30 ans et le CIO adopte la « solution à deux Etats ».
Source: Paris 2024