Par Rémi Brosseau-Fortier
Le 25 mars dernier, à la suite de près de six mois de guerre, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) a adopté une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza durant le mois du ramadan. Malgré cette première réussite de l’organe onusien, plusieurs observateurs soulignent que cette résolution ne s’est pas matérialisée en actions concrètes pour mettre fin aux hostilités.
La résolution 2728 du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) demande un « cessez-le-feu humanitaire immédiat pendant le mois du ramadan » tout en exigeant « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages ». Tel que l’indique le communiqué de presse de l’ONU sur la séance, ce texte rédigé par les 10 membres non permanents élus au CSNU insiste sur « la nécessité urgente d’étendre l’acheminement de l’aide humanitaire aux civils et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Gaza ».
Un texte adopté à 14 voix pour et une abstention
Constituant le dixième projet de résolution soumis à un vote au Conseil depuis le début du conflit, la résolution 2728 a obtenu un vote unanime avec l’abstention des États-Unis. Il s’agit du troisième texte adopté sur cette crise. Les deux résolutions précédentes, les résolutions 2712 et 2720, n’appelaient pas directement à un cessez-le-feu.
En réaction à l’abstention de son allié américain qui n’a pas appliqué son droit de veto, le gouvernement israélien a réagi par l’intermédiaire du ministre de la Défense Yoav Gallant qui a déclaré ne pas posséder « le droit moral d’arrêter la guerre tant qu’il y a des otages à Gaza ». Par ailleurs, en guise de protestation, Israël a annulé une visite prévue d’une de ses délégations à Washington tel que le rapportait Radio-Canada. Les États-Unis avaient appliqué leur droit de veto acquis comme membre permanent du CSNU à trois reprises depuis le 7 octobre 2023.
Une résolution porteuse d’espoir ou d’illusions?
Mis à part Israël, la plupart des États ont appuyé et accueilli positivement l’adoption de ce texte. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a réagi en déclarant sur les médias sociaux que « cette résolution doit être appliquée. Un échec serait impardonnable ».
Néanmoins, plusieurs pays et ONG tels qu’Amnistie internationale et Oxfam estiment qu’il est pressant d’agir rapidement pour mettre fin aux hostilités. Oxfam a notamment exhorté les États membres du CSNU à faire « preuve de leadership moral […] et [à] mettre fin au massacre et à la souffrance à Gaza ».
Plus d’une semaine après l’adoption de la résolution, peu de progrès a été observé sur le terrain dans la bande de Gaza. En effet, en dépit du fait que l’article 25 de la Charte des Nations Unies stipule que « tous les États-membres sont tenus de mettre en œuvre les décisions du Conseil de sécurité », la dimension contraignante de la résolution n’a pas été mise en place. La France a déposé, le 2 avril, une nouvelle résolution pour un cessez-le-feu au CSNU avec une approche globale insistant sur la nécessité des négociations pour aboutir à la solution des deux États.
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