Santé mentale en politique : vers la fin d’un tabou? 

Par Salomé Leuliette-Duchesne  

Fin octobre 2023, il était annoncé en conférence de presse que la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, se mettait en congé de ses fonctions de mairesse suivant l’avis de son médecin. Son remplacement temporaire est assuré par Raïs Kibonge, conseillé du Lac des Nations et maire suppléant.  

Ce n’est pas la première élue à prendre une décision de ce genre dans les dernières années. C’est aussi le signe d’un changement profond dans le monde politique en général et à l’échelon municipal. Ainsi, les enjeux de santé mentale ne seraient-ils plus un tabou? 

Une annonce soudaine, une organisation adaptée 

Lors de la conférence de presse à l’hôtel de ville du 30 octobre dernier, Éric Sévigny, directeur général de la ville de Sherbrooke, annonçait que la mairesse Beaudin se retirait de ses fonctions pour une durée indéterminée. Eric Sévigny commençait son intervention par la lecture d’une lettre écrite par la mairesse, dans laquelle elle remerciait les personnes citoyennes.  

« Je ne peux ni ne souhaite nommer une cause en particulier de la situation. Être votre mairesse est à la fois la chose la plus extraordinaire et la plus difficile qui est arrivée dans ma vie », mentionne la mairesse Beaudin dans sa lettre, lue en conférence de presse. 

C’est Laure Letarte Lavoie, conseillère du district de l’Hôtel-Dieu et plus jeune des personnes élues, qui prend en charge la présidence du Conseil Exécutif. Lors de cette même conférence de presse, celle-ci a également réagi à la situation en soulignant que la mairesse n’était pas la première élue à devoir prendre de la distance. Cela pose des questions sur cet environnement de travail particulier qu’est la politique et plus spécifiquement le palier municipal. 

Charge mentale et politique municipale 

La mairesse Beaudin n’est pas la première élue sherbrookoise à prendre un congé durant son mandat. En effet, lors de la précédente mandature, le conseiller du district de Quatre Saisons, Vincent Boutin, avait également dû prendre un congé. Il défendait lui aussi que l’environnement professionnel au municipal n’était pas le plus sain et que la charge de travail ainsi que le lien direct avec les personnes citoyennes pesaient parfois lourdement au niveau émotionnel et mental. 

« Quand on fait de la politique, on ne compte pas ses heures. On est très investi, et je pense que quand on est à la mairie c’est encore pire », souligne Vincent Boutin, dans une entrevue à Ici Estrie

Ces dernières semaines, coïncidence ou libération de la parole, un autre changement en politique municipale a eu lieu dans la province. En effet, la mairesse de Chapais, en Jamésie, Isabelle Lessard, a annoncé sa démission. Non pas un retrait temporaire, celle-ci a décidé de quitter ses fonctions en raison d’une situation de santé mentale. 

La santé mentale est donc aujourd’hui un phénomène de plus en plus verbalisé en politique municipale, de plus en plus assumé par celles et ceux qui en souffrent. Une question persiste cependant : le contexte est-il aujourd’hui plus difficile, ou est-il devenu plus facile d’en parler? 


Source: Facebook Évelyne Beaudin

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