Par Aude Morasse-Ouellet
Le Centre de services scolaire de Montréal a annoncé la suspension de 11 enseignantes et enseignants de l’école Bedford, le 19 octobre dernier. Ces membres du personnel auraient, par intimidation, instauré un « climat toxique » au sein de l’école. Ces révélations font suite aux inquiétudes relevées par des parents, sur la santé et la sécurité de leurs enfants.
C’est un récent rapport d’enquête du ministère de l’Éducation qui a révélé, le 11 octobre dernier, des lacunes importantes dans le programme scolaire, et une atmosphère malsaine propagée par un groupe d’enseignantes et d’enseignants depuis près de sept ans.
Les travaux d’enquête liés à ce rapport avaient été commandés en 2023 après la diffusion sur les ondes du 98.5 FM d’un reportage de la journaliste Valérie Leboeuf sur le climat malsain à l’école Bedford.
Les 18 témoignages recueillis faisaient craindre à la santé notamment psychologique des enfants, qui auraient entre autres été embarrés dans des classes sans lumière. Le reportage révélait aussi le refus de fournir l’accompagnement nécessaire à des élèves en difficulté d’apprentissage et des tensions interculturelles problématiques au sein de l’école.
Les conclusions d’un rapport récemment publié ont confirmé ce qui avait été identifié dans ce reportage. Un « clan dominant » aurait effectivement fait preuve de violence envers des élèves, nié des besoins particuliers, en affirmant que ceux-ci n’étaient que des « caprices », et omis d’enseigner certaines matières. On y comprend la culture religieuse, les sciences et l’éducation à la sexualité.
À la suite de ce rapport, le centre de services scolaire a pris la décision de suspendre les 11 membres du personnel concerné.
Effet de bombe
En réponse à ce rapport dévastateur, le ministre de l’Éducation M. Bernard Drainville, a ordonné la tenue d’un comité d’enquête sur les 11 membres du personnel. Les avis de ce comité d’enquête ont révélé que les individus concernés auraient également failli au respect de la loi sur la laïcité, en introduisant des « concepts religieux islamistes » dans le cursus scolaire. Cette révélation a été suivie d’une annonce de la suspension des brevets d’enseignement des 11 individus.
Bien que ce « clan dominant » était majoritairement composé d’individus d’origine maghrébine, il est important de noter que d’autres personnes de même origine faisaient partie du clan qui s’opposait à ce groupe.
Cette révélation a eu l’effet d’une bombe dans la classe politique québécoise, où les débats sur la laïcité s’enflamment depuis. Alors que François Legault a mandaté ses ministres d’amorcer une réflexion sur un renforcement du contrôle de la laïcité dans les écoles publiques, plusieurs observateurs et membres de l’opposition soulèvent l’échec du gouvernement à garantir la laïcité.
« Ce qui est garant d’une laïcité des institutions publiques au Québec, ce qui est garant d’une véritable laïcité de l’éducation nationale, ce n’est pas ce que les gens ont sur la tête, c’est ce que les gens ont dans la tête », a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire (QS).
Depuis, les révélations choquantes sur l’École Bedford ne cessent d’enflammer les débats sur le financement des écoles privées à vocation religieuse. Malgré un consensus caquiste pour le renforcement de la laïcité en milieu scolaire, le gouvernement ne semble pour l’instant pas avoir de réponse à cette question.
Source: LittleT889 Wikimedia Commons