Par Alexandre Ménard
Les dirigeants du G20 se sont réunis à Bali, en Indonésie, au milieu de situations telles que la guerre en Ukraine, le ralentissement de l’économie chinoise, l’intensification des tensions sino-américaines à propos de Taïwan et une forte augmentation du coût de la vie dans le monde.
La tension est devenue palpable lorsque le temps est venu pour les dirigeants présents au G20 de poser pour le fameux « portrait de famille ». Selon ce que relève The Guardian, aucun dirigeant n’a accepté de prendre la photo en raison de la présence du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Malgré des prémices peu rassurantes, les dirigeants des 20 plus grosses économies du monde ont établi un programme ambitieux. Les chefs d’État et de gouvernement sont prêts à discuter de questions touchant à l’environnement, à la santé, à la sécurité et au développement.
Les pays du G20 lancent un fonds pour de futures pandémies
Le G20 a levé 1,4 milliard de dollars pour un fonds mondial de lutte contre la pandémie afin d’éviter une résurgence de COVID-19. On rappelle que celle-ci a tué plus de 6,6 millions de personnes et a paralysé le monde. Selon les informations du journal suisse The Times, ces fonds ont pu être amassés, entre autres, grâce à l’engagement de plus de 20 pays donateurs, la Fondation Bill & Mélinda Gates ainsi que la Fondation Rockefeller.
La Banque mondiale va gérer le fonds pour aider les pays à faible revenu et agira à titre d’intermédiaire pour prévenir et répondre à d’éventuelles pandémies. D’autres promesses sont attendues. Toujours selon le quotidien The Times, Sri Mulyani Indrawati, ministre indonésien des Finances et président du sommet du G20 de cette année, mentionne que « le montant accumulé jusqu’à présent n’est qu’un chiffre de départ ». Ce dernier a également mentionné qu’« avec un besoin estimé à 31 milliards de dollars, ce ne sera pas le seul outil lié à la préparation du système de santé. »
Les pays du G20 ont d’ailleurs commencé à travailler sur le fonds l’année dernière sous la présidence italienne. Les pays luttaient pour trouver suffisamment d’argent pour combattre la pandémie avec un montant à pallier de 16 milliards de dollars selon l’Organisation mondiale de la santé. Trois ans après la pandémie de COVID-19, la plus grande économie d’Asie du Sud-Est fait pression pour un accès égal aux infrastructures de santé mondiales. Cela en fait une priorité lors de la réunion du G20 de cette année. Il s’agit notamment de faire en sorte que les pays coordonnent les protocoles de santé et allouent des effectifs de recherche et de fabrication de produits médicaux.
Discussion tendue entre Justin Trudeau et Xi Jinping
Dans une vidéo enregistrée par les médias lors du sommet du G20, un Xi Jinping cachant difficilement sa frustration a écarté le premier ministre canadien Justin Trudeau. Il a déclaré qu’il était inapproprié de révéler les détails de leur conversation précédente aux médias. Selon La Presse, le dirigeant chinois a exprimé son mécontentement à Trudeau par l’intermédiaire d’un interprète chinois : « tout ce dont nous avons discuté a été divulgué aux journaux, ce qui est inapproprié ». Selon les informations de Louis Blouin de Radio-Canada, lors de conversations antérieures en marge du sommet, le premier ministre canadien avait dit à ses homologues chinois qu’il avait de sérieuses inquiétudes concernant les activités d’intervention de plus en plus agressives de la Chine.
Selon La Presse, Justin Trudeau aurait mentionné, en interrompant l’interprète servant d’intermédiaire entre les deux dirigeants, qu’« au Canada, nous croyons au dialogue libre et ouvert et franc, et c’est ce que nous continuerons à avoir ». Le dirigeant a conclu ce sermon de la part du président chinois en mentionnant que « nous continuerons à chercher à travailler ensemble de manière constructive, mais il y aura des choses sur lesquelles nous serons en désaccord ». Visiblement frustré de la réponse de chef du gouvernement canadien, Xi Jinping mentionne en terminant que les deux doivent créer les conditions d’abord. Les deux hommes ont terminé leur conversation en se serrant la main et en partant dans des directions opposées. Le premier ministre canadien avait l’air désorienté à la suite de cette rencontre.
Cet échange inconfortable et froid fait suite aux avertissements répétés de M. Trudeau et d’autres responsables canadiens selon lesquels la Chine avait tenté de saper la démocratie canadienne. Les responsables des services de renseignement canadiens ont informé les parlementaires, en janvier dernier, que la Chine avait possiblement interféré dans les élections fédérales de 2019. Les médias ont affirmé plus tôt ce mois-ci que Pékin avait financé un réseau clandestin de personnes candidates. Pour ne rien arranger, le lundi 14 novembre, la Gendarmerie royale du Canada a arrêté un chercheur travaillant chez Hydro-Québec pour espionnage. Il a prétendument envoyé des secrets commerciaux à la Chine. Ce chercheur a été formellement accusé puis remis en liberté dans l’attente de son procès.
Après la première conversation, l’équipe de Trudeau a déclaré que lui et Xi ont également discuté de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de la Corée du Nord et de l’importance de la conférence sur la biodiversité COP15 en décembre.
Somme toute, le G20 de cette année a permis de constater à quel point les relations sont tendues entre les pays. Cependant, ces derniers arrivent à s’entendre sur certains points importants.
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