Par Meg-Anne Lachance
La justice thaïlandaise a destitué mercredi le premier ministre Srettha Thavisin. Ce dernier est accusé d’avoir violé les règles d’éthiques de la Constitution du pays. Sa destitution arrive moins d’un an après son arrivée à la tête du gouvernement.
La Cour a parlé et le premier ministre thaïlandais devra quitter. Cinq juges sur neuf ont voté pour la fin du mandat de Srettha, a annoncé le juge Punya Udchachon mercredi.
Lors de la lecture de la décision, ce dernier explique que le dirigeant n’a pas « montré d’honnêteté » lors de la nomination d’un de ses ministres.
La Cour a également annoncé la fin des fonctions de tous les membres du gouvernement Thavisin.
« Je respecte la décision. Je répète que, pendant presque un an à ce poste, j’ai fait de mon mieux pour diriger le pays avec honnêteté », a dit M. Thavisin aux journalistes, depuis le siège du gouvernement à Bangkok.
Srettha Thavisin faisait face à des accusations de violation de règles d’éthique, après avoir nommé le ministre Pichit Chuenban, condamné en 2008 à six mois de prison pour corruption.
Selon la Constitution de 2017, un ministre doit avoir une « intégrité évidente » et une attitude qui ne soit pas contraire à « des standards éthiques ».
Malgré le départ de M. Pichit du gouvernement, la Cour constitutionnelle avait accepté de se pencher sur la plainte d’enfreinte de règle d’éthique déposée par 40 sénateurs pro-armée.
Vers une nouvelle crise politique ?
Le futur du pays reste incertain. Alors que le royaume est en pleine stagnation économique, la destitution du premier ministre semble de trop.
« La politique thaïlandaise est une vraie pagaille. La Thaïlande va subir une perte de confiance de la part des investisseurs étrangers », a déclaré à l’AFP Puangthong Pawakapan, professeure à l’université Chulalongkorn de Bangkok.
Le pays a déjà une longue histoire d’interventions militaires ou judiciaires dans son système politique.
La semaine dernière, la Cour constitutionnelle a dissous le principal parti d’opposition et banni son leader Pita Limjaroenrat pour avoir « déstabilisé la monarchie ». Cette décision a fortement été contestée par les Nations Unies et différents groupes de défense des droits humains.
Pour certains, les dernières accusations sont l’écho des tensions de 2000 et 2010 entre le milliardaire Thaksin Shinawatra et les élites conservatrices, qui suivent le roi et l’armée.
Les deux camps avaient cependant mis leurs dissidences de côté, pour former une coalition avec M. Srettha comme chef du gouvernement. Issu du parti Pheu Thai contrôlé par la famille Shinawatra, ce dernier a été maintenu sur un siège éjectable tout le long de ses fonctions. M. Pichit est également proche des Shinawatra.
Le whip, chargé de la discipline au sein de la coalition, Wisut Chainarun a assuré à l’AFP qu’une réunion entre les différents partis du gouvernement est prévue. « Nous espérons voter le plus rapidement possible, en espérant que cela soit fait vendredi ».
Bien que plusieurs noms circulent, aucune personne n’a été désignée comme candidate claire et officielle pour le poste de premier ministre.
Crédits: Apichart Khunnawatbandit
Meg-Anne Lachance
Étudiante en politique, Meg-Anne a toujours été intéressée par les enjeux internationaux, sociaux et environnementaux. Après avoir occupé le rôle de journaliste aux Jeux de la science politique, elle a eu la piqûre des communications. Guidées par un sentiment d’équité, elle s’efforce de donner une visibilité aux actualités oubliées. Féministe dans l’âme, vous pourrez certainement retrouver cette valeur dans certains de ses textes!