Par Marie-Jeanne Eid et Aude Morasse-Ouellet
Le mardi 15 octobre dernier a eu lieu une séance du Conseil municipal de Sherbrooke où le projet pilote de déneigement des pistes cyclables a été écourté. Initialement prévu sur deux ans, le projet était soumis, de nouveau, au vote du Conseil municipal, après un an de déploiement.
Une fébrilité omniprésente surplombait la pièce. Si l’ordre du jour faisait plus de quatre pages, un enjeu était au centre des débats : le projet pilote de déneigement des pistes cyclables en hiver.
Une grande communauté de cyclistes s’était agglomérée dans le public, prête à défendre le vélo d’hiver. À tour de rôle, les cyclistes ont été appelés au micro pour faire part de leur inquiétude : voir cette initiative être démantelée malgré plus de 58 000 passages sur les neuf kilomètres déneigés l’hiver dernier.
Les arguments étaient aussi rationnels qu’imagés. Bénéfices pour la santé, réduction des émissions de gaz à effet de serre, mobilité des jeunes et des personnes en situation de handicap… autant de raisons qui faisaient paraitre le vélo d’hiver telle une évidence.
« Enfant, on me disait toujours qu’avant de rejeter un aliment qu’on goutait pour la première fois, il fallait le gouter trois fois », a lancé une citoyenne, faisant un parallèle avec cette première année de mise en place du projet pilote.
Une question de priorités
Après une prise de position favorable de la conseillère du district de Laroche, l’espoir citoyen s’est rapidement détricoté. C’est l’intervention de la conseillère du district de Sainte-Élie, Christelle Lefevre, qui a ouvert le bal. Convaincue de la pertinence du projet, elle a pourtant défendu qu’il était impossible pour elle de se positionner en faveur de ce projet qui ne touchait pas son district, plus éloigné, où les routes sont déjà difficilement déneigées. Elle a donc enregistré la première dissidence de la soirée.
Les arguments des conseillers et des conseillères ont ensuite déboulé en ce sens : plaintes citoyennes, enjeux budgétaires, et priorisation du déneigement de certaines routes par rapport aux pistes cyclables ont été au centre des arguments. « C’est un projet qui a fâché la population », a lancé Annie Godbout, conseillère du district de Rock Forest.
Bien que certaines prises de parole en faveur du projet aient été remarquées, comme celle de Laure Letarte-Lavoie, qui a suscité les applaudissements citoyens, c’est sans doute l’accumulation des dissidences qui a été le clou du spectacle.
Après plus d’une trentaine de minutes de délibérations, une majorité de huit dissidences a été enregistrée. Le coup de marteau donné par le président a alors sonné l’arrêt de mort du projet pilote, et ont, par le fait même, balayé tous les cyclistes déçus hors de la salle.
Cette conclusion quelque peu décevante pour les adeptes du vélo d’hiver laisse un goût amer quant à l’efficacité de la participation citoyenne au municipal.
Alors que l’on se plait à y voir un mécanisme de démocratie participative, nous avons plutôt assisté, en ce mardi soir, à une démonstration des limites de celle-ci.
Source: PxHere