Un ex-nazi ovationné à la Chambre des communes 

Par Alexandre Ménard 

La première visite du président ukrainien au Canada depuis l’invasion russe aurait dû être sans embuche, tant pour Volodymir Zelensky que pour le chef du gouvernement canadien Justin Trudeau. Finalement, malgré un début de voyage qui laissait présager un fort succès, un revirement de situation majeur a bousculé le tout. 

À son arrivée au Parlement, le président Volodymir Zelensky a été chaleureusement accueilli par un tonnerre d’applaudissements. Le problème est cependant qu’une autre personne a été largement applaudie durant cette visite. En effet, présenté comme un ancien combattant s’étant battu pour l’indépendance ukrainienne, Yaroslav Hunka, 98 ans, a été ovationné par les élus canadiens. Ce « héros », selon les termes d’Anthony Rota, est en fait un vétéran de la Seconde Guerre mondiale ayant combattu pour l’Allemagne nazie au sein de la 14e division SS, tel que révélé plus tard par plusieurs associations juives. 

Sous pression, Anthony Rota démissionne 

Depuis décembre 2019, Anthony Rota assumait la charge de président de la Chambre des communes du Canada. Relativement peu connu, ce dernier siège à la Chambre des communes depuis près de 8 ans et est le député de la circonscription Nipissing-Timiskaming, en Ontario. Le 25 septembre, soit trois jours après l’incident, ce dernier, vêtu de sa toge de président de la Chambre des communes, s’est adressé aux autres élus. Visiblement honteux, M. Rota s’est exprimé devant les parlementaires pour se repentir.  

L’élu a mentionné avoir été inconscient du bagage nazi de M. Hunka au moment de l’ovation : « Dans le cadre de mon allocation à la suite du discours du président ukrainien, j’ai souligné la présence d’une personne. J’ai ensuite pris conscience davantage d’informations qui m’ont causé de regretter ma décision de reconnaître cette personne ». 

« Je souhaite présenter mes excuses à la Chambre et je suis profondément désolé d’avoir offusqué bon nombre de personnes avec mon geste et mes remarques », a-t-il ajouté. « J’aimerais aussi ajouter que cette initiative était tout à fait la mienne et que la personne en question habite dans ma circonscription. » 

Une opposition frustrée 

Ses excuses, bien qu’honnêtes, ont été insuffisantes pour plusieurs parlementaires. Le Bloc québécois, par l’entremise d’Alain Therrien, a demandé « au président de quitter ». Le Nouveau parti démocratique (NPD) a également appelé à la démission du président évoquant que « la réputation de la Chambre est depuis fortement ébranlée ».  

De leur côté, les conservateurs ont plutôt opté pour critiquer le gouvernement. Selon eux, le caucus libéral devait être forcément au courant de la venue de M. Hunka, jugeant ainsi inacceptable que le gouvernement rejette toute la faute sur le président de la Chambre sans prendre une partie du blâme.  

De son côté, le premier ministre Trudeau a mentionné très brièvement « qu’il va sans dire [que cette situation] est profondément gênant[e] pour le Parlement du Canada et par extension pour tous les Canadiens ». Face à cette pression, c’est finalement le lendemain, le 26 septembre, que M. Rota s’est présenté pour une dernière fois en tant que président de cette institution, afin de notifier l’assemblée partiellement remplie de sa démission.  


Source: Facebook Anthony Rota

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