Une deuxième séquence de grève pour le Front commun 

Le coup d’envoi est lancé aujourd’hui pour la deuxième phase de grève du Front commun. Prévu sur une période de trois jours, ce bloc succède à une première journée de grève ayant eu lieu le 6 novembre dernier. Il reste à voir si cette seconde mobilisation apportera des débouchés à la table des décisions entre le Front et le gouvernement du Québec. 

Les conventions collectives du secteur public du Québec sont venues à échéance, pour la plupart, le 31 mars dernier. Cela a ouvert la porte aux syndicats pour revendiquer de meilleures conditions de travail pour leurs membres. Cette période de négociation avec leur employeur et le gouvernement du Québec s’inscrit dans un contexte particulier : la dernière convention collective remonte à avant la pandémie, et l’inflation actuelle atteint des sommets. À cela s’ajoute la pénurie de personnel dans plusieurs secteurs cruciaux, dont ceux de l’éducation et de la santé. 

Plusieurs critiques ont été émises à l’égard du gouvernement. Pour n’en citer que quelques-unes, le manque de ressources, la pénibilité des conditions de travail et le manque de considération des priorités des personnes employées sont les principaux reproches faits à leur employeur. Les demandes sont vastes, et la marge de manœuvre du gouvernement pour négocier semble assez faible.  

Un Front commun qui s’organise 

Pour représenter les travailleurs et travailleuses du système public, les syndicats se sont regroupés pour cette négociation en un seul front commun pour la ronde 2023 des négociations du secteur public. Celui-ci regroupe la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS). À eux quatre, ces syndicats représentent plus de 420 000 personnes actuellement en grève.  

L’objectif derrière cette coalition est de prioriser la coordination entre les divers secteurs et syndicats, afin de rendre la négociation, la mobilisation et les communications plus efficientes. En s’unissant, cela apporte également un certain rapport de force aux grévistes. Le Front commun s’attarde principalement aux « tables centrales » de négociation, c’est-à-dire les éléments communs à plusieurs des groupes. Pensons entre autres au salaire, au régime de retraite, ou aux droits parentaux. À cela s’ajoutent des « tables sectorielles », qui se négocient plus spécifiquement selon les secteurs.  

Trois grands piliers 

Les demandes du Front s’articulent autour de trois axes. D’abord, la pandémie a vraisemblablement mis la table pour un contexte particulier. Selon le site officiel du regroupement, on peut lire que « la pandémie a démontré toute l’importance de nos réseaux publics, mais aussi leur immense fragilité ». Effectivement, le secteur public a dû faire preuve de beaucoup de résilience au cours de la pandémie, alors que les embuches se sont succédé. Force est d’admettre qu’aujourd’hui, les personnes employées par l’État sont dans un état d’épuisement et de détresse. 

Puis, le contexte inflationniste a forcément un impact sur les négociations. Si la situation budgétaire du Québec semble plutôt favorable, le coût de la vie a augmenté drastiquement depuis deux ans pour les contribuables québécois. Il ne s’agit pas d’une illusion : l’inflation dans la province s’établit à 17,3 % entre septembre 2020 et septembre 2023. Il est donc évident que si les salaires ne connaissent pas aussi une hausse, le pouvoir d’achat des employés du secteur public continuera de s’effriter.  

Finalement, si la pandémie avait engendré une vague de mise à pied, le secteur public a pour sa part dénoté un manque flagrant de main-d’œuvre. Cette pénurie, déjà existante avant 2020, a été amplifiée par les conditions de travail difficiles durant la pandémie. « Normalement, cette pénurie de main-d’œuvre devrait être un levier pour la négociation, accroitre notre rapport de force et fournir des arguments forts en faveur de nos revendications », peut-on lire sur le site du Front commun.  

Le Front commun adopte un ton cinglant face à la situation. « Il semble que nos employeurs préfèrent les solutions faciles — temps supplémentaire, sous-traitance, réduction de services et embauche de personnel non qualifié — plutôt que de régler les problèmes à long terme. Encore une fois, ce sont celles et ceux qui demeurent en poste qui font les frais des conséquences du manque de personnel », scande le regroupement syndical. 

Des offres insuffisantes 

Le gouvernement de François Legault a déjà mis quatre offres sur la table depuis décembre dernier. La plus récente a été déposée par la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel. La proposition établissait une hausse salariale de 10,3 % sur cinq ans pour les personnes employées par le secteur public, et plus d’un montant forfaitaire de 1 000 $ par personne à la signature. Pour les syndicats, il s’agissait d’une option dérisoire considérant qu’il s’agit d’une hausse inférieure à celle de l’inflation, en plus d’offrir un réinvestissement trop timide dans les ressources nécessaires dans les divers secteurs.  

Tous les analystes n’étaient cependant pas d’accord avec cette affirmation. « Avant les grèves, le Front commun a un devoir moral de négocier », avance Mario Dumont. « Si l’on se base sur les chiffres, l’offre du gouvernement à ses employés est loin d’être une insulte », soutient-il. « On ne nage plus dans les surplus. La mise à jour économique du ministre des Finances marque un retour à la dure réalité. L’économie ralentit et les rentrées de fonds au gouvernement aussi, » justifie ce dernier.  

Une chose est certaine : malgré les points de vue et les intérêts divergents, le Front commun et le gouvernement devront trouver un terrain d’entente. Il ne reste plus qu’à voir quand ce dernier sera accessible.  


Source: Facebook CSQ

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