Par Samuel Choquette
Enfin! Un nouveau guide alimentaire! Pour certains, ça ne changera pas grand-chose à ce qu’ils mangent, mais pour d’autres, cela devient un tout nouveau guide de références. Pour la première fois depuis l’histoire des guides alimentaires, l’industrie alimentaire n’a pas pu faire entendre son opinion et ça se fait sentir. On va se dire les vraies affaires, on ne devrait pas se faire dire quoi manger pour que les grosses entreprises fassent plus d’argent, mais plutôt pour que notre corps soit en meilleure santé!
Ce guide est nettement meilleur que le précédent, mais comme toute bonne chose, il n’est pas parfait. Voici donc ce que j’aime de ce nouveau guide et ce que j’aime moins, ou ce qui aurait pu être amélioré.
Avant de poursuivre, je veux mettre au clair que je ne suis pas nutritionniste. Je suis étudiant en kinésiologie. Je ne suis pas « l’expert » en termes de nutrition, mais c’est un sujet qui m’intéresse énormément et, dans mon métier, c’est inévitable de se faire poser de questions à ce sujet. Je me sens donc très à l’aise de donner mon opinion sur ce nouveau guide, le tout appuyé par des évidences scientifiques.
Ce que j’aime :
- Il n’y a plus de portions exactes à respecter, mais plutôt des proportions. Auparavant, il y avait un arc-en-ciel avec des portions bien précises à respecter dépendamment de ton âge et de ton sexe. Cela ne faisait aucun sens. Maintenant, peu importe la grosseur de ton assiette, elle doit respecter les proportions de ½ fruits et légumes, ¼ aliments protéinés et ¼ aliments à grains entiers.
- L’accent est mis sur les fruits et légumes et de moins en moins sur les produits laitiers et sur les produits céréaliers.
- Les produits laitiers ne font plus partie d’un groupe alimentaire nécessaire, mais plus d’une alternative aux aliments protéinés.
- Le lait n’est plus mis de l’avant comme étant à consommer pratiquement à tous les repas. Le lait n’a rien de mal en soit, mais le rendre obligatoire était une grave erreur et un gros coup de marketing pour les producteurs laitiers. On le popularisait notamment comme étant bon pour les os et pour les enfants, mais il y a plusieurs études récentes qui démontrent au contraire qu’il n’y a aucune corrélation avec une consommation plus importante de lait et une diminution des risques de fractures des os.
- Il est mentionné de cuisiner plus souvent et de prendre ses repas en bonne compagnie, ce qui est primordial pour une bonne santé à long terme.
- Il est également mentionné de réduire les produits transformés, ce qui est, selon moi, la première étape à suivre pour atteindre des objectifs d’amélioration de la composition corporelle et/ou de meilleure santé.
Ce que j’aime moins :
- Les gras saturés sont encore exposés comme étant dangereux pour la santé. Il y a plusieurs études récentes qui prouvent qu’il n’y a aucune augmentation du risque de maladies cardiovasculaires, de maladies coronariennes et de crises cardiaques. Il est plutôt recommandé de maintenir un équilibre entre les gras saturés, monoinsaturés et polyinsaturés afin d’avoir une santé optimale. Donc, plus besoin d’avoir peur de mettre du beurre, de l’huile de coco ou encore de consommer des jaunes d’œufs!
- Le guide ne mentionne pas que la qualité des aliments est importante. Bio versus pas bio, bœuf de pâturage versus bœuf de grains, saumon d’élevage versus saumon sauvage… Il aurait été très intéressant pour le consommateur d’en savoir plus à ce sujet.
- Il n’y a pas de catégorie pour les lipides. Les noix sont classées dans les aliments protéinés, mais ce n’est pas leur macronutriment de prédominance… Par exemple, une portion d’amande comprend environ deux fois plus de grammes de lipides que de grammes de protéines. L’apport en protéines n’est pas négligeable, mais c’est loin d’être une source élevée, en plus que ce n’est pas une protéine complète.
Donc, est-ce que ce guide est parfait? Non, mais c’est un très grand pas vers l’avant. Sachant également que celui-ci deviendra la référence pour nos hôpitaux, nos garderies ainsi que pour la majorité des familles, c’est rassurant de voir que nous avançons tranquillement vers l’avant… ou vers l’arrière? Vers l’arrière, car si on regarde ça de plus près, on peut s’apercevoir que la majorité des aliments qui se retrouvent dans l’assiette sont des aliments issus de la nature qui n’ont eu pratiquement aucune transformation. Ce ne sont pas de « nouveaux aliments ».
Il n’y a rien de nouveau dans l’alimentation. Tout ce qui change c’est la mode ainsi que le marketing qui est mis autour de tout ça.
La nature ne crée pas de « mauvais gras » ou de « mauvais glucides ». C’est l’industrie qui modifie des aliments afin de les rendre meilleurs en termes de goût, de durée de conservation ou de coûts de production. Tout ça dans le but de faire plus de profits, mais parfois au détriment de la santé des gens.
Est-ce que tout le monde devrait manger les mêmes aliments? Pas nécessairement. L’activité physique, les intolérances alimentaires, la digestion, la génétique ainsi que la composition corporelle sont tous des éléments à prendre en considération avant de faire une recommandation sur quoi manger. Par contre, ceci est le rôle d’un professionnel de la santé.
En résumé, bravo pour ce nouveau guide. C’est un bon outil de référence général vers une meilleure alimentation et une meilleure santé.
Si vous avez une seule chose à retenir : mangez moins transformé et cuisinez plus!
Bon appétit!
Samuel Choquette
Étudiant en Kinésiologie et Consultant FD Fitness
2405 rue King est, Sherbrooke, 450-234-3210
samuel@fdfitnessconsultant.com
Voici les sources scientifiques qui ont été consultées pour la rédaction de cet article.
Michaëlsson, K., Wolk, A., Langenskiöld, S., Basu, S., Warensjö, L., Melhus, H. et al. (2014) Milk intake and risk of mortality and fractures in women and men: cohort studies. BMJ, 349 :g 6015. https://doi.org/10.1136/bmj.g6015
Feskanich, D., Bischoff-Ferrari, HA., Frazier, AL. et Willett, WC. (2014) Milk consumption during teenage years and risk of hip fractures in older adults. JAMA Pediatrics, 168 (1), 54-60. doi: 10.1001/jamapediatrics.2013.3821.
Volek, J. S., et Forsythe, C. E. (2005). The case for not restricting saturated fat on a low carbohydrate diet. Nutrition & metabolism, 2, 21. doi:10.1186/1743-7075-2-21
Siri-Tarino, P., Sun, Q., Hu, F., Krauss, R. (2010) Meta-analysis of prospective cohort studies evaluating the association of saturated fat with cardiovascular disease, The American Journal of Clinical Nutrition, 91(3),535-546. https://doi.org/10.3945/ajcn.2009.27725
German, J., Dillard, C. (2004) Saturated fats: what dietary intake?, The American Journal of Clinical Nutrition, 80 (3), 550–559. https://doi.org/10.1093/ajcn/80.3.550