Par Pierre-Nicolas Bastida-Tousignant
Le lundi 9 octobre dernier, Le Prix de la Banque Centrale de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel, le « Nobel de l’économie », a été attribué, à la Pr Claudia Goldin pour ses travaux novateurs à propos du rôle des femmes sur le marché de l’emploi. C’est aussi la première fois, depuis la fondation du prix en 1969, que ce dernier est remis à une femme en tant que seule lauréate. Ses deux homologues féminines avant elle ont été récipiendaires en tant que membre d’un groupe de lauréats. Quelle est donc la valeur de sa contribution académique?
Pr Goldin est une économiste spécialisée en étude du marché du travail, ainsi qu’une économiste historienne. Elle est une pionnière de l’analyse de l’impact réel qu’ont les femmes sur le marché du travail, ainsi que les conditions qui incitent, motivent et briment les choix et opportunités dont les femmes font face sur le marché du travail.
De vastes recherches
Son travail prend pour sujet au départ le 19e siècle, où elle aurait constaté que la participation des femmes était plus importante qu’au siècle suivant, sur le marché du travail. Durant la période agraire qui a précédé la période industrielle du 20e siècle, la participation des femmes au sein de la force de travail s’élevait à 68 % des femmes en âge de travailler. Un fort déclin s’est matérialisé durant l’industrialisation dû en partie aux stigmas entourant ce secteur, perçu comme malpropre, et ce, jusqu’à la période de guerre. Depuis, bien qu’il y ait eu de nombreux progrès dans les procédures, les lois, les normes ainsi que dans la structure du marché du travail, des disparités sont toujours présentes.
Pr Goldin nous informe aujourd’hui que le fameux écart salarial homme-femme surviendrait majoritairement après la naissance du premier enfant. Non pas par un écart numéraire sur le talon de paie, mais plutôt dans la réparation du temps alloué au travail rémunéré. Pourtant, le Pr Goldin ne manque pas de nous rappeler : « Tant que l’on n’obtiendra pas une répartition équitable des tâches hors travail à celles des hommes, nous ne pourrons pas parler d’égalité entre les sexes ».
Bien qu’il y ait plus de diplômes universitaires chez les femmes aujourd’hui qu’autrefois, certains secteurs d’activité offrent plus de disparité dans la rémunération entre les sexes. Selon l’une de ses études, c’est dans le secteur pharmaceutique que la rémunération serait la plus équitable en termes de salaire et de conditions surtout pour les étudiantes. Cependant, on trouve toujours plusieurs emplois où la rémunération serait des plus disparate, dont spécialiste en finance, podiatre, commis de courtage, médecin et chirurgien, ainsi qu’agent de vente de valeurs mobilières.
Il y a tant à apprendre des recherches du Pr Goldin et elle mérite amplement les honneurs qui lui sont alloués. Dans son discours, cette dernière a souligné que sans ces élèves, il ne lui aurait pas été possible de pouvoir mener ses recherches. Dans sa lecture « Why Women Won », elle indique que : « Ce n’est pas parce que notre revenu n’est pas égal que nous ne sommes pas rémunérés de façon égale pour un travail égal… ».
Source: Wikimedia